2 octobre 2021
L’ex-top model des années 90 a subi, il y a quelques années, un traitement amincissant qui a été un échec cuisant et qu’elle a dénoncé publiquement sur les réseaux sociaux. Quelques explications techniques pour mieux comprendre de quoi on parle.
Mais qu’est-il arrivé à la célèbre top model des années 90 ?
Apparemment, elle aurait subi il y a 5 ans une cryolipolyse (peut-être du visage – donc du double menton – puisqu’elle dit avoir été « défigurée, mais en même temps certaines sources bien informées nous parlent du ventre … ) qui aurait mal tournée. Selon ses mots, elle l’aurait laissée « méconnaissable ». L’intervention aurait « augmenté et non réduit » ses cellules graisseuses, l’obligeant à subir deux opérations de chirurgie correctrices par la suite pour réparer la disgrâce, lesquelles se seraient aussi toutes les deux soldées par un échec (sic !).
Toute opération ratée est toujours regrettable et personne n’aimerait être à sa place. Mais il y a des choses dans cette histoire que l’on n’arrive pas très bien à comprendre … Du coup, je me suis dit que qu’un éclaircissement au sujet du traitement que Linda a reçu, n’était peut-être pas de trop.
La cryolipolyse est une technique médicale, non exempte de risques
Cette mésaventure est une bonne occasion de rappeler que tout acte médical n’est pas sans risque, ce que beaucoup de patientes ont tendance à oublier lorsqu’il s’agit d’esthétique, certaines allant même jusqu’à confier leur cryolipolyse à des instituts de beauté, ce qui est à mon avis est un brin inconscient, puisqu’on le voit ici, « bidouiller l’adipocyte » n’est pas un acte anodin.
La cryolipolyse est une technologie de destruction des cellules graisseuses par le froid qui, bien que sécurisante dans la grande majorité des cas, n’est pas exempte d’effet secondaires. Celui dont a été victime Linda Evangelista s’appelle une hyperplasie paradoxale adipeuse, une augmentation du nombre de cellules graisseuses consécutif au traitement.
Ce genre de réaction est dite « paradoxale » car elle est contraire au résultat attendu. On connaît aussi les repousses paradoxales suite à une épilation électrique ou laser (on se retrouve alors avec plus de poils qu’avant l’épilation, à proximité de la zone traitée. Re-glups ).Concernant la cryolipolyse, cela survient dans les six mois suivants le traitement. Cet effet secondaire est rare mais hélas complètement imprévisible.
« L’étude canadienne la plus pertinente avance une incidence d’1 cas sur 2000. On ne connaît pas encore les raisons de cette augmentation graisseuse mais on a remarqué que les patients hispaniques y étaient plus sujets que les autres et que les cas étaient a priori moins nombreux avec les machines de dernière génération », indique le Dr Jean-Michel Mazer, un dermatologue équipé de la technologie depuis son lancement, il y a plus de dix ans et qui ne fait état que de 2 cas d’hyperplasie paradoxale depuis lors.
Linda Evangelista a été traitée overseas, il y a cinq ans. Depuis, les équipements ont bien progressé. Il faut quand même le souligner. Lire ici : Cryolipolyse : quel bilan après 10 ans ? Les zones du corps qui répondent le mieux, les meilleures machines, etc.
Avant toute cryolipolyse, vous signez un consentement éclairé
Comme avant toute acte médical, le médecin vous remet un consentement éclairé, document qui indique tous les risques inhérents à l’opération que vous allez subir. Votre signature apposée en bas du document indique que vous avez été informé(e) des risques, que vous les avez compris et acceptés. Ça se passe comme ça en France et a priori dans tous les autres pays du monde aussi. Linda Evangelista dit qu’elle n’a pas été alertée. Si le médecin n’a pas fait son boulot, dans ce cas sa responsabilité est engagée. Et on imagine bien qu’elle a dû le poursuivre.
Les désagréments consécutifs à une hyperplasie paradoxale se traitent
Un développement anarchique des cellules graisseuses peut faire craindre le pire. Néanmoins, le phénomène est limité. On ne se retrouve pas du jour au lendemain avec un quadruple double menton ! « On estime à environ 20 % l’augmentation de la masse graisseuse après cet évènement indésirable. Et bien évidemment, l’épaississement est circonscrit à la zone traitée. En revanche, ce qui est très étonnant, c’est qu’il peut apparaître chez un même patient, sur une région du corps et pas sur d’autres, ce qu’on ne s’explique pas très bien encore. Quoiqu’il en soit, lorsqu’un tel problème se pose, les médecins sont tenus d’en faire la déclaration auprès du laboratoire fournisseur de l’équipement. C’est la règle pour toutes les machines possédant un agrément médical, comme Coolsculpting, ce qui permet de recenser très précisément tous les effets secondaires » indique Jean-Michel Mazer. A noter : les machines sans CE medical, comme celles des esthéticiennes notamment, échappent à tout contrôle, ce qui est à la fois très pratique pour ceux qui les possèdent et en même temps pas très rassurant pour le client.
Les « victimes » d’hyperplasie ont alors la possibilité, pour réparer les dégâts, de se tourner vers la liposuccion (intervention chirurgicale censée être, elle, définitive à poids stable). Ce qu’a fait l’ex-top model. Ce qu’on ne s’explique pas, c’est pourquoi elle a subi deux liposuccions (a t-elle eu besoin d’une retouche ?) et encore moins pourquoi les deux sont des échecs. « En une intervention, normalement le problème est réglé. La graisse est sous-cutanée, donc facilement accessible à la canule d’aspiration. Ce n’est pas un geste qui pose de grandes difficultés techniques », confirme le Dr Robin Mookherjee, chirurgien plasticien.
Linda Evangelista aurait réclamé 50 millions de dollars au laboratoire Allergan à titre de dédommagement, arguant que la disgrâce l’empêche d’effectuer son travail. Les podiums sont loin mais on comprend bien la détresse d’une femme qui a compté parmi les plus belles du monde.
Affaire à suivre …
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