22 avril 2022 – Mise à jour le 14 mai 2023
Trop ou mal injectés, les produits antitirides peuvent donner des résultats complètement opposés à ceux recherchés : ils peuvent enlaidir, vieillir ou nous décrédibiliser … Les explications d’un chirurgien plasticien.
Parfois à vouloir trop bien faire, on se plante ! L’injection était censée vous donner un petit coup de frais et elle vous a totalement plombée. Mais que s’est-il passé ?
L’INJECTION QUI REND LAIDE
- Ce sont par exemple toutes ces injections outrancières dans les lèvres qui font une bouche de Mérou ou dans les pommettes et les joues, qui font le visage soufflé (cf cette pauvre Madonna, totalement méconnaissable). Des volumes complètement surnaturels qui ne s’intègrent pas du tout dans le visage et transforment juste en Alien.
- Des sillons nasogéniens trop remplis, à l’aspect empâté. A un moment, il faut se rendre à l’évidence : trop d’injection tue l’injection. Lorsque la peau est vraiment distendue, l’unique bonne solution pour la retendre, c’est le lifting (ou à la limite des fils tenseurs, si vous n’en voulez pas).
- L’injection dans la partie haute de l’arête du nez, pour faire le nez droit (ou nez grec). C’est censé être le nez parfait, mais il ne va clairement pas à tout le monde. S’il donne un max de caractère à une Jennifer Aniston ou à une Penelope Cruz, sur d’autres visages, il fait juste une tête d’Avatar.
- Les front trop lisses, trop Botoxés, qui privent le visage de toute expression (cf Nicole Kidman et son célèbre « frozen look »). Là, c’est direct le Musée Grévin.
- L’effet « Méphisto » non corrigé. Vous savez, ce sourcil trop relevé après une injection de Botox qui fait une tête de Diablotin. « Cet effet secondaire est dû à une insuffisance d’injection. Le médecin a traité la partie centrale du front mais pas les côtés. Les muscles des parties latérales se contractent alors fortement et tirent sur le sourcil. Mais pas de panique, ça se corrige ! Il suffit de réinjecter en externe et tout rentre dans l’ordre » rassure le Dr Robin Mookherjee. Mais il paraît que certains patients aussi recherchent sciemment cet effet Méphisto ! Ils trouvent ça stylé … J’ai vu cela en effet sur certaines influenceuses. Ah les goûts et les couleurs …
- La lèvre supérieure toute ronde et boursouflée, qui donne un petit air de chimpanzé. On voit souvent cet horreur chez les Mamies, qui avaient sans doute des rides très marquées et ont réclamé à leur médecin « un petit traitement léger pour les estomper ». Alors, certes, l’acide hyaluronique, c’est rapide et sans suites mis bourrer la lèvre supérieure n’est pas la solution !
D’autres pensent qu’il est préférable d’injecter du Botox pour détendre le muscle responsables des rides. Le résultat n’est guère plus sexy. Les patientes se retrouvent alors avec une lèvre supérieure très étirée. C’est super moche.
Pour estomper le « code barre », la meilleure la solution, il n’y a pas à tortiller, c’est un peeling moyen ou un coup de laser C02. Certes, c’est un traitement beaucoup plus cogné mais qui n’enlaidit pas.
- La « jawline » (ligne de la mâchoire) redessinée sur un visage qui est déjà large. Sur les avant/après, les traitements de « jawline » sont toujours spectaculaires. Mais si vous faîtes attention, vous remarquerez que les photos sont toujours prise de trois-quarts. Quand on voit le résultat sur le patient de face, parfois, on est surpris ! La jawline, si on a le visage massif, mieux vaut éviter de la souligner. Ça lui donne une forme carrée tout sauf esthétique.
L’INJECTION QUI REND VIEILLE
- Ce sont déjà tous ces visages vieillissants soufflés d’acide hyaluronique, parce que les patients trouvent sans doute plus sécurisant de faire des injections que de passer sur le billard. Ben d’accord, mais avoir une tête ronde comme un poisson lune, ce n’est pas grave ? Au risque de me répéter, il ya un moment où l’injection ne passe plus. Il faut passer la main au chirurgien.
- Des cernes bleus et gonflés. Les spécialistes appellent cela « l’effet Tyndall ». Cette coloration inesthétique est due à un effet d’optique : la diffraction de la lumière au contact du gel d’acide hyaluronique qui est injecté trop superficiellement ou avec un produit inadapté qui crée en prime un appel d’eau et fait la paupière soufflée. C’est fou le nombre de gens qui déambulent avec cet effet secondaire-là sans y remédier. Une seule solution pour résoudre le problème : dissoudre le produit avec une injection de hyaluronidase (enzyme qui va grignoter l’acide hyaluronique). Et se faire réinjecter, mais par un autre médecin qui sait mieux faire !
- Des zones traitées et d’autres non. Normalement, quand on traite un visage, surtout à partir d’un certain âge, on le traite de façon globale. C’est la clef d’un résultat harmonieux. Si vous laissez des défauts criants par endroits (par exemple, vous avez traité la bouche et les pommettes vous gardé de gros sillons nasogéniens bien creusés) vous risquez de faire encore plus tapée à l’arrivée !
- Des sourcils trop bas. Une erreur d’injection, toujours ! Le médecin voulait traiter des rides sur le front mais a piqué trop bas, trop proche des sourcils, entraînant leur chute, ce qui donne au visage un air très fatigué. L’effet de la toxine botulique s’atténue un peu après le premier mois (ouf). Mais pour retrouver son regard d’avant, il faut malheureusement attendre que son effet se dissipe complètement (arrrgh).
- Un ovale alourdi. Attention aux injections d’acide hyaluronique dans le bas du visage. Parfois, en cherchant simplement à combler une petite encoche de chaque côté du menton pour masquer des bajoues, on ne fait que plomber le visage. Surtout s’il est déjà un peu massif, à la base. La solution ? Des fils tenseurs plutôt ou beaucoup plus durable, un lifting.
L’INJECTION QUI DÉCRÉDIBILISE
Ces femmes à l’image très sérieuse qui basculent de jour au lendemain dans l’excès d’injection est toujours étonnant. On se demande vraiment, surtout quand il s’agit de personnalités, comment elles ont pu se fourvoyer à ce point sur leur traitement, s’être aussi mal faites conseiller. Lire ici : Quelle chirurgie esthétique pour les stars.
Le secret de l’injection réussie, c’est d’y aller toujours mollo et crescendo, un travail qui ne peut s’envisager que sur plusieurs années à mon avis, pour être réellement indétectable. Autrement on se rend tout de suite compte de la duperie et de « cérébrale », on passe en quelques seringues à « connasse », « superficielle », « cagole », etc. Tous les noms d’oiseaux y passent. Pourquoi ? Parce que ces retouches excessives renvoient tout à coup l’image d’une femme finalement pas très sûre d’elle-même, qui cherche à masquer ce qu’elle est vraiment. Tout ce que les gens détestent, a fortiori quand il s’agit d’un personnage politique par exemple.
L’expert :
Dr Robin Mookherjee
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