11 mars 2023 – Mise à jour le 14 février 2024
On ne pense pas toujours aux conséquences que peut avoir une transformation physique sur sa progéniture. Les conseils d’un psychiatre avant de vous lancer.
Claudia a subi récemment un lifting et m’explique que ses enfants lui ont mené la vie super dure pendant un temps. « Ils ne voulaient pas que je fasse cette opération et m’ont tiré la gueule pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce qu’ils voient le résultat et acceptent », m’explique t-elle. Un témoignage qui ne m’est pas étranger. J’ai moi-même connu cela avec ma propre mère, qui avait fait un lifting autour de ses 60 ans et j’avais été odieuse avec elle. Surtout quand elle était rentrée du bloc, avec tous ses bleus, comme passée à tabac. Il faut dire qu’elle ne m’avait rien expliqué avant de se faire opérer.
« Il faut toujours bien réfléchir avant un acte esthétique, qui a des répercussions sur toute la famille » explique le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre. Evidemment, on ne parle pas d’une simple injection de Botox, indétectable, mais de l’acte qui transforme de façon visible la personne, a fortiori s’il touche à son identité même, le visage (chirurgie des paupières, rhinoplastie, profiloplastie, sourire, « liquid lift », etc).
IL FAUT TOUJOURS PARLER AVEC SES ENFANTS DE SES PROJETS D’INTERVENTION ESTHÉTIQUE
Une transformation physique, ce n’est pas comme changer de vêtement ou de voiture. Et une maman est bien plus qu’un être humain aux yeux d’un bambin. C’est une partie de lui-même et il se construit par rapport à cette image iconique. Tout changement chez l’être idolâtré peut donc fortement le stresser.
Si vous avez décidé de cacher l’intervention à vos collègues de bureau, soit. Mais vous devez impérativement en parler avec vos enfants et surtout, bien leur en détailler les raisons (même s’ils ont ont trente ans !). « Les enfants sont terriblement normatifs. Ils ne supportent aucun changement. Parfois même des parents qui se déguisent pour faire les clowns, ils n’apprécient pas du tout » indique Jean-Christophe Seznec. Evidemment, si la personne qui partage l’autorité parentale avec vous peut vous appuyer sur le sujet, c’est encore mieux pour faire passer la pilule.
Avant toute intervention esthétique, il faut être capable de répondre à ces trois questions : 1/ A quelle envie, cette opération répond t-elle ? (par exemple, vous aimeriez retrouver un visage moins fatigué). 2/A quel besoin ? (ceci renvoie à un quelque chose d’essentiel à vos yeux, du genre : votre intervention vous permettra de vous sentir mieux dans votre peau). 3/ En quoi cette chirurgie m’est-elle adaptée ? Autrement dit, en quoi le projet est-il cohérent avec vos valeurs familiales, culturelles ? Exemple : vous avez toujours eu à cœur de prendre soin de vous et souhaiteriez vieillir en harmonie avec vous-même. Ce cheminement est essentiel pour faire accepter la transformation aux autres mais aussi bien la vivre vous-même ! En résumé, pour qu’une chirurgie soit couronnée de succès, il faut qu’elle soit porteuse de sens.
Et si malgré toutes vos explications, le petit est toujours en guerre contre vous, alors là, il faudra affirmer votre autorité. A savoir : « C’est n’est pas ton choix, mais c’est le mien et il faut que tu le respectes ».
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IL FAUT EN REVANCHE PRÉSERVER LES ENFANTS DES SUITES DIFFICILES DE L’INTERVENTION ESTHÉTIQUE
Ben oui, une maman qui rentre à la maison comme si elle avait été bastonnée, ça traumatise ! Chez un enfant encore petit, cela peut même déclencher une terrible angoisse. Et chez une adolescente qui vit la pleine transformation de son corps, donc qui déjà très en colère contre elle-même, imaginez si elle doit en prime affronter celle de sa mère !
Donc, on évite d’exposer la phase hard, svp : les fils de suture, les ecchymoses qui passent par toutes les couleurs, la tête qui a triplé de volume … , et de se plaindre aussi à tout bout champs, « Ça tire … Mon Dieu la tête que j’ai … Et si c’était raté ?… « . Cette chirurgie est votre choix. Vous n’allez pas en prime ajouter à l’angoisse de votre entourage, votre angoisse ? Envoyez les enfants quelques jours chez Papy et Mamie ou profitez des vacances scolaires, pendant qu’ils sont au stage de voile, pour faire votre petite affaire. Comme ça ni vu ni connu (ou presque).
L’expert
Jean-Christophe Seznec
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