14 octobre 2023
Que ceux qui n’ont jamais eu la trouille de l’aiguille ou d’une quelconque douleur chez le médecin esthétique, lèvent le doigt ! On est tous pareil : un peu flippés tout de même. Mais il y a des façons de contrôler ça.
Souffrir pour être belle n’est plus vraiment le motto tendance. Les spécialistes qui se moquent des ressentis de leurs patients sont aujourd’hui totalement has been. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’ils tendent à disparaître. La prise en charge de la douleur est de plus en plus valorisée au sein des cabinets de médecine esthétique.
Donc, si vous avez la trouille d’avoir mal, faîtes-le savoir ! Il n’y a aucune honte à ça. Le médecin et son assistante seront d’autant plus aux petits soins avec vous. « Souvent, l’angoisse provient d’un stress vécu pendant l’enfance. Une hospitalisation dont on a gardé un mauvais souvenir, en raison de piqûres douloureuses par exemple » explique la Docteure Nabila Merniez, médecin de la douleur & esthétique. Et c’est comme cela que l’on se retrouve par la suite figé par la peur dès que l’on fait face à une blouse blanche. Le geste le plus redouté de tous ? La piqûre bien sûr, à 90 % !
Ouille, ça pique !
Quand on me demande si les injections sur le visage font mal, par exemple, eh bien, que répondre sinon : « bah, oui, un peu tout de même ». Et ça s’explique : « Le visage est parcouru par le nerf trijumeau qui joue un rôle essentiel dans la communication sensitive et sensorielle du visage. Ses fibres sont directement reliées au système limbique qui gère les émotions, comme la peur. Et il suffit que l’on soit dans un mauvais jour pour que la douleur soit particulièrement exacerbée. Même le simple fait d’avoir ses règles peut impacter le ressenti » décrypte la Dr Merniz. Mieux vaut ne pas programmer ses petites retouches d’acide hyaluronique et de Botox dans un moment de fragilité, donc. D’autant qu’il n’y a pas de zone sur le visage qui soit moins douloureuse que d’autres. En revanche certains produits sont connus pour faire plus mal à l’injection, ça on le sait. C’est le cas du Botox, notamment.
Ce qui est surprenant, c’est que les patients sont beaucoup moins inquiets à l’idée de faire une séance de laser ou de peeling ou autre. Savez pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu’ils n’ont aucune idée du genre de douleur que cela peut provoquer 😉
Comme se préparer à une intervention quand on a la trouille ?
Si vous êtes du genre stressé, il faut déjà rechercher le médecin qui saura vous apaiser. Donc, exit l’excité de service, le macho, l’arrogant qui se prend pour Dieu, quand bien même il est réputé star dans son domaine. Ce n’est pas lui qui permettra de tisser «l’alliance thérapeutique idéale » comme on dit dans le jargon, ni d’initier l’« hypnose conversationnelle » qui adoucira votre angoisse.
Ensuite, il faut trouver en soi les moyens de désamorcer sa trouille. Comment on fait cela ? Eh bien, juste avant de partir à sa consult’, on s’organise une petite séance de méditation par exemple, on pratique quelques exercices de cohérence cardiaque ou on s’offre une demi-heure de running pour faire le plein d’endorphines. Ça devrait déjà bien aider à desserrer les dents, tout ça.
« Sinon, ce qui marche super bien, c’est l’auriculothérapie par le froid. Je démarre toujours mes traitements par une séance pour décharger mes patients de leur émotionnel. Ils se laissent ensuite approcher beaucoup plus facilement. On peut programmer le soin jusqu’à deux semaines avant une intervention médicale ou chirurgicale. Maintenant s’il s’agit d’une véritable phobie de l’aiguille, de la salle d’op ou autre, dans ce cas, je préconise l’EMDR, qui est le traitement de première ligne du stress post-traumatique. Une séance par semaine pendant un mois devrait bien apaiser le système nerveux végétatif » assure Nabila Merniz.
Le jour J du traitement esthétique : les petits soutiens à réclamer
Si vous avez peur d’avoir mal avant une injection notamment, sachez que vous êtes parfaitement dans votre droit de réclamer une anesthésie. Ceci entre dans l’obligation de moyens que le médecin a envers son patient.
A minima, ce dernier doit vous proposer une crème anesthésiante, posée 1 heure avant l’acte, sous film occlusif, même si elle n’est pas d’une efficacité folle (à vrai dire, seule la version coréenne dosée à 15 % de lidocaïne fonctionne réellement). Et vous pouvez demander en prime un petit shoot de protoxyde d’azote (Kalinox), que l’on vous fera respirer quelques minutes avant de réaliser le geste (sauf si vous êtes un habitué des somnifères, anxiolytiques ou antidépresseurs. Dans ce cas, ça ne marchera pas et ça peut même avoir l’effet inverse !).
Si cela ne ne suffit toujours pas, alors il y a l’anesthésie tronculaire (la même que chez le dentiste) mais, hélas, tous les médecins ne la pratiquent pas. Dommage, c’est pourtant l’assurance d’une injection avec zéro douleur .
La taille de l’aiguille que le médecin utilise entre en ligne de compte aussi bien sûr. Et celle de la seringue idem, car c’est la pression qui est douloureuse lors d’une l’injection, en réalité. Evidemment, c’est assez compliqué de dire au spécialiste ce qu’il à faire, mais vous pouvez toujours essayer d’échanger avec lui sur la question. A titre d’information, la plus petite taille d’aiguille, c’est la 33 G (prononcez 33 gauge, ce qui correspond à 0, 33 mm de diamètre) et la plus petite taille de seringue, c’est 1 ml. Franchement une injection avec ce matos là, ça change tout (testé pour vous ! ). La canule aussi, quand il est possible de l’employer, a tendance à faire moins mal que l’aiguille puisque son extrémité est émoussée. Et bien-sûr, les injectables avec anesthésiant intégré sont à privilégier. Toujours. Messieurs, vous qui êtes réputés si douillets, j’espère que vous prenez note de tout ceci ! « Il est vrai que d’une façon générale, les femmes résistent mieux à la douleur car elles sont protégées par leurs hormones. En revanche, à la ménopause, elles deviennent plus sensibles » indique Nabila Merniz. Vous aviez remarqué ça ? Bon, alors double dose d’auriculothérapie pour toutes passé 50 ans, alors ! 🙂
L’expert
Dr Nabila Merniz
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