19 février 2025
On parle de plus en plus de ces injections réalisées sous échographie dans les congrès. Alors, pourquoi ? Qu’est-ce que ça apporte ? Les réponses du Dr Hugues Cartier, dermatologue et co-auteur de « L’échographie faciale en médecine esthétique » (Officina Editoriale Oltrarno).
Bien sûr, les médecins connaissent leur anatomie sur le bout des doigts (c’est bien ce qui les différencie des fake injectors), et la plupart du temps, les injections se déroulent sans la moindre anicroche. Mais c’est une sécurité supplémentaire que de pouvoir visualiser en temps réel les gestes réalisés sous la peau. D’où l’utilisation grandissante des échographes au sein des cabinets. « Curieusement, l’esthétique est une des rares spécialités où l’échographie n’est pas du tout développée, en France comme dans le reste du monde. Probablement, parce que les complications restent tout de même assez rares, et que les médecins parviennent la plupart du temps à bien les gérer. Cependant, d’ici deux ans, les appareils seront certainement beaucoup plus répandus car ils apportent un plus indéniable dans la pratique du médecin, et sont très rassurants pour les patients. D’autant plus qu’il y en a beaucoup parmi ces derniers qui papillonnent. Et ils ne souviennent pas toujours des produits qu’ils ont reçus » rapporte le Dr Cartier.
Des injections sous échographie pour sécuriser le geste
« Si le médecin esthétique n’a pas d’obligation de résultat, il a en revanche, une obligation de moyens renforcés, c’est à dire l’obligation de mettre tous les moyens en œuvre en vue d’obtenir le résultat souhaité. L’échographie est un moyen supplémentaire d’y parvenir en toute sécurité » explique le Dr Hugues Cartier. Cette imagerie est, pour commencer, super sécurisante quand on démarre des traitements avec un nouveau médecin car cela lui permet de savoir immédiatement de savoir quels types de produits ont précédemment été injectés sous la peau. Ainsi, ce dernier ne prendra pas le risque, si vous avez reçu un produit de comblement permanent, genre silicone, de réaliser une injection au même endroit car cela peut donner lieu à une réaction inflammatoire cognée.
Ensuite, l’écho-guidage permet de visualiser en temps réel les structures anatomiques (nerfs, vaisseaux, muscles …) de la zone dans laquelle le spécialiste pique, ce qui lui permet non seulement d’avoir un geste encore plus précis, mais de réduire aussi le risque de complications, comme celle d’obstruer une artère (le pire de tout !) au niveau du sillon nasogénien ou des tempes ou d’embrocher la glande parotide ou un ganglion lorsqu’il rectifie la jawline. D’autant plus que les variations anatomiques, sont mine de rien assez fréquentes. Parfois, l’artère faciale affleure juste sous la surface de la peau et si le médecin pique dedans, aïe, aïe, aïe ! Donc, autant qu’il sache précisément où il se trouve avant d’enfoncer l’aiguille !
Cela dit, ne vous stressez pas trop non plus. Si votre médecin vous injecte depuis des années et qu’il n’y a jamais eu de souci, vous n’en aurez (a priori) pas davantage à l’avenir. Vos artères ne se promènent pas sous votre peau, non plus ! Et si d’aventure, il avait besoin d’un échographe pour vérifier quelque chose et qu’il n’en n’a pas, eh bien il vous enverra chez un confrère radiologue. Mais avoir un appareil à dispo est toujours un plus ! Aujourd’hui, tout est fait pour inciter les spécialistes de l’esthétique à s’équiper, jusqu’à un modèle d’échographe hyper-maniable, qui s’enfile au bout d’un doigt laissant les neuf autres libres de leurs mouvements.
Des injections sous échographie pour un meilleur suivi
L’échographie permet aussi au médecin d’assurer un meilleur « follow up » après l’injection. Il peut, grâce à l’imagerie, voir comment le produit qu’il vous a injecté se comporte sous la peau, s’il s’est bien intégré aux tissus ou s’il s’est bien dégradé. Et il peut bien sûr aussi identifier les autres produits que vous avez précédemment reçus. « On arrive par exemple à très bien distinguer la présence de silicone, mais aussi à identifier celle d’un autre produit de synthèse, comme l’hydroxyapatite de calcium ou le polycaprolactone. L’acide hyaluronique, en revanche, c’est plus compliqué car le produit est translucide au début, il ne réfléchit pas les ultrasons, ensuite il s’intègre dans les tissus. Les fils tenseurs évidemment aussi, sont visibles » explique le Dr Cartier.
Des injections sous échographie pour une meilleure gestions des complications
En médecine, tout peut arriver. Donc, le professionnel doit être en mesure de gérer l’incident, de la simple petite boule que vous sentez sous les doigts, au problème beaucoup plus grave que constitue l’embol vasculaire. L’examen échographique permet d’identifier l’origine du problème. Dans le cas de la petite boule par exemple, il saura si c’est un nodule occasionné à la suite d’un produit injecté, ou alors un abcès ou encore un banal kyste sébacé. Et bien-sûr, en cas de complication vasculaire, il pourra s’il est expérimenté et possède un appareil de qualité, injecter sa hyaluronidase pile poil au bon endroit, pour dissoudre l’acide hyaluronique incriminé.

L’expert
Dr Hugues Cartier
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