28 octobre 2023
Vous avez une intervention en vue et vous mourrez de peur de vous allonger sur la table et de ne pas vous réveiller ? C’est possible, ça ? C’est ce que je suis allée demander à un médecin anesthésiste. Réponses.
Ne pas réveiller après une anesthésie : juste impossible !
C’est une trouille que tout le monde a, mais qui n’est pas vraiment justifiée. Vous êtes rassuré(e) ? « On se réveille toujours » assure le Dr Nabila Merniz. Mais alors, c’est quoi ce « risque anesthésique » dont on entend parfois parler ? Il a certes existé aux tous débuts de l’anesthésie, à la fin du XIX ème siècle, mais les drogues utilisées jadis n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Le choc anaphylactique aux curares aujourd’hui par exemple est rarissime. Et depuis 1994, les patients sont conduits dès la sortie du bloc en salle de réveil, pour une surveillance post-opératoire qui permet de réagir très vite justement en cas de difficulté. Donc, no stress.
« Le risque est principalement celui de la dépression respiratoire qui conduit à l’arrêt cardiaque. Et il est lié, non pas aux médicaments mais aux antécédents médicaux du patient, comme une insuffisance cardiaque sévère et dépend aussi du type de chirurgie pratiquée, qui peut-être plus ou moins lourde. Un geste esthétique n’a rien de comparable avec une chirurgie cardiaque ou neurologique. Si les patients ont peur de ne pas se réveiller, c’est à mon sens surtout parce qu’ils n’ont pas le contrôle de leur endormissement » explique notre spécialiste.
Se réveiller en cours d’anesthésie : très peu probable aussi !
C’est la seconde angoisse du patient. Tandis que le chirurgie ouvre, ce dernier se réveille, dans un petit crissement de bistouri. Non, mais ça, c’est un scénario pour la Famille Adams, Mercredi ! Ça n’existe pas dans la vraie vie. L’anesthésiste est présent en permanence dans la salle d’op justement pour s’assurer de votre bon endormissement.
Comment se déroule une anesthésie ?
L’anesthésiste injecte la juste dose de médicaments qui est calculée précisément en fonction de votre poids, de votre âge et de vos comorbidités.
Par exemple, pour une anesthésie générale, on injecte par voie intraveineuse un hypnotique pour endormir, un morphinique contre la douleur et du curare pour détendre les muscles et un gaz anesthésiant est ajouté a tout cela pour poursuivre l’endormissement. que vous respirez, grâce à un tube introduit dans la trachée (pour rappel, dans une anesthésie générale, c’est une machine qui respire à votre place, vos fonctions vitales étant momentanément ralenties). Ensuite, l’anesthésiste-réanimateur réinjecte les médicaments au fur et à mesure qu’ils s’éliminent de l’organisme. Il ne peut pas sortir du bloc avec son infirmière pour aller en grillez une, rassurez-vous !
Dans une neuroleptanalgésie (ou sédation) en revanche, vous n’êtes pas intubé(e). Vous conservez votre respiration. Seule la conscience est ailleurs grâce à un hypnotique léger. On y ajoute aussi un morphinique.
A t-on le choix de son anesthésie ?
L’anesthésiste-réanimateur est tenu de vous énoncer toutes les possibilités d’anesthésie. C’est à lui que revient la décision finale mais elle peut, selon l’intervention réalisée, être prise en commun accord avec vous, naturellement. Pour une chirurgie relativement courte et peu douloureuse, comme une chirurgie des paupières, il est possible de réaliser une anesthésie générale ou une neuroleptanalgésie ou même une anesthésie locale. La neuroleptanalgésie est le plus souvent adoptée mais dans le cas d’un patient particulièrement stressé, on préférera une générale, plus sécurisante. « Ou mieux, on le préparera à l’épreuve avec quelques séances d’auriculothérapie pour le décharger de son émotionnel » ajoute Nabila Merniz. La locale, elle, est réservée aux patients extrêmement détendus (souvent du corps médical eux-mêmes), qui arrivent au bloc en sifflotant ou presque. Dans ce dernier cas, seul un anesthésiant est injecté dans la zone opérée pour endormir les terminaisons nerveuses de la peau.
Enfin, dans la locorégionale, l’anesthésiste endort les nerfs périphériques (par exemple, le nerf trijumeau s’il s’agit du visage) ou la moelle épinière (rachianesthésie) pour insensibiliser la région dans laquelle le chirurgien intervient. Et le tout est guidé par échographie pour visualiser parfaitement les dits nerfs.
Pourquoi est-on parfois complètement « ensuqué » après une anesthésie ?
Cela peut arriver lorsque médecin anesthésiste-réanimateur a « plombé » l’anesthésie. Comprenez, chargé les doses de drogues parce qu’il a vous a trouvé un peu trop anxieux à son goût. Donc, le temps d’éliminer tout ça, prend du temps, en effet. Mais ce peut être aussi le cas du patient qui est très sensible à l’effet des médicaments, qu’il ne prend jamais par ailleurs. Donc, il part très vite et peut mettre aussi plus de temps à émerger.
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L’expert
Dr Nabila Merniz
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