19 décembre 2024
Quand on parle de longévité, on parle souvent de nutrition, d’exercice physique mais moins souvent de bien-être émotionnel. Pourtant, on sait aujourd’hui que ce dernier influence la santé et la longévité. Moralité : il est temps de se faire du bien et d’apprendre à lâcher prise !
Lâcher prise pour rajeunir ?
Alors, évidemment, ce n’est pas le lâcher prise qui permettra de remplacer votre Botox demain ! Mais plus que de rides, c’est de longévité dont je veux parler car un état de stress chronique est un facteur d’accélération du vieillissement cellulaire. L’ADN est touché. C’est le fameux « raccourcissement des télomères » (extrémités du double brin d’ADN des chromosomes, qui est un indicateur de durée de vie) dont vous avez peut-être déjà entendu parler, avec tous les risques de survenue de maladies (cardiovasculaires, cancers, etc) que cela entraîne. Cependant, good news. Ce vieillissement peut être inversé. Autrement dit, si vous êtes dans une situation de stress intense ou chronique et que vous faîtes ce qu’il faut pour vous en sortir, vous pouvez revenir à un âge biologique cohérent et rallonger un peu la longueur de vos télomères. Voilà qui mérite tout de même de s’arrêter un peu sur la question, non ?
Il y a stress et stress
« Il faut déjà distinguer le stress aigu, qui est une réaction normale de l’organisme face à une situation d’urgence et le stress chronique, intense, qui est pathologique. C’est cette anxiété prolongée, qui s’accompagne d’un sentiment d’angoisse, d’insomnie, d’irritabilité, de difficultés de concentration, de fatigue, de douleurs, d’une altération des émotions, etc. , qu’il est important de combattre car elle fait le lit de la dépression, du « burn out » (*), et prédispose aux maladies » explique le Dr Olivier Dubois, psychiatre et Directeur des Thermes de Saujon (thermalisme psy). Cet état de souffrance +++, certains y basculent d’autant plus facilement qu’ils ont des capacités d’adaptation aux sollicitations du quotidien sans doute plus faibles que celles de certains de leurs petits copains, et que ce sont par ailleurs souvent des perfectionnistes de haut vol, qui mettent la barre trop haut, trop longtemps … L’OMS estime à 13 % le nombre de patients atteints de cette souffrance psychologique dans le monde. Ce n’est pas rien !
(*) Mesurez votre niveau de burn out avec l’échelle MBI (Malash Burnout Inventory)
Il y a donc aussi lâcher-prise et lâcher-prise
Aujourd’hui, tout est lâcher prise, vous n’avez pas remarqué ? Votre séjour dans l’hôtel Truc, votre cours de Brun Yoga … L’expression est tellement galvaudée qu’elle ne veut plus rien dire. Elle a pourtant une véritable signification. « Le lâcher-prise, c’est abandonner le contrôle de façon naturelle, sans médicament ni effort de maîtrise mentale, mais certaines personnes ont plus de difficultés à y parvenir que d’autres. Et plus l’état anxieux se chronicise, plus le lâcher-prise devient difficile à obtenir » explique Olivier Dubois.
C’est par exemple rentrer à vélo du boulot le soir, pour s’offrir une soupape de décompression ou programmer un week-end en amoureux. S‘il n’y a pas d’accentuation de la symptomatologie après ces temps de pause, alors c’est que, malgré tout, vous parvenez à vous adapter. En revanche, si vous n’arrivez plus à opérer cette mise à distance et que les signes d’anxiété vont crescendo, alors il faut agir et tout faire pour trouver des espaces ou des moments de lâcher prise, y compris accepter un arrêt de travail si c’est nécessaire, que le médecin pourra accompagner de médicaments (antidépresseurs) et d’une psychothérapie de type comportementale pendant un temps.
Si votre état s’améliore après 2 à 3 mois, c’est parfait. En revanche, si la souffrance persiste au -delà de 6 mois, c’est que l’action ambulatoire n’est plus suffisante. Il faut alors envisager un lâcher-prise thérapeutique, c’est à dire un éloignement des facteurs de stress avec prise en charge institutionnelle par une équipe de soignants. « Ce qui est un frein considérable à la guérison, c’est de rester dans son environnement, et de subir les commentaires souvent maladroits et accusateurs de l’entourage – du genre « Mais tu es toujours à te plaindre ! ») – qui ne peut hélas pas vous aider car il n’a pas la culture ni la bonne compréhension de la maladie » explique le psychiatre.
