4 octobre 2020 – Mise à jour le 21 octobre 2024
Quelles sont les différentes techniques proposées ? A quel stade de la maladie aborder la question ? L’intervention est-elle risquée ? Toutes les réponses aux questions que vous vous posez.
La reconstruction mammaire est-elle possible dans tous les cas ?
Oui, quasiment !
Est-elle risquée ?
C’est une question que les patientes se posent souvent. « Mais non, la reconstruction n’augmente pas le risque de récidive du cancer du sein et ne gêne pas non plus son dépistage » indique le Dr Krishna Clough, chirurgien spécialiste du cancer du sein, auteur de « Confidences et Vérités sur le cancer du sein » (Ed. Larousse).
Les femmes sont-elles nombreuses à demander cette intervention ?
Non, en France seulement 1 femme sur 4 en bénéficient actuellement. C’est un choix éminemment personnel qu’il convient de respecter. Après toutes les épreuves endurées, certaines souhaitent simplement savourer leur victoire sur le crabe. C’est plus que compréhensible. Leur féminité et leur sexualité n’en sont pas entachées pour autant. D’autres n’ont simplement pas reçu l’information suffisante sur les possibilités de reconstruction et là, c’est plus grave.
A quel moment aborder le sujet de la reconstruction avec son oncologue ?
Inutile d’attendre la fin de chimiothérapie. Dès le premier rendez-vous avec le sénologue, ce dernier sera en mesure de vous confirmer si la reconstruction est possible. Il faudra alors vous mettre en relation avec une équipe spécialisée dans la reconstruction mammaire, du public ou du privé. Tous les sénologues et les plasticiens ne sont pas des pros de la reconstruction du sein, il faut le savoir !
Qui est une bonne candidate à la reconstruction ?
La patiente super motivée car cette chirurgie est longue et nécessite deux, voire trois gestes opératoires. Tout le monde n’a pas le courage de se lancer dans une telle entreprise après la maladie. Ce n’est pas grave. La reconstruction peut être programmée dès que vous vous sentirez plus ou forme ou plus tard.
A quelle distance de la chirurgie peut-on intervenir ?
Dans la plupart des cas, la reconstruction peut être réalisée dans les suites mêmes de la mastectomie (reconstruction immédiate). Seules certaines tumeurs étendues où l’on a retiré beaucoup de peau peuvent constituer un frein. Ou le mauvais état général de la patiente. Les traitements par radiothérapie ne sont plus, pour la plupart des équipes médicales, une contre-indication à l’opération. Sur les 30 % de femmes qui se font reconstruire, seules 20 % bénéficient d’une reconstruction immédiate. Les autres optent pour une reconstruction secondaire, réalisée six mois minimum avant la fin de tous les traitements. « Il y a souvent une tendance à idéaliser la reconstruction immédiate. En réalité, les patientes peuvent être déçues si elles ne sont pas bien informées des avantages et des inconvénients de cette dernière » précise le Dr Krishna Clough.
Quelle est la technique de reconstruction la plus utilisée ?
La pose de prothèses, dans 85 % des cas environ, suivie des techniques de reconstruction par lambeaux autologues (soit, avec les propres tissus de la patiente, prélevés dans le dos ou dans le bas-ventre). La décision se prend avec la patiente en fonction du volume du sein, de la qualité de la peau et des éventuelles contre-indications (tabagisme, obésité, mauvais état général …).
A qui propose t-on les implants mammaires ?
A celles qui ont conservé suffisamment de peau après la chirurgie du cancer ou que la radiothérapie n’a pas trop abîmée. Il faut que le tissu soit suffisamment souple pour pouvoir y glisser les prothèses. A noter : suite à l’affaire du Lymphome Anaplasique à Grandes Cellules, seuls les implants anatomiques micro-texturés ou les prothèses lisses, rondes sont utilisés.
La technique: Les prothèses sont le plus souvent placées sous la peau, derrière le muscle pectoral, via la cicatrice laissée par la mastectomie. L’intervention dure environ 1 h 30. Les suites sont plus longues qu’après une simple pose de prothèses en esthétique (environ un mois) car il faut en prime recréer le sillon sous-mammaire. Un arrêt de travail d’un mois est généralement nécessaire.
