4 avril 2021 – Mise à jour le 13 mai 2023
C’est la grosse tendance sur Insta. Tout le monde rêve d’un minois criblé de taches de rousseur sur les pommettes et le nez, comme Meghan Markle. Mais n’est-ce pas une grosse bêtise ce tatouage cosmétique vous vous apprêtez à faire là ?
C’est vrai que ces dermopigmentations sont parfois si réussies que je comprends que ça puisse donner envie.
Mais en les découvrant, je me suis rapidement demandée : « Mais si on n’en veut plus de ses taches de rousseur dans quelques mois, qu’est-ce qu’il se passe ? ». Et là, la réponse du médecin lasériste ne s’est pas faite attendre : « Compliqué … » (autrement dit, c’est la grosse m…de, quoi).
Comme d’autres de ses confrères, le docteur Bertrand Pusel est souvent sollicité pour effacer des tatouages cosmétiques réalisés sur les sourcils ou le contour des lèvres. Mais il ne cache pas que c’est un exercice délicat. Alors a fortiori sur des taches qui peuvent envahir tout le visage. « Ces maquillages sont souvent présentés comme semi-permanents aux clientes. En réalité, ils s’avèrent parfois extrêmement difficiles à retirer » indique le spécialiste.
Premier problème des « fake freckles » : la composition du pigment
Le médecin dispose généralement de peu d’informations sur la nature du pigment utilisé. Or, il faut savoir que certains pigments de couleur chair ou brune employés pour réaliser les taches de rousseur, peuvent renfermer des composants comme le dioxyde titane et l’oxyde de fer, qui sont susceptibles de réagir sous l’effet thermique du laser et de faire virer la couleur initiale du maquillage au vert, au bleu au noir, ou Dieu sait quoi d’autre, c’est toujours la surprise ! Mais bien sûr, de cela, la professionnelle comme sa cliente, sont rarement informées. Et le truc est d’autant plus vicieux qu’il ne suffit pas de s’approvisionner en pigments chez les meilleurs fournisseurs pour être épargnés. Un pigment dit qualité aujourd’hui l’est surtout d’un point de vue toxicologique. En gros, il garantit qu’il ne contient pas de substances cancérigènes. Mais cela ne préjuge pas de la facilité à pouvoir le détruire au laser !
Et quand la catastrophe se produit, c’est franchement la mouise car le laser de détatouage utilisé pour effacer le brun n’est pas celui qui retire aussi le vert, le bleu ni le noir ! L’opération peut alors se transformer en véritable chemin de croix car il faut alors dénicher THE spécialiste qui possède le laser à la bonne longueur d’ondes requise, et se re-signer à nouveau pour une série de séances.
Deuxième problème de la fausse tache de rousseur : la profondeur du pigment
« Dans le détatouage, on travaille couche après couche. On s’attaque à la plus superficielle et on progresse petit à petit, sans trop savoir jusqu’à quelle profondeur cela va nous mener. Si on a la chance d’être en présence d’un tatouage cosmétique superficiel et d’un pigment qui réagit bien au laser, dans ce cas, l’opération détatouage fonctionne bien. Mais il se peut que le pigment soit logé très profondément dans le derme. Et là, se pose à nouveau la question de l’équipement car tous les lasers de détatouage n’ont sont pas la puissance suffisante pour atteindre les couches profondes de la peau. Ou alors, autre solution, il est possible de retirer le maquillage permanent non pas avec un laser de détatouage mais avec un laser C02, mais au prix de suites très lourdes et d’une possible rançon cicatricielle » détaille le Dr Pusel.
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Comment se passe le détatouage des taches de rousseur ?
Pour la couleur brune plus ou moins foncée des taches de rousseur, le médecin utilise un laser Q switch 532 nm : nanoseconde s’il est de l’ancienne génération ou picoseconde, s’il est de la dernière. Ce laser fonctionne selon un procédé photo-acoustique. Il fait exposer le pigment en de minuscules particules qui sont ensuite éliminées par les macrophages (les cellules éboueurs de l’organisme).
Une crème cicatrisante est appliquée 1 h 30 avant la séance. Le médecin passe ensuite en points jointifs sur le visage sur chacune des taches. S’ensuit un blanchiment immédiat, assorti d’une rougeur et d’un œdème (gonflement). Le traitement se termine avec l’application d’une crème cicatrisante. Puis, un à deux jours après, une croûtelle se forme, qui persiste entre 8 jours (avec le picoseconde) et 15 jours (avec le nanoseconde). Il est recommandé d’appliquer une crème grasse pour favoriser leur disparition, sans les gratter ni les arracher. Des rougeurs résiduelles peuvent persister pendant 1 mois. Il faut bien protéger son visage sous un SPF 50 et penser à le réappliquer soigneusement toutes les 2 heures.
Mais gare à la fausse joie ! : « A la première séance, il se produit un phénomène de bulles d’air au sein de la peau, qui explique pourquoi la tache blanchit au passage du laser. On a l’impression que le maquillage a disparu, mais c’est comme un mur foncé sur lequel vous passez une couche de peinture blanche. Au début, c’est splendide et après quelques heures, toute la couleur foncée ressort. Eh bien, c’est exactement ce qui se passe dans les suites immédiates d’un détatouage laser » met en garde le Dr Pusel.
Combien de séances ? Encore un sujet sensible car il est tout simplement impossible de le prévoir à l’avance, les spécialistes n’ayant ni sonde ni caméra permettant de visualiser la profondeur du pigment. Comptez a minima 4 à 8 séances espacées d’un mois.
Prix de la séance de détatouage sur les taches de rousseur : à partir de 200 €
Conclusion : Autant dire que vos taches de rousseur, si vous ne les aimez plus, vous n’êtes pas prête de les voir disparaître ! Et je ne vous parle pas des petites mignonnes qui mordent sur le vermillon des lèvres. Ah ça pour être sexy, c’est sexy ! Mais c’est encore plus casse-gueule pour les retirer puisqu’on est à même la semi-muqueuse, qui est très fine. Le pigment y est donc plus profond et les suites du traitement sont plus corsées. Bref, encore une fois, je comprends que l’on puisse être tentée par ces maquillages ravissants, mais ne perdez jamais de vue les conséquences dramatiques que cela peut entraîner, ne serait-ce que sur un plan économique. Le crayon « freckles » est définitivement beaucoup moins risqué.
Ici, un exemple d’un contour de lèvres tatoué avec un pigment de couleur chair
qui vire au bleu au contact du laser de détatouage.
Et on voit bien qu’estomper cette coloration secondaire n’est pas très aisé !
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