16 mai 2020
On les coiffe, on les lave, on les colore … Mais quelle utilité ont vraiment les cheveux pour mériter toute cette attention ?
Ce qui est bien avec le confinement, c’est qu’on en vient à se poser des questions existentielles à tout propos. Avant hier : Tiens, pourquoi j’ai des ongles ? Hier : Et pourquoi j’ai cinq doigts ? Quant aux cheveux, ils n’ont jamais pris autant d’importance dans nos vies (les coiffeurs et les coloristes idem). On s’est rendu compte à quel point, on pouvait être moche mal coiffé. Mais on s’est aussi dit « : Mais quelle aliénation ces colorations toutes les cinq semaines, quand même ! ».
Bref, le cheveu, ç’aura vraiment été l’un des sujets forts du confinement. Ce qui explique mes interrogations : et si on n’avait plus un poil sur le caillou un jour, est-ce que ça changerait vraiment la face du monde ? Il y a déjà des milliards de chauves sur la planète, pourquoi continue t-on d’avoir des cheveux ?
Du coup, j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé le Dr Jonathan Fernandez, qui est un chirurgien plasticien, spécialiste des greffes capillaires. Donc, forcément, la fibre capillaire, ça lui parle. Evidemment, il ne s’attendait pas à cette question. « Heu … pourquoi on a des cheveux … heu, oui, j’y réfléchis un peu, hein, on se rappelle demain ? « .
Voici le résumé de l’échange, sachant que je me suis concentrée strictement sur le rôle physiologique du cheveu, pas son rôle « social », histoire de ne pas non plus passer des heures sur ce sujet qui n’a pas une utilité folle.
Alors, les cheveux, c’est un reliquat de la petite fourrure que l’on avait sur le corps, il y a trois millions d’années. Et si on les a conservés sur la tête, c’est pour une raison bien simple : protéger le cerveau ! Plus l’intelligence s’est développée et plus il est devenu nécessaire d’équiper cet organe noble, pour mieux le protéger, surtout le cortex qui est la partie la plus exposée. Alors, bien-sûr, la fibre capillaire, ce n’est pas non plus du Kevlar. Mais malgré tout. C’est quand même une petite protection mécanique, en cas de chute notamment. Les cheveux protègent aussi la peau du cuir chevelu et les oreilles contre les aléas climatiques : le froid (on s’évite les engelures) et les UV (c’est quand même la meilleure des parades qu’on ait trouvé contre les cancers cutanés). Ils épongent la transpiration (c’est peut-être pour cela que les chauves conservent souvent une petite couronne à l’arrière de la tête… Pour ne pas que les gouttes de sueur ne coulent pas dans le dos !), et surtout ils jouent un rôle majeur dans la thermorégulation (le mécanisme régulateur par lequel la température interne du corps reste constante).
AURA T-ON DES CHEVEUX ENCORE DANS 30.000 ANS ?
Voilà, la bonne question. Eh bien, rien n’est moins sûr ! Aujourd’hui leur utilité est déjà toute relative car on ne vit plus dans des conditions climatiques extrêmes depuis un bail : on est bien planqué au chaud dans nos apports, on porte des bonnets quand il fait -10°C ou des casquettes quand il fait 40 °C, on se déplace en voiture, … Bref, on a un tas de moyens à notre disposition pour assurer la protection du cerveau et du cuir chevelu. Donc, d’ici quelques milliers d’années, on se demande bien à quoi servirait encore une chevelure sur le crâne … D’autant, qu’esthétiquement parlant, les codes peuvent aussi changer.
« Il y a déjà des muscles qui sont en train de disparaître, comme le fléchisseur profond du cinquième doit qui permettait à nos ancêtres de grimper en s’aidant des mains, mais aujourd’hui, 30 % de la population ne l’a déjà plus. Les dents de sagesse non plus, n’ont plus d’utilité puisqu’on ne mâche plus avec la partie postérieure de la denture. Elles finiront donc un jour aussi par tomber. Alors, pourquoi pas les cheveux ? D’ailleurs, quand on représente les aliens dans les BD et les films, ils sont toujours dégarnis, ce qui n’est pas si mal vu en fin de compte … », analyse le Dr Jonathan Fernandez. Ah oui, tiens, c’est vrai ça ! Mais alors vu comme cela, les chauves ont carrément un temps d’avance sur les chevelus ! Oui, peut-être … Sauf que la calvitie est aussi un indicateur de risque pour les maladies coronariennes (une étude avait déjà montré cela déjà dans les années 2000). Les hommes qui ont une sévère calvitie sur le dessus du crâne courraient plus de risques que les autres …
Wait & see, j’ai envie de dire ! 😉
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