Avantages :
- La technique est compatible avec un traitement de radiothérapie. « On sait que l’irradiation peut parfois « figer » le résultat de la reconstruction, occasionner la survenue de « coques », des contractures autour de la prothèse pouvant détériorer la forme des seins. Ce n’est pas très grave car ce premier temps opératoire permet de démarrer la reconstruction quand la peau est encore souple. Ensuite, six mois après la fin des traitements, le résultat pourra, si besoin, être amélioré. Dans ce cas, on rouvre partiellement la cicatrice, on retire la prothèse et la coque qui s’est formée autour. Puis, dans la loge ainsi constituée, on glisse une nouvelle prothèse » détaille le Dr Sarfati, chirurgienne plasticienne à l’Institut du Sein, à Paris.
- La reconstruction ne crée pas de cicatrice supplémentaire. Le chirurgien utilise celle laissée par la mastectomie.
Inconvénients :
- L’implant est un corps étranger. Tout le monde n’est pas à l’aise avec cette idée après un cancer du sein.
- Le résultat d’une reconstruction par prothèse peut parfois manquer de naturel, en raison de l’absence de glande mammaire (aspect un peu trop perché, bombé du sein)
- Une prothèse nécessite une « maintenance ». Elle doit être surveillée et souvent remplacée après dix ans.
Reconstruction secondaire du sein gauche par prothèse,
réduction du sein droit, tatouage et greffe de mamelon
Pour qui la reconstruction par DIEP ?
Celles qui ont du ventre et qui auraient pu être d’excellentes candidates à une plastie abdominale, car le sein est reconstruit à partir de la peau et de la graisse de l’abdomen. Un test pour vérifier que vous êtes bien dans ce cas : « Penchez-votre buste vers l’avant. Si vous pouvez empoigner le volume d’un bon sein sur la peau du ventre, c’est que l’excès cutanéo-graisseux est suffisant ! » indique le Dr Isabelle Sarfati.
La technique : un morceau des tissus est prélevé au niveau du bas-ventre avec ses vaisseaux puis « rebranché » au niveau du thorax. Le site donneur est refermé. La patiente est ensuite relevée en position assise. Le DIEP est positionné au niveau du buste et sculpté pour donner une jolie forme de sein. L’intervention dure en moyenne 5 heures. Les suites au niveau du ventre sont à peu près comparables à celle d’une plastie abdominale esthétique. Au niveau du thorax, ce n’est pas douloureux. En revanche, comme on sort d’une longue opération, on est souvent très fatigué. Prévoir un arrêt de travail de 6 à 8 semaines.
Avantages :
- Le sein est reconstruit et le ventre est plat.
- Il présente un aspect souple et très naturel. On peut même le faire légèrement tombant si on veut.
Inconvénients
- La technique entraîne un pourcentage d’échecs non négligeable (entre 1% et 10 % selon les équipes), en raison du risque de nécrose du lambeau.
- L’intervention laisse trois cicatrices : la plus grande, d’environ 10 cm de long se situe au niveau du bas-ventre (planquée par le slip), l’autre au niveau du nombril, la troisième au niveau du sein.
Mastectomie droite avec conservation de l’aréole
et du mamelon et reconstruction par DIEP
Pour qui la reconstruction par lambeau de grand dorsal ?
Celles chez la chirurgie du sein a ôté beaucoup de peau et qui ne ne peuvent pas (ou ne veulent pas) bénéficier d’un DIEP parce qu’elles n’ont pas assez de ventre. Ou encore celles dont la peau a été trop abîmée par la radiothérapie.
La technique : Un lambeau de peau et de muscle et ses vaisseaux, sont prélevés sous l’omoplate, puis transférés à l’emplacement du nouveau sein, avant de sculpter ce dernier. Un implant mammaire peut compléter le volume s’il est insuffisant, ou plus tard un lipofilling (greffe de graisse). L’intervention dure entre 2 et 3 heures. Un arrêt de travail de 6 à 8 semaines est délivré.
