2 octobre 2025
Le bien-être hormonal, c’est le nouveau terrain de jeu des marques de compléments alimentaires. Des nouveaux produits sortent chaque jour, vantés sur les réseaux par des influenceuses « spécialistes ». Mais qu’est-ce que ça vaut exactement ?
« C’est terrible à dire mais aujourd’hui, les réseaux sociaux et forums spécialisés sont les premières sources d’information, après un premier diagnostic médical, pour 75% des patients, soit loin devant les professionnels de santé ! » nous apprend Emelyne Heluin, Vice-Présidente de l’Association SOPK (Syndrome des Ovaires Polykystiques) Europe. Du coup, quand on a un petit problème gynéco ou endocrino à gérer, on n’est pas toujours très, très bien conseillé (c’est peu de le dire …). Et parmi les solutions que nous vantent en premier lieu les influenceuses, il y a bien sûr les compléments alimentaires. LE nouveau remède à tout. Ça a commencé avec le collagène pour les rides, et ça continue avec toutes sortes de produits miraculeux censés vous guérir de tous les maux, jusqu’à ceux du bas. Donc, à toutes les étapes de la vie l’hormonale d’une femme, son petit complément qui va tout régler, tout soulager. C’est oublier que le supplément nutritionnel N’EST PAS un médicament et qu’il ne peut donc ni traiter ni guérir. Mais à lire les notices de certains produits, on n’est pourtant très proche du miracle ! Voici donc un sujet qui fait le point sur les produits classiquement proposés dans le commerce. Parfois, ça sert tout de même à quelque chose !
Equilibre hormonal
Si vous n’avez pas de problème hormonal ou gynécologique particulier, inutile de recourir à ce genre de compléments. L’équilibre, a priori, vous l’avez. C’est donc parfaitement inutile.
Règles douloureuses, syndrome prémenstruel
Si vos règles sont douloureuses au point de ne pas pouvoir aller bosser, ce n’est pas normal ! Donc, si le phénomène est récurrent, il faut vraiment consulter. Des symptômes de ce type peuvent faire évoquer une endométriose. Et s’ils s’accompagnent de règles abondantes, un fibrome ou des polypes.
Le traitement du SPM repose classiquement sur les anti-inflammatoires, qui sont très efficaces. Franchement, il serait dommage de vous en priver. Maintenant, si vous ne souhaitez pas prendre de médicaments, vous pouvez essayer les compléments alimentaires. Ils renferment des plantes médicinales comme le gattilier, l’alchemille millefeuille, le gingko bilobé ou mélisse, bien connues de nos mères-grands. Mais attention, ils ne présentent pas des évaluations aussi solides que le médicament ! Méfiance surtout si vous avez un antécédent de cancer du sein, le gattilier pouvant renfermer des phytoœstrogènes à l’action hormonale indésirable. Une autre solution simple, à laquelle on ne pense pas soulager ses douleurs, c’est l’électrostimulation avec un appareil TENS. Super-efficace, selon le Samuel Dr Salama, gynécologue-obstétricien à l’Hôpital Américain de Paris.
Ménopause, pré-ménopause
Autant le dire tout de suite, aucune étude solide ne valide l’efficacité des compléments alimentaires dans cette indication. Toutefois, au regard des formules, la prise ne semble pas très risquée. « Ça se teste. J’ai, en consultation certaines patientes qui sont clairement améliorées avec ces produits. Et puis, il ne faut pas oublier que certaines d’entre-elles ont des contre-indications aux traitements hormonaux. Donc, quand bien même l’effet serait placebo … », rapporte Dr Salama. Vérifiez tout de même leur composition pour vous assurer qu’ils ne renferment pas de phytoœstrogènes (type isovaflones de soja), des plantes aux possibles effets hormonaux qui ne sont pas contrôlés. Les meilleures solutions pour atténuer les effets de la ménopause, on les connaît déjà : une bonne hygiène de vie (alimentation, activité physique, qualité du sommeil, pause tabac et alcool, etc) et la prise du traitement hormonal de la ménopause (THM). Certaines d’entre-vous sont opposées à ce dernier. Néanmoins, on rappelle que les doutes soulevés (il y a 20 ans ! ) concernant un potentiel risque d’augmentation du cancer de sein sont aujourd’hui parfaitement levés. Lire ici: https://gemvi.org/wp-content/uploads/2022/06/fiche-info-patiente-menopause-THM.pdf En dehors de contre-indications absolues comme un antécédent de cancer du sein, il y a donc plutôt pas mal de bénéfices à suivre ce genre de traitement, qui possède en outre un effet protecteur au niveau cardiovasculaire. A noter pour celles qui n’ont pas droit au THM : il existe aujourd’hui un traitement spécifique contre les bouffées de chaleur (Veoza).
