16 octobre 2025
Le produit connaît un bad buzz depuis quelque temps. D’aucuns voudraient nous faire croire que ces injections sont devenues has been, et qu’il existe beaucoup mieux aujourd’hui. Really ?
Les trends changent mais l’acide hyaluronique reste
Depuis quelque temps, il est vrai que les patients ne sont plus très intéressés par un apport de volume. Ils ne cherchent plus à paraître jeunes à tout prix. La mouvance « body positive » est passée par là et il y a une plus grande acceptation de soi. Maintenant, le souhait est simplement d’accompagner joliment le vieillissement de son visage. Du coup, les soins qualité de peau qui promettent glow, effet tenseur et grain de peau nickel, ont le vent en poupe et tous les spécialistes en esthétique ne jurent plus que par les inducteurs collagéniques (Sculptra, Radiesse, Harmonyca, …) et les produits dits de « médecine régénérative » comme les polynucléotides.
Reste que pour repulper des lèvres ou souligner une jawline, l’acide hyaluronique reste incontournable. Et on l’oublie, mais en vérité, le produit sait tout faire. Le fait de pouvoir utiliser différents poids moléculaires le rend complètement multifonctions. Il peut apporter du volume, comme simplement repulper la peau, stimuler sa fermeté ou booster son hydratation. Alors, oui, les attentes des patients ont évolué ces deux dernières années. M’enfin, annoncer la mort de l’AH, c’ est un peu fort !
«Je pense qu’une certaine « filler fatigue » s’est installée du côté des patients qui se sont beaucoup fait injecter. Leurs visages ont pu perdre leur naturel au fil des années. Ils veulent supprimer ce trop plein et passer à autre chose. Cependant, il ne faut pas se tromper, l’acide hyaluronique, c’est toujours 80 % du marché des dermal fillers. Surtout avec les nouveaux patients Ozempic qui demandent une restauration de leurs visages amaigris ! », rapporte Charlotte de Reals, Directrice Marketing Monde de Teoxane.
Un produit très sûr qui rassure
L’acide hyaluronique a 90 ans, les fabricants ont donc une solide connaissance de la molécule. Quant à sa forme injectable, elle est utilisée depuis déjà une trentaine d’années, ce qui est très rassurant pour les patients et les médecins. Le produit de grade médical, même s’il reste un corps étranger, mime au proche l’acide naturel du corps. Il est extrêmement bien toléré et possède un antidote, c’est à dire qu’en cas d’accident d’injection (nul n’est à l’abri d’un geste malheureux !), la hyaluronidase permet immédiatement de le dissoudre.
Les inducteurs collagéniques sont différents. Il s’agit de particules synthétiques solides dont le but est de créer une inflammation, à partir de laquelle la peau va synthétiser du collagène et de l’élastine. C’est un processus un peu plus en marche forcée, si je puis dire. Et les produits ne disposent pas d’antidote. Seules deux spécialités (JuveLook et Lenisna commercialisées par le laboratoire Fillmed), très récemment présentées sur les congrès, avancent cette possibilité.
Un champ d’action qui s’étend sans cesse
Forcément, avec la nouvelle concurrence qui s’installe, l’acide hyaluronique est un chouïa bousculé. Alors, il réplique, avec une recherche qui n’a jamais été aussi dynamique.
Une nouvelle génération d’inducteurs collagéniques pour très bientôt
On nous annonce pour 2028 un nouveau genre d’inducteur collagénique qui sera formulé sans particule solide, mais uniquement (ou quasi) avec de l’acide hyaluronique. Et bien sûr, l’énorme avantage de cela, c’est que les produits bénéficieront du même antidote que l’acide hyaluronique classique, à savoir la hyaluronidase.
