27 juillet 2025
On pense toujours que les peaux foncées n’ont besoin d’aucune protection. Ce n’est pas tout à fait juste. Simplement, leurs produits diffèrent de ceux des peaux claires et ne s’utilisent pas dans les mêmes circonstances. Le point avec le Dr Christelle Comte, dermatologue, Unité de Photodermatologie, Hôpital Saint-Louis, à Paris.
Je parle ici des peaux de phototypes IV à VII, soit des peaux allant du caramel au noir ébène, ce qui inclut non seulement les peaux africaines (Maghreb, Moyen-Orient, Afrique subsaharienne) mais aussi asiatiques (y compris indiennes), mélanésiennes, et toutes les peaux résultants de métissages. Grâce à leur taux de mélanine (pigment naturel qui protège des rayons UV) qui est très important, toutes bronzent facilement, sans brûler ou rarement.
Les problématiques au soleil sont donc très différentes de celles des peaux claires, mais comme comme toute la communication en matière de protection solaire est orientée sur ces dernières, les besoins des peaux foncées sont peu, voire mal connus. Y compris des principaux intéressés !
La peau foncée brûle rarement, voire jamais, quoique …
Si elle n’a pas besoin de se cacher aux heures les plus chaudes ni de se tartiner toutes les 2 heures de produit solaire, la peau foncée quelque soit son phototype, peut être victime de coups de soleil, les premiers jours, lors d’une exposition intense et prolongée. La brûlure est certes moins cognée que sur une peau claire, elle s’estompe vite, mais l’application d’un SPF 5 ou 10, le temps d’apprivoiser le soleil, reste une bonne idée afin de l’éviter.
La peau foncée est peu exposée aux cancers cutanés
« Il faut le rappeler car je vois beaucoup de mamans, inquiétées par les messages de santé publique, crémer leurs enfants de phototype foncé, au soleil. Mais ce n’est pas du tout utile ! Ces peaux sont naturellement protégées des UV. Seules les zones plus claires comme les paumes des mains, les plantes des pieds et les ongles sont à risque de cancers cutanés. Toutefois, ce ne sont pas les UV, auxquels elles sont peu exposées, qui en sont la cause » précise le Dr Christelle Comte.
La peau foncée ne craint ni les taches de soleil ni les rides, sauf …
Lorsque le phototype est clair (IV), comme celui de certaines peaux asiatiques ou des peaux issues de métissages tels que le père africain et la mère blonde aux yeux bleus. Dans ce cas, les lentigos solaires sont fréquents. Une protection UV est donc toujours utile pour s’en protéger, tout comme des rides, qui sont plus marquées que sur une vraie peau noire.
La peau foncée est très exposée au mélasma et à l’hyperpigmentation post-inflammatoire (HPPI)
« C’est ce qu’on appelle dans notre jargon les mélano-compétents, soit toutes ces personnes qui sont très réactives aux processus de production de la mélanine » décrypte Christelle Comte. Toutes nécessitent une solide photoprotection pour se protéger contre le masque de grossesse et l’hyperpigmentation réactionnelle, après une acné, des cicatrices de chirurgie, une blessure, etc.Soit des écrans très protecteurs vis-à-vis des UVA (notamment des UVA longs) et de la lumière bleue, dont on sait aujourd’hui qu’ils déclenchent la pigmentation. Problème : peu de produits sur le marché offrent cette excellente protection.
Il faut pister les références qui affichent clairement l’indice UVA sur leur packaging (La Roche-Posay, Bioderma). Quant à l’indice lumière bleue, il existe mais n’est mentionné par aucun laboratoire ! Il serait pourtant diablement nécessaire car beaucoup de produits qui se disent « anti-lumière bleue », sont totalement pipeau, soyons clairs !
Les produits dignes d’intérêt sont ceux qui avancent de solides études cliniques démontrant leur efficacité sur l’hyperpigmentation (mais le grand public n’est pas toujours bien informé de cela) et/ou qui se présentent sous la forme de formules teintées, avec un taux suffisant de pigments (oxydes de fer) pour faire barrage à la lumière bleue (Avène, Bioderma, Eucerin …).
La peau foncée est toute aussi sensible aux allergies solaires que la peau claire
« Dans les 20 % de peaux sujettes aux allergies solaires, il y a autant de peaux claires que de peaux noires » indique le Dr Comte. Elles courent donc les mêmes risques d’urticaire solaire et de lucide estivale bénigne. La forme la plus représentée est la dermatite en tête d’épingle, soit des petits boutons en forme de têtes d’épingle de couleur chair, qui apparaissent dès les premières expositions intenses. Pour l’éviter, il est recommandé de s’exposer de façon progressive au soleil : 10 min, le premier jour ; 20 min, le troisième ; 30 min, le quatrième, etc.
Sinon, cette lucite se traite comme toutes les lucites. En curatif : éviction solaire durant dix à quinze jours et application d’un dermocorticoïde (sur prescription médicale). En prévention : protection solaire adaptée à la LEB (c’est à dire, contenant des filtres minéraux plutôt que chimiques et une protection à large spectre renforcée, notamment contre les UVA). « Maintenant, si la peau est sujette chaque année à la lucite, il est possible de prévoir, deux mois avant l’exposition, des séances de désensibilisation dans une cabine UV, à raison de 3 par semaine. La peau est exposée à des doses progressives d’UV jusqu’à lui permettre une exposition sans problème. C’est très efficace » explique le Dr Comte.
Peaux noires et métissées : tous les traitements chez le médecin esthétique
L’experte
Dr Christelle Comte
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