9 avril 2025
Aujourd’hui, avec le boom de la médecine prédictive et de longévité, tout le monde est en quête d’un mode de vie plus sain. Le biohacking est un moyen d’y parvenir. Le point avec un spécialiste.
Le biohacking est un terme qui a été popularisé il y a une dizaine d’années, par un entrepreneur de la tech, aux Etats-Unis, Dave Asprey. Il connaissait des problèmes de santé et s’est dit un matin : « Tout comme je peux hacker un système informatique, je devrais aussi pouvoir hacker mon corps et mon esprit pour reprendre le contrôle de ma vie ». Et c’est ainsi que le concept est né : « Bio » pour vie, en grec ancien, et « hacking », pour piratage en anglais.
C’est ce pratique, à un niveau que personne ne veut atteindre, Bryan Johnson, ce milliardaire qui investit toute sa fortune dans sa quête d’immortalité. Pour le vulgum pecus que nous sommes tous, ça s’expérimente de façon beaucoup plus détendue, pas de panique.
A quoi ça sert le biohacking ?
L’objectif est d’optimiser les capacités de chacun à travers des routines appelées « biohacks », qui vont être mises en mettre en place, pour répondre à une problématique précise. Par exemple, vous êtes sportif et cherchez à devenir plus fort ou plus endurant. Ou vous êtes auto-entrepreneur et souhaitez augmenter votre productivité.
« En ce sens, le biohacking diffère de la médecine de la longévité. On n’est pas dans le « bien vieillir », dont on ne peut guère mesurer les effets puisqu’il faut attendre des dizaines d’années pour ce faire. On est dans le « bien maintenant », avec des bénéfices extrêmement concrets et quantifiables, grâce au recours à la technologie, aux objets connectés ou à des analyses biologiques extrêmement ciblées, de sang, de salive, etc. Par ailleurs, il y a une dimension beaucoup plus holistique dans le biohacking. C’est une médecine préventive combinée à du développement personnel, qui s’applique à l’individu tout entier, corps et esprit » explique le Dr Denys Coester, médecin anesthésiste-réanimateur et médecin anti-âge.
Comment faire du biohacking ?
« L’idée, c’est de prendre le contrôle de son environnement interne : hormones, microbiote, système immunitaire, émotions, etc, et de son environnement externe, soit l’alimentation, l’air que nous respirons, le stress, etc. Et tout ceci passe par trois étapes. 1/je recherche les déséquilibres. 2/je les corrige. 3/j’optimise ma santé » explique Denys Coester.
Mais ne me demandez quel spécialiste aller voir pour ce faire ! Il n’existe pas à proprement parlé de consultation de « biohacking ». Comme aux Etats-Unis, certains coachs sportifs utilisent pas mal de mesures de biohacking pour l’entraînement de leurs clients. Attention, toutefois aux charlatans. Certains ont vite fait de se désigner comme « biohackers ».
Si vous êtes intéressés par cette idée de self-optimisation, le mieux est de vous imprégner du concept, et très vite vous verrez que vous êtes en mesure de vous-même mettre en place certaines stratégies très efficaces. Car le biohacking, c’est avant tout du bon sens. Ensuite, si vous avez besoin de plus de compétences pour atteindre vos objectifs, vous ferez appel à des spécialistes dans le domaine qui vous intéresse (sport, nutrition, mental welness, etc). Personne n’a la science infuse. Il ne faut pas hésiter à se faire aider.
Un exemple de biohacking pour optimiser son sommeil
Observez l’impact de votre alimentation. Si vous remarquez qu’en dînant tard, vous peinez à trouver le sommeil, eh bien, avancez l’heure du repas, tout simplement.
Protégez-vous de la lumière bleue des écrans, dont on connaît les effets délétères passé 20 h, ou portez des lunettes filtrantes.
Veillez à dormir dans l’obscurité la plus totale. Au besoin, portez un loup.
Vous pouvez aussi vous aider de plantes médicinales comme la valériane, pour faciliter l’endormissement. A moins que la mélatonine, qui régule le rythme veille-sommeil, fonctionne mieux chez vous ? Ou quelques gouttes d’huile de CBD déposées sous la langue ?
« Ensuite, partant du principe que l’on ne maîtrise que ce que l’on mesure, j’invite à se tourner vers la technologie, qui a quelques bons outils à apporter », indique Denys Coester. Vous pouvez vous équiper par exemple d’un « sleep tracker », un capteur de sommeil qui se présente sous la forme d’une montre, d’une bague, d’un bandeau, etc. L’ objet évalue le sommeil en se basant sur des indices comme l’absence de mouvements ou la diminution de la fréquence cardiaque.
Un capteur HRV (Heart Rate Variability) qui mesure le rythme cardiaque, peut également se révéler utile. Sur certaines applis mobiles, on vous guide en prime dans des exercices de respiration (cohérence cardiaque) qui réduisent le stress et induisent un état de relaxation propice au sommeil.
Ensuite, si cela n’est pas suffisant, il sera toujours possible de vous rapprocher d’un centre spécialisé, pour une polysomnographie, qui examine de façon très complète le sommeil en mesurant une foule de paramètres : l’activité cérébrale et musculaire, les mouvements oculaires, les ronflements, la posture, l’oxygénation du sang, le flux d’air respiré, etc.
Vous voyez l’idée du biohacking ? C’est un ensemble de mesures que vous appliquez au quotidien, dans un objectif précis, pour optimiser votre santé.
Pour d’autres « targets » que le sommeil, il sera possible de recourir à d’autres méthodes comme le jeûne (si vous cherchez à améliorer votre état digestif, par exemple), la stimulation du nerf vague et/ou la méditation (pour lutter contre le stress), l’hormèse (pour renforcer votre endurance), etc. « Nul ne doit être esclave de sa génétique ou de l’éducation donnée par les parents. Il est tout à fait possible de modifier l’épigénétique, tout comme notre état d’esprit grâce à la neuroplasticité, la capacité de notre cerveau à se restructurer. C’est ainsi que l’on parvient à s’affranchir de ce qui aurait pu être un destin pour reprendre le contrôle de sa vie » conclut le Dr Denys Coester.
Alors, prêts à vous hacker de pied en cap ? Ce n’est pas seulement tendance. C’est bigrement efficace réveiller l’être powerful qui sommeille en vous 🙂

L’expert
Dr Denys Coester
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