1 février 2025
Douleurs abdominales, ballonnements, diarrhée, constipation, reflux… Toutes ces manifestations signent une dysbiose, un déséquilibre du microbiote sur lequel il est conseillé d’agir rapidement car il peut entraîner une somme de problèmes qu’on n’imagine même pas ! Petit cours bien utile sur la flore digestive.
Bien qu’incommodants, on s’arrête peu sur ces petits bobos si courant du quotidien. Nous avons tous grandi avec une grand-mère qui se gavait de pastilles Rennie en sortant de table. C’est presque culturel au pays de la gastronomie ! Sauf que, derrière ces symptômes se cache un vrai déséquilibre de la flore digestive, sur lequel on ferait bien de se pencher et d’agir car un ventre qui parle (pour ne pas dire qui geint) est tout sauf une bonne chose. Il est à l’origine d’un nombre insoupçonné de problèmes. D’ailleurs, cette acné, ce psoriasis ou cet eczéma que vous trainez depuis des lustres, vous saviez qu’il était d’origine digestive ?
Plus de 80 % de la population présente un déséquilibre de la flore intestinale, vous n’êtes pas seul !
Eh oui, car notre alimentation d’une façon générale, est assez peu qualitative. Trop cuite, trop stérilisée, non biologique, elle aboutit à une flore pauvre, dépourvue de bonnes comme de mauvaises bactéries. D’autant plus que notre environnement est chargé en produits agressifs. Trop aseptisé (toilette excessive, usage de désinfectants, d’huiles essentielles, etc), envahi par la chimie (polluants, pesticides, médicaments, cosmétiques, etc), il ne favorise pas un bon ensemencement. « La majorité de la population souffre d’une flore pauvre » indique le Dr Bruno Donatini, gastroentérologue, hépatologue, immunologie et médecin anti-âge. « Maintenant, ceux qui ont une alimentation trop sucrée, grasse ouriche en lactose, ont un autre problème : ils présentent une flore très agressive, chargée en mauvaises bactéries ». Et on va voir que plus bas que ce n’est pas beaucoup mieux !
En quoi c’est grave d’avoir une dysbiose ?
Les bactéries occupent un rôle de premier plan dans l’organisme, notamment dans le système digestif. Dissimulées dans les muqueuses, elles forment une barrière contre les agents pathogènes. Quand on a une flore digestive de qualité, les bonnes bactéries synthétisent des inhibiteurs des mauvaises bactéries, qui elles mangent les muqueuses (elles les trouent littéralement !). Et lorsque la flore est déséquilibrée, les muqueuses grignotées deviennent poreuses. C’est notamment le syndrome de « l’intestin passoire », lequel aboutit à une malabsorption (une mauvaise absorption des aliments). On se retrouve alors avec des carences en nutriments, des intolérances alimentaires et une inflammation chronique car des fragments de bactéries se faufilent à travers la muqueuse et accèdent aux tissus nobles (foie, pancréas, cerveau, articulations,…).
Cette inflammation est responsable de mille et un maux : des maladies digestives (obésité, diabète, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, stéatose hépatique, etc) ou cutanées (eczéma, psoriasis, acné), des maladies cardiovasculaires ou neurogénératives, etc. Une catastrophe !
Bref, il y a urgence à retrouver « l’eubiose » ou le bon équilibre de la flore !
Comment diagnostique t-on ce déséquilibre du microbiote ?
Déjà, il y a ce que les médecins appellent la « clinique » : l’interrogatoire, l’observation du patient, la palpation, et l’examen de la bouche (joli miroir de ce qui se passe plus bas) Tout ceci fournit déjà de précieux indices. «Quand le patient dit être rassasié rapidement, souffre de ballonnements hauts situés (creux del’estomac), d’éructations, de reflux, dit prendre du poids très vite, tout évoque l’estomac, … Quand il se plaint de colite (spasmes très douloureux, bruits importants), c’est plutôt une dysbiose de l’intestin grêle. Quand il évoque des diarrhées ou de la constipation, c’est plutôt le côlon qui est touché.» indique le Dr Donatini. Des tests sanguins sont prescrits en supplément pour mettre aussi à jour d’éventuelles carences (fer, vitamine D, iode, etc), qui renseignent aussi sur l’état des muqueuses.
Mais l’idéal pour un diagnostic complet, c’est de réaliser un test respiratoire. Vous soufflez dans un ballon et un appareil mesure les gaz émis par la flore digestive. Ceci permet d’identifier les bactéries qui sont à l’origine de fermentations excessives et oriente vers le type et le lieu de la dysbiose. Le seul problème, c’est que ce test est peu répandu chez les gastroentérologues libéraux, plus spécialistes de l’endoscopie que du microbiote. Il faut s’orienter vers les consultations des hôpitaux universitaires plutôt. Certains médecins anti-âge et naturopathes le pratiquent aussi.
La solution à la dysbiose, c’est les probiotiques et les aliments fermentés ?
Seigneur non, surtout pas ! Les probiotiques, augmentent la présence de bactéries dans l’intestin, ce qui conduit à des fermentations excessives, avec une augmentation des ballonnements et des maux de ventre !Hélas, ces produits sont soutenus par un marketing tellement agressif depuis des années, qu’il a lavé le cerveau de bon nombre d’entre nous. En fait, ils n’agissent pas du tout sur les problèmes digestifs mais les aggravent la plupart du temps.