Avantages :
- Un taux d’échec très faible
- Une cicatrice peu visible, cachée dans le soutien-gorge.
Inconvénients :
- Environ 30 % des patientes se plaignent d’une sensation de « carcan » après l’intervention. D’où l’importance de suivre une bonne rééducation pour assouplir les tissus en post-op. En revanche, la crainte d’être gênée dans ses mouvements ou de perdre de la force musculaire sur le bras du côté opéré, n’est pas fondée. Le grand dorsal n’est pas indispensable dans les gestes du quotidien. Son absence est parfaitement supplée par les muscles de l’épaule.
Mastectomie sein droit avec reconstruction immédiate par lambeau de grand dorsal et prothèse,
reconstruction de l’aréole et du mamelon par tatouage et greffe.
remodelage et légère réduction du sein gauche.
Pour qui la reconstruction par lipomodelage ?
« Cette greffe de graisse autologue est encore peu utilisée comme technique de reconstruction à part entière. La plupart du temps, la graisse vient compléter un résultat de reconstruction par prothèses ou lambeau de grand dorsal » explique le Dr Krishna Clough. Elle est proposée aux femmes qui ont des seins de petit ou moyen volume et réalisée à la fin de tous les traitements, plus ou moins tôt selon chaque cas.
La technique. Elle consiste à prélever par liposuccion, de la graisse dans un endroit étoffé du corps, puis à la réinjecter dans le sein, après avoir reconstruit un sillon sous-mammaire. Les suites de la première intervention sont cependant plus lourdes que celle d’un lipofilling des seins en esthétique car le chirurgien doit reconstruire en prime le sillon sous-mammaire. L’intervention dure environ une heure. Un arrêt de 3 à 5 jours est délivré.
Avantages :
- Une absence totale de corps étranger dans le sein, un produit 100 % naturel.
- Pas de cicatrice autre que celle laissée par la mastectomie. L’injection de graisse se fait à la canule, à travers de mini-incisions.
- Un geste rapide, des suites simples
- La patiente bénéfice en même temps des résultats d’une liposuccion dans la zone de prélèvement.
Inconvénients :
- Les grosses poitrines sont écartées d’emblée. Les corps trop minces aussi.
- 4 à 6 interventions sont généralement nécessaires pour atteindre le résultat souhaité. Et c’est une anesthésie générale à chaque fois et deux mois d’attente entre chaque lipofilling.
- La zone de prélèvement est moulée dans un lipo-panty pendant 1 mois comme après toute liposuccion.
- La survenue de kystes (lipomes) est possible dans les semaines/mois qui suivent l’intervention. Ils sont bénins et faciles à retirer. Néanmoins après un cancer du sein, cette complication peut être mal acceptée.
Reconstruction du sein gauche avec de la graisse et maquillage de l’aréole
A quel moment la symétrisation de l’autre sein est-elle possible ?
Le plus souvent dans le même temps opératoire.
Quand peut-on reconstruire l’aréole et le mamelon ?
Deux mois après la chirurgie de reconstruction du sein, le temps que les tissus cicatrisent. Néanmoins il est possible de reconstruire le volume du sein, sans faire reconstruire l’aréole et le mamelon. Certaines patientes se satisfont très bien de cela. Il est possible aussi d’utiliser des prothèses externes (Pink Perfect) qui reproduisent à s’y méprendre la plaque aréolo-mamelonnaire.
Quelles sont les techniques de reconstruction proposées pour la plaque aréolo-mamelonnaire ?
La dermopigmentation corrective est la technique la plus simple pour reconstruire l’aréole et la greffe de lambeau autologue pour reproduire un mamelon plus vrai que nature, en relief.
La peau est prélevée sur l’autre mamelon ou sur les petites lèvres). Le mamelon est ensuite reconstruit en enroulant la peau sur elle-même. Les suites ne sont pas douloureuses.
L’aréole et le mamelon reconstruits ont-ils une sensibilité érogène ?
Non, mais il est possible de récupérer une sensibilité en périphérie.
L’allaitement est-il possible après une reconstruction mammaire ?
Oui, mais pas sur le sein reconstruit.
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