29 octobre 2022 – Mise à jour le 9 septembre 2023
De plus en plus de produits cosmétiques se revendiquent « no gender », autrement dit pour homme ni pour femme mais pour tout le monde ! Généreuse idée mais cela fait-il sens d’un point de vue dermato ?
La peau a-t-elle un genre ?
La réponse à cette question, pour un dermatologue, est sans équivoque : « Oui, elle a un genre puisqu’elle est sous la dépendance des hormones sexuelles, féminines ou masculines. Il y a donc de multiples différences sur les plans structurel, immunitaire, sensitif … Il faut savoir que d’une façon générale, les femmes sont plus avantagées que les hommes » indique le Dr François Michel.
L’homme par exemple a la peau plus épaisse. Elle produit plus de sébum, ses pores sont plus dilatés. Sa transpiration est plus importante. Ses muscles étant plus puissants, ses rides d’expression sont plus profondes. Sa peau contient plus de mélanine, donc paraît plus sombre et l’impression est renforcée par la présence des poils. A âge égal, l’homme paraît donc plus vieux. Quelques avantages tout de même : la peau du mâle est moins sensible à la douleur et aux températures extrêmes.
De leur côté, les femmes, elles, ont la peau plus lisse, plus douce, les pores moins dilatés. Elles cicatrisent mieux …(entre autre).
« Nier ces différences va donc à l’encontre de la bonne prise en charge de la peau. Ce n’est rendre service à personne que de promouvoir ces formules cosmétiques non genrées » explique le dermatologue. « D’ailleurs, je traite aussi très différemment mes patients femmes ou hommes pour les actes de médecine esthétique. Par exemple, les doses de Botox et d’acide hyaluronique injectées chez l’homme sont toujours supérieures et il faut se montrer un peu plus agressif aussi lorsqu’on utilise un laser » poursuit le spécialiste.
La cosmétique « no gender » est-elle efficace ?
Cette cosmétique s’adresse préférentiellement à une cible jeune. La peau est donc a priori encore peu abîmée. Néanmoins, tous les épidermes, même à jeune âge, peuvent présenter des particularités, être plus ou moins sensibles, plus ou moins grassouilles. Il n’y a guère qu’à l’adolescence que le féminin et le masculin se rencontrent autour d’une même problématique : l’acné.
« Dans la mesure où ces soins ne tiennent compte ni des spécificités de la peau des femmes ni de celles de la peau des hommes, ces formules cosmétiques sont d’une grande banalité et n’apportent pas grand chose à la peau, quand bien même on y glisserait des facteurs de protection du microbiome ou de la pollution comme c’est très à la mode en ce moment. Pour moi, il ne s’agit pas de véritables produits de soin. Si l’on veut avoir une action sur la peau, alors il est indispensable de savoir à quelle cible on s’adresse, ce qui permet ensuite de sélectionner les actifs appropriés » explique Lionel de Benetti.
La question du genre d’un point de vue cosmétique ne fait donc pas débat pour les spécialistes. D’autant qu’on l’a vu, une peau d’homme est plus épaisse et plus grasse. Côté texture, il est donc important que les produits masculins soient plus fluides (autrement bonjour la peau luisante à 3 km !), mais aussi pro-pénétrants, pour entraîner plus facilement les principes actifs à l’intérieur de la peau, ce qui implique de sélectionner des substances ayant une très bonne affinité pour le ciment intercellulaire, pour qu’elles se faufilent facilement entre les cellules. « La perméabilité cutanée étant très liée aussi à l’hydratation de la peau, on utilise également dans les produits pour hommes des molécules ayant le pouvoir d’hydrater instantanément la surface, comme l’acide hyaluronique, afin qu’il dilate les cellules et ouvre des voies des passage aux autres actifs de la formule » détaille Lionel de Benetti.
Voilà voilà. Un petit point qui méritait d’être fait ! Si vous décidez d’acheter ces cosmétiques no gender, vous savez donc à quoi vous en tenir. A moins d’avoir entre 20 et 25 ans et une peau parfaite, point de salut !
L’expert
Dr François Michel & Lionel de Benetti
Laisser un commentaire