27 août 2024
Depuis quelque temps, des intermédiaires se proposent de suivre les patients dans leur parcours esthétique, de la sélection du chirurgien jusqu’à la sortie du bloc. De quoi s’agit-il vraiment ? Est-ce autorisé ? Les réponses !
Le ré-adressage en médecine est interdit !
Le ré-adressage, c’est le fait de recommander un médecin moyennant rétribution. Donc, clairement, tous les comptes Insta qui se proposent de vous aider à choisir un spécialiste sont ni plus ni moins que des rabatteurs pour des cliniques, donc des recommandations a priori peu fiables. « Quant au médecin qui entrerait dans ce jeu, il est risqué, car il se rendrait alors coupable de « compérage», soit une entente illicite sur un partage d’honoraires. Il pourrait alors être poursuivi par l’Ordre des Médecins, avec une possible suspension d’exercice ou une radiation » rappelle Maître Bertrand de Haut de Sigy, avocat en droit de la santé. Il en va très différemment d’un site comme Doctolib qui est une intermédiation parfaitement autorisée puisqu’elle facilite simplement la prise de rendez-vous, sans recommander de médecins.
Le spécialiste se rend du reste tout aussi coupable lorsqu’il poste sur ses réseaux des commentaires de ses patients, du genre : «Trop contente du lifting du Dr X. C’est le meilleur du monde ! », qui valent recommandations. Si le médecin a le droit d’informer le public sur les interventions qu’il pratique et fournir ses coordonnées, il ne peut cependant faire sa comm en mettant en avant des témoignages de tiers. Tiens, tiens, tiens, …
Et l’accompagnement post-op, on en pense quoi ?
C’est le dernier filon à la mode. Ces nouveaux prestataires proposent de vous accompagner à toutes vos consultations, histoire de vous épauler un peu.De fait, les rendez-vous avec le chirurgien, pour certains patients, peuvent être très intimidants. Et le jour J, c’est quand même sympa de ne pas se rendre seule au bloc. Certains « coachs » dispensent en prime des soins post-opératoires (notamment des massages), censés alléger les suites de votre intervention (en facilitant notamment la résorption des œdèmes). Dit comme ça, on ne voit pas vraiment où est le mal. « Reste que ce statut de « coach » n’existe pas en droit médical » indique Bertrand de Haut de Sigy.
S’il est possible de vous faire accompagner à toutes vos consultations par la personne de votre choix (conjoint, amie, amant …), une question se pose : en quoi « ce coach » qui vous suit partout comme un toutou, est-il particulièrement compétent pour dispenser des soins « post-op » ?
Il existe des kinés spécialisés dans le post-opératoire, vous le saviez ? « Certains des soins que nous pratiquons, comme le post-op après une grosse réduction mammaire, font partie de la nomenclature des actes de kinésithérapie et donnent droit , avec une prescription du médecin, à un remboursement partiel par la sécurité sociale » explique Maica Bianco-Hilaire, kinésithérapeute.
C’est donc vers eux que je vous recommande personnellement de vous tourner une intervention, et vers personne d’autre.
Et quand bien même, les soins que vous souhaitez faire, après un lifting ou une liposuccion par exemple, ne seraient pas pris en charge par la sécu (ce qui est hélas le plus fréquent, l’esthétique étant considérée comme une chirurgie de confort, même si certaines suites peuvent être très pénibles), au moins, vous confiez votre visage ou votre corps entre des mains d’un spécialiste, dûment formé aux techniques post-op, donc qui maîtrise son affaire. La prise en charge kiné varie selon la nature de l’opération . Elle ne se limite pas à un simple drainage. Ces spécialistes ont une vraie connaissance des patients, des techniques chirurgicales, des habitudes de chaque chirurgien, des suites opératoires, des complications, du massage sur peau lésée, etc. D’ailleurs, la plupart ne vous prendront en rendez-vous qu’avec l’accord du chirurgien qui vous a opérée, pour respecter au maximum son travail, ne surtout pas compromettre son résultat (c’est possible !). Certains praticiens acceptent que l’on interviennent sur leur lifting 4 jours après. D’’autres, plus frileux, c’est seulement trois semaines après la sortie de bloc !
En vous adressant à un non-professionnel pour votre post-op, vous risquez tout bonnement de perdre votre temps, souvent aussi, beaucoup d’argent, voire de faire des gestes sur la zone opérée qui ne sont pas du tout recommandés.
«Si les soins délivrés par un non-professionnel venaient à occasionner le moindre problème, la patiente pourrait cependant invoquer la tromperie commerciale car un soin de beauté n’a rien de « post-op », un déli pénal, qui pourrait être sanctionné par une peine allant jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 300.000 € d’amende » précise à toute fin utile Maître Bertrand de Haut de Sigy.
Voilà, voilà, vous savez tout ! A vous maintenant de faire le bon choix !
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Les experts
Bertrand de Haut de Sigy et Monica Bianco-Hilaire
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