Inconforts intimes
La baisse de la production d’œstrogènes à la ménopause, les traitements anti-hormonaux, certaines radio et chimiothérapies, le post-partum, la pilule minidosée, certaines pathologies vulvaires comme le lichen, etc., sont autant de situations qi peuvent générer un syndrome d’ « atrophie vulvo-vaginale », lequel se manifeste par une sécheresse vaginale, des irritations, des douleurs pendant les rapports, des mycoses à répétition,… (la liste est longue). Ces signes peuvent être améliorés par la prise d’un traitement hormonal substitutif ou, pour celles qui n’y ont pas droit, par divers traitements locaux : ovules, crèmes, et maintenant aussi des injections d’acide hyaluronique, ou du laser et de la radiofréquence pour restaurer l’intégrité de la muqueuse vaginale.
Ces maux d’en bas s’accompagnent aussi souvent d’un déséquilibre de la flore vaginale. Mais rien de systématique non plus. Donc, la logique veut, avant de se bourrer de compléments alimentaires spécifiques (généralement des probiotiques), de faire réaliser un prélèvement vaginal. Si le déséquilibre est avéré, alors ils seront utiles pour soutenir la flore déficiente. Sinon, même s’ils sont sans dangers, aucun intérêt à les prendre !
Grossesse, fertilité
Pour soutenir votre projet de conception, une bonne hygiène de vie est clef ! Concernant les compléments alimentaires, les seuls actuellement validés par les autorités sanitaires sont l’acide folique (vitamine B9, 400 mg/j, à prendre 1 mois avant la conception et durant le premier trimestre de grossesse) pour prévenir les risques de malformations graves du fœtus au niveau de la colonne vertébrale, du cerveau et du crâne ; la vitamine D, utile à la santé osseuse du fœtus, et préconisée aux femmes en situation de carence avérée ; le fer en cas d’anémie. Surtout, ne prenez pas d’autres produits durant votre grossesse sans en avoir informé votre médecin. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaires (Anses) met sérieusement en garde contre la multiplication des sources de vitamines et minéraux en l’absence de besoins clairement établis.
Endométriose
De l’avis des autorités sanitaires, il n’y a pas encore de preuves scientifiques suffisantes pour recommander des compléments alimentaires spécifiques dans le cadre de cette maladie gynécologique. Et les produits à base de complexes d’oligo-éléments (calcium, magnésium, zinc, etc…) vendus pour soulager les douleurs ne sont pas conformes à la réglementation. « Bien que ces produits soient a priori sans danger, la prise en charge doit avant tout être médicale, basée sur des traitements hormonaux et antalgiques. Et bien avant le complément alimentaire, il faut reconsidérer la question de l’alimentation, qui peut être adaptée » indique Samuel Salama. Autrement dit, privilégier les aliments anti-inflammatoires, type fruits et légumes variés, poissons gras, graines, etc.
Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Les autorités sanitaires reconnaissent l’intérêt d’une molécule chimique, le myo-inositol, très prisée dans les compléments aliments de cette maladie gynéco-endocrinienne. C’est d’ailleurs la seule à posséder des études cliniques solides. Hip, hip, hip !
Elles montrent que le myo-inositol améliore la sensibilité à l’insuline, régule la testostérone responsable des signes d’hyperandrogénie (acné, forte pilosité, etc) ainsi que le cycle menstruel, et qu’elle est de surcroît bien tolérée. Toutefois des études complémentaires manquent encore pour affiner les recommandations, concernant notamment le dosage. La molécule s’avère surtout intéressant pour les patientes qui ne veulent pas prendre la pilule, un axe clef du traitement dans le SOPK. « Donc, on prescrit les compléments alimentaires dans le cadre d’une prise en charge médicale globale, incluant des mesures hygiéno-diététiques également » indique le Dr Salama. Assurez-vous toutefois que le myo-inostiol en question soit bien présent dans les formules que vous achetez (ce n’est pas toujours le cas !). Quelques noms de préparations fiables conseillées par l’Association SOPK Europe : Gynositol, Zytolia, Gyn’OPK, Sova, …

L’expert
Dr Samuel Salama
Laisser un commentaire