« Il faut rappeler que les autorités de santé européennes n’ont reconnu aucune des allégations santé mises en avant pour ces produits qui ne sont que de simples ingrédients alimentaires. Ainsi donc, un probiotique ne peut pas changer la flore. S’il le pouvait, il serait classé médicament, ce qui n’est pas le cas », indique le Dr Bruno Donatini. Notre spécialiste n’identifie qu’un seul cas dans lequel préconiser ces produits : la diarrhée du nourrisson qui persiste plus de 2 semaines après une prise d’antibiotiques (et du nourrisson seulement !). Ce n’est donc pas ce que l’on peut appeler un incontournable de la pharmacie … Quant aux aliments fermentés (kéfir, Kombucha, etc), ils ne valent pas mieux. « Ces aliments sont proches du vinaigre. Un autre produit que je déconseille fortement car il empêche le bon fonctionnement des enzymes digestives, donc aboutit à mauvaise absorption des aliments, un mauvais fonctionnement de l’intestin, et donc une dysbiose », indique le spécialiste. En prime, le vinaigre libère de l’histamine, dévastatrice pour les personnes allergiques ou celles souffrant de fibromyalgie.Tout ce qu’on vous vante sur les réseaux n’est décidément que sornettes. Après, c’est comme pour les compléments alimentaires à base de collagène. Si ça vous plaît d’y croire …
Les tests du microbiote intestinal, ça marche pour identifier la dysbiose ?
« Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’analyse des selles n’est d’aucune utilité dans le diagnostic d’une dysbiose. Elle se concentre sur le microbiote de la fin du côlon, alors ce qui compte surtout c’est la diversité de la flore de la partie haute du système digestif : la bouche, l’estomac, l’intestin grêle », indique le Dr Donatini. La Société Française de Gastroentérologie herself dénonce l’absence d’intérêt de ces tests. Oubliez !
Que faut-il changer dans son mode de vie pour sortir de la dysbiose ?
Voici quelques bons réflexes à adopter pour tous :
- Nettoyer la bouche : la flore buccale est la plus abondante et la plus diversifiée de l’organisme après celle du côlon et de sa bonne santé dépend celle du système digestif (et vice versa !). Donc, la base, c’est de suivre les petits conseils donnés, ici. Santé/Beauté : tire la langue pour voir ?
- Diminuer le sucre : sucreries, féculents, fruits, alcool … s’opposent à la bonne vidange gastrique. Donc, on s’essaie au jeûne sucré quotidien de 16 h (pas de sucre de 22 h jusqu’à 16 h le lendemain, où là, vous pouvez vous autoriser une petite gâterie).
- Lever le pied sur les produits laitiers : lait, yaourts, fromage blanc, crème fraîche, … 60 % des Occidentaux sont intolérants au lactose. Ils ne digèrent pas le sucre contenu dans le lait en raison d’un déficit en lactase, une enzyme qui le dégrade. Le lactose se retrouve alors au niveau de l’intestin où il fermente. Mieux vaut donc restreindre au maximum ces aliments et privilégier le lait et la crème délactosés et les fromages affinés. Surtout si vous avez de l’acné, du psoriasis ou de l’eczéma ! Vous verrez très vite la différence !
- Manger des légumes bio : ils sont plus chers, mais au moins on est sûr qu’ils ont poussé en terre (et non pas en hydroponie), donc sont riches en bonnes bactéries qui vont venir soutenir votre microbiote. Et ils renferment davantage de fibres, d’oligo-éléments, d’antioxydants, etc.
- Zapper le vinaigre et les produis fermentés : on l’a vu plus haut. Ces produits tant vanté sur les réseaux sont très néfastes pour nos enzymes digestives.
Les tips pour rééquilibrer une flore intestinale pauvre
Ce sont les sucres consommée en excès qui sont surtout incriminés. Ils conduisent à une mauvaise vidange gastrique, c’est à dire que votre estomac ne se vide pas Vous avez du mal à digérer. Les aliments stagnent et hyper-fermentent, ce qui se manifeste par ces signes : nausée, rots, pesanteur après les repas, reflux, etc. Ensuite, comme un malheur n’arrive jamais seul, ces sucres sont ensuite transformés en acides gras (de la graisse quoi !), et vous prenez du poids ! A terme, si vous ne réagissez pas, c’est le syndrome métabolique (bedaine, hypertension artérielle, résistance à l’insuline ou diabète, cholestérol, etc) qui vous guette.
Le remède : « Pour enrichir cette flore, on va mettre en place un régime pauvre en calories, type Fodmap, à suivre au long cours. On baisse les sucres, fruits et féculents compris, et les produits fermenteurs comme les crucifères et les légumineuses. Et on force sur les légumes bio, riches fibres et en endobactéries qui vont ensemencer votre jardin intérieur, et les huiles riches en omégas 3. Et pour aider le foie à éliminer les graisses, on prend une cure de gélules de chardon marie pendant un mois » explique le Dr Bruno Donatini.
Les tips pour rétablir une flore agressive, chargée en mauvaises bactéries
C’est l’intestin passoire avec un gros risque inflammatoire, qui peut aboutir à terme à des cancers ou des maladies neurodégénératives. Dans ce cas, l’urgence, c’est de vous débarrasser des bactéries indésirables, qui sont particulièrement nombreuses au niveau buccal. Lire ici, pour tous les conseils : Santé/beauté : tire la langue pour voir !
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L’expert
Dr Bruno Donatini
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