10 décembre 2022 – Mise à jour le 13 décembre 2023
En France, les occasions de trinquer ne manquent jamais ! Et la peau dans tout ça ?
L’apéro en sortant du boulot, le petit verre de rouge à table, le Champagne pour fêter tout (et surtout n’importe quoi). Et depuis la Covid, elles se sont même carrément multipliées : « Allez, ce soir, je me fête moi-même ! », Et hop, un petit verre devant sa série fétiche …. Loin de moi, l’idée de condamner qui que ce soit. On est tous pareil dans ce pays. Cependant, comme je vois pas mal de femmes dans mon entourage qui déploient une énergie de dingue pour conserver une peau toujours nickel (culture selfie, oblige), je me dis que c’est un peu bête de faire tout ça et de se la ruiner par ailleurs avec des trucs pas vraiment bon pour elle. Donc, juste deux ou trois trucs à rappeler concernant la bouteille …
L’alcool majore l’inflammation, donc les problèmes de peau !
Au-delà de 8 verres par semaine (soit un peu plus d’un petit apéro tous les soirs), l’alcool devient super inflammatoire. Autrement dit, il majore des problèmes de peau comme l’érythrose (rougeurs), la couperose et la rosacée (en raison de son effet vasodilatateur), mais aussi, l’acné, la dermite séborrhéïque (= les pellicules grasses), l’eczéma et le psoriasis (dont il favorise les poussées).
L’ingestion même d’une petite quantité suffit parfois à déclencher un flush (rougeur instantanée) chez des personnes génétiquement déficientes en aldéhyde déshydrogénase, l’enzyme du foie qui décompose l’alcool. C’est fréquent chez les Asiatiques, qui peuvent ressentir par ailleurs tout un tas de symptômes désagréables (tachychardie, nausées, faiblesse, et j’en passe).
Par ailleurs, l’alcool diminue l’immunité donc rend la peau plus fragile et sensible. Les rougeurs sont plus fréquentes, la tendance à faire des infections et à développer des cancers cutanés augmente.
Le maudit accentue aussi les carences en vitamines (comme la B, qui protège du risque de taches brunes) et la C (on se met alors à faire plus facilement des bleus) et il diminue l’efficacité des traitements esthétiques contre les taches vasculaires et pigmentaires, qui reviennent plus rapidement en raison de inflammation sous-jacente.
L’alcool modifie aussi les volumes du visage !
Il diminue la capacité des fibroblastes à produire du collagène, ça on s’en doute un peu. Mais, le plus surprenant, c’est une étude américaine qui l’a révélé : une consommation modérée peut affecter les volumes du visage à terme, chez la femme. Outre aggraver les poches sous les yeux, il creuse les joues car il a aussi une influence sur la graisse. Etonnant, non ?
Et pour clôturer le tout, l’alcool accentue l’anxiété, les petits coups de blues et les douleurs articulaires. Après un week-end bien arrosé, ne vous étonnez donc pas si, dans les jours qui suivent, vous êtes complètement down. L’explication se trouve au fond du verre ! « L’alcool, tout comme le sucre d’ailleurs, est dévastateur pour l’organisme et plus il est purifié et pire, pire c’est !» indique le Dr François Michel, dermatologue. Pour continuer à boire sans se faire trop de mal, le spécialiste recommande de préférence le vin rouge, riche en resvératrol (plutôt que du blanc, du Champagne ou des alcools forts qui sont plus toxiques) et toujours pendant les repas (plutôt qu’à jeûn). Voilà. Maintenant, ya plus qu’à !
Et la pilule « magique » Myrkl, on y croit ?
Vous avez sans doute entendu parler de ce complément alimentaire, qui prétend diminuer les effets de l’alcool ? Composé de probiotiques , de L-Cystéine (un acide aminé) et de vitamine B12, le produit décomposerait 70 % de l’alcool consommé 60 mn (et 50 % après 30 mn) suivant la consommation. Les calories avalées seraient également brûlées à la même vitesse.
Comment ça marche ? Les bactéries et les autres composés s’activent dans l’intestin avant que l’alcool n’atteigne le foie, le décomposant en eau et dioxyde de carbone (ça, c’est plausible). Le laboratoire suédois qui la commercialise recommande de prendre 2 pilules 2 heures avant la prise d’alcool et met en avant une étude pour prouver son efficacité. « Sauf qu’elle ne démontre rien du tout, en fait ! D’abord, elle est sponsorisée par la société même qui commercialise le produit. Ensuite, elle a été réalisée sur un échantillon très peu représentatif : 14 personnes ! Enfin, les quantités d’alcool administrées sont trop faibles pour qu’on puisse les mesurer dans le sang » résume Patrick Dallemagne, professeur de chimie médicinale à l’université de Caen-Normandie. Bref… Cette nouvelle « pilule du bonheur » qui circule dans les soirées n’est donc qu’une incitation à boire encore et encore. C’est tout. Donc, exit.
L’expert
Dr François Michel
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