Chirurgie esthétique : quand mère et filles se clonent

23 octobre 2025

Les Kardashian n’en finissent plus de faire couler de l’encre avec leurs looks toujours plus audacieux. Mais qu’en disent chirurgiens et psy ?

Les ultimes photos postées par Kris, qui la montrent quasi aussi jeune et fraîche que sa fille Kim, on re-déclenché un méga-buzz sur les réseaux, bien compréhensible ma foi. Encore un joli coup de comm du clan K., mais qui laisse, cette fois, un sentiment de malaise beaucoup plus grand. 

Il y a quelque temps, j’analysais le phénomène, Tu as 60 ans et tu en fais 30, avec une conclusion qui était au final plutôt positive. Si la métamorphose rendue possible par la chirurgie vient nourrir une identité en perpétuelle évolution, où est le problème d’afficher quelques années de moins que son âge ? Mais là, on bascule dans un tout autre registre : celui de la rivalité mère-fille, qui n’existe peut-être pas dans la vraie vie, entre-elles. Néanmoins, le spectacle qu’elles donnent à voir est un peu affligeant.

Quand l’IA fait de gros miracles

Aujourd’hui, personne ne se montre tel qu’il est sur les réseaux, et on le sait bien. Mais si un léger filtre peut passer pour une politesse (finalement, c’est comme se repoudrer le nez), user massivement de l’IA pour se refaire le portrait alors qu’on sort du bloc est non seulement d’une malhonnêteté totale, mais en prime complètement tordu ! Quoi, elle n’était pas satisfaite de son intervention qui l’avait déjà rajeunie de quinze ans, il fallait qu’elle en fasse quinze de moins ?! Sur ses photos, la mère K. a tellement joué de la gomme magique qu’on ne la reconnaît plus.

Il est évidemment impossible d’obtenir, même avec un lifting très réussi, un rajeunissement aussi spectaculaire. Et à ce propos, on a plus que marre de voir défiler sur les réseaux, tous ces avant-après complètement trafiqués. Car celui de la socialite n’est pas le seul. Les Chinois sont passés maîtres dans l’art de nous faire passer des vessies pour des lanternes. La mamie transformée en gamine de quinze ans, on n’en peut plus !

« La morphologie même de son visage a changé. Pour atteindre le résultat de la photo où elle se montre avec Kim, il aurait fallût qu’elle subisse une chirurgie de réduction des maxillaires pour affiner son ovale. On voit par ailleurs sur le cliché qui montre le vrai résultat, qu’elle a une déviation de la cloison nasale qui a complètement disparu sur la photo retouchée. Son sillon nasogénien est complètement lissé, ce qui est absolument impossible à obtenir en chirurgie. Le lifting n’atténue que très peu ces plis, qui sont la conséquence d’une adhérence très forte entre le muscle orbiculaire qui entoure la bouche et la peau. On voit par ailleurs sur la photo retouchée, un regard très ouvert qui pourrait signer un fox eye lift. Mais heureusement qu’elle n’en n’a pas bénéficié.Ç’aurait été le geste de trop. Son visage aurait perdu tout son naturel. Enfin, on ne distingue plus du tout son relief cutané, ce qui est impossible, même après mille et un lasers. Elle aurait une peau qui aurait perdu toute élasticité, complètement cartonnée et figée » analyse le Dr Robin Mookherjee, chirurgien plasticien.

Un coup de projecteur qui ravive la compétition mère-fille

Avec ce nouveau look, coupe courte et colo blond platine, Kris se place dans une position d’égalité avec sa fille, ce qui n’envoie pas les signes d’une relation apaisée. Elle indique ici clairement qu’elle entre en concurrence avec elle. Et par conséquent, si elle a le même âge que Kim, elle peut prétendre aux mêmes activités, aux mêmes amants, …à sa vie, quoi  !

Mais rien n’est jamais trop choquant pour les Kardashian, surtout lorsqu’il s’agit de soutenir Kim, en pleine promo de sa ligne de shapewear.

« Elles parviennent sans doute à surmonter cela parce qu’elles sont dans une théâtralité permanente, une véritable comédie humaine. Cependant, il n’est pas dit que leurs abonnés sur les réseaux gardent la même distance. Ce jeu de déréalisation peut avoir un réel impact sur certaines personnes, notamment celles de jeunes filles fragiles, chez qui ce type de communication peut générer de fortes angoisses, des troubles psychotiques, car le message implicite semble dire qu’il faut affronter sa mère pour exister, construire son identité  » explique le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre. La mère a un rôle structurant, normalement. Elle ne doit pas endosser celui de la meilleure copine ni de la sœur, et encore moins laisser cet âpre sentiment qu’elle peut à tout moment prendre la place de sa fille ! 

A ce petit jeu du « je suis aussi jeune que toi », tu risques fort de te brûler les ailes !

Dans cette maîtrise jusqu’au boutiste de son image, Kris rejoue le mythe prométhéen : elle défie la marche naturelle du temps, se donne le pouvoir de façonner ses propre chair comme Prométhée vole le feu aux Dieux, mais au prix du même châtiment, celle d’une beauté artificielle qui peut générer encore plus de frustrations car elle ne lui restituera jamais sa jeunesse. 

Un petit jeu qui n’est pas sans évoquer aussi le conte de Blanche-Neige … Kris ne tend peut-être pas la pomme à Kim mais c’est bien une pomme psychologique, subtilement empoisonnée.

« Et pousser la ressemblance à ce degré a une autre incidence. C’est faire abstraction du fait que votre existence se définit aussi dans le regard de l’autre. Donc, si vous apparaissez comme son clone, vous perdez votre identité » indique Le Dr Seznec.

« Heureusement, nous voyons bien plus souvent en consultation des mères qui encouragent leurs filles à réaliser l’intervention dont elles rêvent, ou des filles qui soutiennent leurs mères dans leur projet, que ce genre de situation malsaine » rassure le Dr Mookherjee.

Et je parie fort que Kris ne s’en arrêtera pas là. Elle peut donner une suite au spectacle et se façonner (se « shaper » pour reprendre une expression chère à la famille) un body super-athlétique et balancé, à l’image de celui de ses filles. Ce serait suffisamment shocking pour qu’elle envisage ce next step. Allez, en route pour le transhumanisme avec la K. family !

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Les experts

Drs Jean-Christophe Seznec et Robin Mookherjee