Une solution douce qui est assez méconnue, c’est de vous faire prescrire par votre médecin une cure thermale psy sur 18 jours, qui est prise en charge par la Sécurité Sociale et que vous pouvez faire pendant votre arrêt de travail (eh oui !).
Là, dans ce lieu préservé, vous pouvez enfin vous abandonner et échanger avec d’autres curistes qui partagent les mêmes difficultés que vous. L’idée n’est pas simplement de trempouiller dans l’eau (quoi que bénéfique).Vous bénéficiez également d’un accompagnement psychologique. Vous êtes enrôlés dans des ateliers thérapeutiques pour mieux apprivoiser la maladie, installer un nouveau fonctionnement. C’est un peu l’idée des retraites de jadis. « Le thermalisme est une voie de guérison naturelle qui donne des clefs aux anxieux pour les aider à mieux à se gérer, et il a fourni, ces dernières années, les preuves de son efficacité. Des études ont montré qu’il diminuait l’activité cérébrale dans une zone du cerveau, l’insula, qui est fortement impactée par l’anxiété. L’effet de la cure est rémanent, pendant 4 mois au moins. La cure aide à travailler à la résolution des causes du mal, à réviser son mode de vie et prendre de nouvelles résolutions » explique Olivier Dubois. C’est une solution idéale pour éviter de passer par des mesures plus drastiques, à savoir l’hospitalisation 🙁 « De fait, si cette souffrance n’est pas prise en charge, elle risque fort de s’aggraver » indique le spécialiste.
Le psychiatre a mis en place à Saujon, une mini-échelle qui permet d’évaluer le degré de lâcher-prise de ses curistes durant leur cure dont vous pouvez vous inspirer pour un auto-bilan chez vous, à réaliser sur 9 jours. Si, au cours de la cure thermale (ou de toutes autres dispositions que vous aurez prises pour vous relaxer), durant 7 jours sur 9, vous êtes en état de lâcher prise ( = niveau 3 ou 4), l’objectif est atteint. Il faut commencer à vous inquiéter si vous restez bloqués au stade 1 ou 2, et ce pendant plusieurs semaines. C’est le signe que l’angoisse commence à vous dominer.
Mini-échelle des Thermes de Saujon
1 : pas du tout de ressenti de détente
2 : certaine détente ressenti mais vous restez préoccupé pendant les soins
3 : très détendu mais pas au point de s’endormir au cours des soins
4 : détente globale au point de pouvoir s’endormir au cours des soins
Le lâcher-prise passe par l’esprit ET le corps !
Contrairement aux croyances , la psyché ne se reconstruit pas seulement par la parole ou l’écoute. Elle se guérit aussi et peut-être plus encore grâce au corps, qui exprime son mal être par deux voies. L’une est mentale et se traduit par des pensées pessimistes. L’autre est physique. Par l’intermédiaire des nerfs, le cerveau envoie des informations douloureuses au corps, qui peuvent être d’ordre musculaire, tendineux, articulaire … On se sent lessivé, anesthésié, et on perd absolument toute envie de bouger.
User d’une appli de méditation pour lâcher prise n’est donc pas suffisant. Il faut engager le corps à travers une activité physique, des massages, des bains, etc.
Les vertus de l’Eau
Alors évidemment, une eau thermale chargée en minéraux, est toujours préférable. Elle entraîne la stimulation des morphiniques endogènes sous l’effet de la stimulation cutanée. Elle est donc antalgique. Néanmoins, des études ont montré que l’eau de ville possède aussi des propriétés intéressantes dans le lâcher-prise.C’est déjà un super inducteur de relâchement neuromusculaire. L’hydrothérapie réveille les sensations enfouies, les plaisirs oubliés. Elle renvoie aux sensations du fœtus dans le ventre de sa mère, un environnement protecteur et propice à la rêverie, dans lequel les angoisses sont vite diluées. Quand l’over stress s’installe, n’hésitez pas : deux bains tièdes d’au moins 20 mn/jour devraient bien aider à vous relaxer.
L’expert
Dr Olivier Dubois
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