« On l’a occulté mais l’une des propriétés premières de l‘acide hyaluronique, c’est de stimuler la production de collagène et d’élastine. A l’époque, lorsque le concept de « booster » a été lancé, ce n’était pas tellement l’objectif recherché. Du coup, personne n’avait trop approfondi cette facette de la molécule. Mais en jouant avec des acides hyaluroniques de poids moléculaires différents, ou en associant l’acide hyaluronique avec d’autres ingrédients comme les polynucléotides, on sait que l’on peut obtenir des propriétés de biostimulation tout à fait intéressantes, avec des résultats qui sont visibles prime beaucoup plus rapidement, dès 7 jours » explique Anne-Laure Gaudry, Directeur Marketing Stratégique chez HTL Biotechnlogy (le plus important fournisseur au monde d’acide hyaluronique pour les laboratoires d’injectables). Hâte de voir ça !
Un acide hyaluronique utilisé façon « liposome »
C’est une des propriétés peu connue du biopolymère. « ll faut se représenter l’acide hyaluronique comme une éponge, à l’intérieur de laquelle on peut glisser une autre substance, comme le collagène ou des acides aminés, afin de les relarguer plus ou moins rapidement dans les tissus, pour un effet longue durée » explique Anne-Laure Gaudry. Un « néo-liposome », en quelque sorte. « Et ce qui est aussi très intéressant, c’est que l’acide hyaluronique ne joue pas qu’un simple rôle de transporteur.Avec le collagène notamment, il a effet complètement synergique. Il décuple son efficacité » explique Anne-Laure Gaudry. Donc, tout laisse à penser, grâce à ce nouvel acide hyaluronique- vecteur, que l’efficacité de nos futurs traitements qualité de peau sera super boostée ! L’inno est annoncée autour de 2028-2030.
De nouvelles propriétés mises à jour
On sait notamment aujourd’hui que l’acide hyaluronique possède un effet protecteur contre les agressions environnementales : pollution, UV, etc. Alors, évidemment, il ne remplace pas un écran solaire mais il peut l’accompagner très utilement.
Des injectables encore plus safe, sans BBDE
Le BBDE, c’est l’agent de réticulation chimique qui permet de lier les molécules d’acide hyaluronique entre elles, comme un clip, pour que le produit ne se dégrade pas trop rapidement dans la peau. Actuellement, il est incontournable dans les produits. Mais il y a toujours eu beaucoup de controverses autour des effets potentiellement délétères de résidus qui persisteraient dans les tissus après injection. «Du coup, on travaille à des alternatives. Il est parfaitement possible de changer ce clip pour le remplacer par une molécule plus naturelle et safe car l’acide hyaluronique possède des « sites réactifs » comme des petits aimants, sur lesquels on peut venir greffer quelque chose. C’est un énorme travail de développement pour identifier la bonne molécule qui doit déjà réunir suffisamment de données pour que l’on soit complètement rassuré de l’utiliser, ne pas laisser de produits de dégradation dans la peau et garantir un résultat reproductible » explique Anne-Laure Gaudry. Néanmoins, le nouvel injectable sans BBDE, devrait être lancé très bientôt, autour 2027-2028 ! Certains me diront que ce type de produit existe déjà… Certes, mais avec du PEG, qui est un agent réticulant chimique également. Il existe aussi certaines formules d’acides hyaluroniques injectables dites « bio » mais aucune n’a encore massivement convaincu le marché. Moi qui fais pas mal de réactions à l’acide hyaluronique et qui ne sais toujours pas trop à quoi les attribuer, je peux vous dire que ce genre d’avancée m’intéresse au plus haut point. Le jour où ce nouveau type de produit sortira, une fois n’est pas coutume, je me ruerai pour jouer les cobayes ! Enfin, le fait de pouvoir greffer d’autres molécules sur l’acide hyaluronique permet d’envisager aussi d’autres applications.
Alors, mort, l’acide hyaluronique ? Je dirais plutôt en plein boum !


Les expertes
Charlotte de Reals et Anne-Laure Gaudry
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