27 avril 2024 – Mise à jour le 20 octobre 2024
Cette recommandation officielle que tout le monde reprend en cœur est t-elle bien fondée ? Eh bien, figurez-vous que non ! Le point avec une spécialiste du rein.
Toute l’année, et particulièrement à l’approche de l’été, de nombreuses femmes se trimballent avec des litres d’eau sous le bras. Parce qu’on a toujours entendu dire que c’était « la » chose à faire pour mieux éliminer notamment. Alors, comme on est toutes sur le Body Summer en ce moment, je suis allée demander à une Professeure en Néphrologie, Corinne Isnard Bagnis, si ce petit conseil était bien fondé. Personnellement, je suis incapable de boire cette quantité de flotte là. J’ai juste l’impression de me noyer. Et je suis saoulée qu’on me répète à chaque consultation : « Buvez-vous assez ? ».
Boire beaucoup, c’est vraiment mieux pour la santé ?
Eh bien, la réponse est : « Non, il n’y a pas un volume prédéterminé d’eau à ingurgiter chaque jour ». Donc, vous pouvez arrêter de jouer les vaches de trait. « L’idée, c’est simplement de boire quand on a soif » répond le Pr Isnard Bagnis. Un signal physiologique hyper-puissant, auquel il est difficile de résister, et qui nous met à l’abri de la déshydratation. La soif est guidée par la quantité de nourriture ingurgitée au cours de la journée, notamment de sel. Et plus on mange salé et plus elle est aigüe, of course.
Il n’y a que les personnes âgées qu’il faut inciter à boire un peu plus, parce qu’elles ne perçoivent plus très bien la sensation de soif. Et quoique. Point trop n’en faut car on peut aussi les mettre en danger avec une consommation excessive d’eau.
Et bien évidemment, il faut boire davantage par temps de canicule ou durant l’activité sportive. Là, il est même recommandé d’anticiper la soif, pour éviter notamment la survenue de crampes. Le mieux pour s’hydrater ? Des eaux gazeuses, bien chargées en sel, comme la Vichy Célestins ou la Vichy Saint-Yorre. Ou plus sympathique, l’eau de coco. Because, pour fonctionner de façon idéale, nos cellules ont besoin d’eau mais aussi d’ions, comme le chlorure de sodium.
Seules quelques pathologies nécessitent de s’hydrater vraiment plus. C’est le cas notamment des personnes souffrant de calculs rénaux. « Pendant dix-huit à vingt-quatre mois, on entraîne ces patients à boire 3 litres par jour, pour déplacer progressivement le seuil de leur soif. Ainsi, leurs urines sont diluées, ce qui évite la formation de calculs » explique le Pr Isnard Bagnis. Il est aussi recommandé de boire correctement quand on est sujet aux infections urinaires et surtout de ne pas se retenir de faire pipi pour éviter la stagnation des urines.
Buvez, éliminez : toujours valable le slogan ?
« Alors, voilà encore une croyance bien ancrée qui n’a strictement aucun fondement. On ne draine rien de plus en buvant 1, 5 litres d’eau. Tout ça n’est que marketing. Le rein élimine les déchets qu’il a besoin d’éliminer, en l’occurrence l’urée, en fonction de la quantité de protéines absorbées. Si vous mangez peu de protéines, alors vous éliminerez peu d’urée » explique le Pr Isnard Bagnis.
Maintenant, si ce sont des kilos en trop que vous souhaitez éliminer, alors la solution passe par un régime. Boire de l’eau ne vous fera jamais pas perdre une once de gras. En réalité, il y a assez peu de situations où l’on fait une vraie rétention d’eau : le syndrome prémenstruel et les maladies endocriniennes, style l’hypothyroïdie.
On se dit « gonflée », mais on est en le plus souvent enrobée. En revanche, si on mange très salé, là, pour le coup, on risque vraiment de souffler. Les recommandations de l’OMS sont de 6 g de sel par jour, ce qui implique de cuisiner chaque jour des produits frais et de ne pas saler ses plats. Vous en êtes un peu loin, je parie, non ?

L’experte
Pr Corinne Isnard Bagnis
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