26 juin 2025
La technique revient à fond. Mais que pensent les médecins de ce nouveau toc beauté ?
Pour rappel, le microneedling est une technique qui consiste à microperforer la peau à l’aide d’aiguilles. Les micro-lésions occasionnées entraînent alors un processus de cicatrisation qui stimule la production de collagène, le renouvellement cellulaire, et favorise la régénération cutanée.
Voilà pour la théorie. Maintenant, soyons clairs, quand une technique, à l’origine médicale, envahit le marché cosmétique, comme c’est le cas aussi de la radiofréquence bipolaire, c’est parce qu’entre les mains des spécialistes, elle ne fait plus tellement recette. Comme le dit le Dr Diala Haykal, médecin esthétique, « on dispose de technologies tellement performantes aujourd’hui … ». De fait, les médecins ont un tas de moyens pour microperforer la peau avec, en prime, des sources d’énergie (radiofréquence, laser, etc.) associées, qui décuplent l’efficacité des aiguilles. Donc, les petites roulettes et les stylos, c’est toujours utilisé, mais bon …
C’est efficace le microneedling chez soi ?
Pour le Dr Diala Haykal, médecin esthétique : « Oui certainement, dès lors qu’on le pratique de façon répétitive, durant des années ». Le Dr Bernard Peyronnet, dermatologue, se montre plus sceptique : « Quand on voit les efforts que l’on doit déployer dans nos cabinets pour traiter les peaux atones, j’en doute … ».
Le principe, c’est que plus les aiguilles pénètrent profondément et plus le geste est efficace. Les médecins vont d’ailleurs jusqu’à faire saigner la peau. Evidemment, avec vos petits outils, il n’en est pas question. Donc, la longueur des aiguilles est volontairement limitée. Il n’est pas possible de l’ajuster comme sur les dispositifs des médecins.
Certains devices utilisent des picots plus que des aiguilles, dont l’action est localisée à la couche supérieure de la peau, l’épiderme. Le bénéfice en termes de stimulation cutanée n’est pas dingue. L’intérêt est surtout de faciliter l’absorption des produits cosmétiques.
D’autres outils pénètrent plus profondément, jusqu’à 0, 2 mm. Une profondeur suffisante argumentent les marques pour obtenir des résultats (sachant que les médecins, interviennent, eux, à partir de 0, 5 mm, soit à hauteur du derme superficiel). C’est en effet un peu plus stimulant.
Reste qu’il n’est pas toujours facile de connaître la profondeur d’action de ces petits équipements, les notices étant souvent pauvres en explications.
C’est risqué le microneedling ?
Ça peut. A part du moment où il y a effraction cutanée, le geste n’est plus cosmétique. C’est du reste pour cette raison que la technique est, pour rappel, interdite dans les instituts de beauté.
Réalisé à un niveau strictement épidermique, les risques sont limités. « Néanmoins, mieux vaut éviter le geste si le visage présente des lésions d’acné ou d’herpès car il est possible de les propager à l’ensemble du visage ! » indique le Dr Muriel Creusot, dermatologue. Ah oui, quand même …
A 0, 2 mm, ça devient un peu plus casse-gueule. » Si la peau est fine, le geste n’est plus si superficiel que cela puisqu’on est dans la jonction entre le derme et l’épiderme, avec tous les risques que cela implique » poursuit la spécialiste. « Notamment celui de favoriser la pro-pénétration de cosmétiques qui ne sont pas formulés pour franchir la barrière épidermique, contrairement aux acides hyaluroniques injectables, qui sont classés, eux, comme « dispositifs médicaux » ».
Du coup, vous n’êtes pas à l’abri d’une réaction allergique, voire de la survenue de granulomes (petites boules indurées, douloureuses signant une vive réaction de rejet de l’organisme). Si, si, cela a bien été décrit !
Quelque soit la profondeur d’action, la pratique n’est pas très recommandée non plus aux peaux présentant une rosacée (plus fréquente qu’on ne le croit, lire ici : Rougeurs sur le visage : et si c’était de la rosacée ?) et/ou de la couperose. Vous ne ferez que les fragiliser davantage. Idem pour l’utilisation du device avant une exposition au soleil. Il y a toujours un petit risque de provoquer une hyperpigmentation (des taches), surtout si votre peau est mate.
« Certaines utilisatrices peuvent être aussi tentées d’utiliser le device sur les paupières, ce qui est peu recommandé à une main inexpérimentée » poursuit le Dr Peyronnet. La peau y est particulièrement fine. Une pression mal ajustée et on peut vraiment abîmer sa peau. Idem pour le décolleté et le dos des mains. Le cuir chevelu constitue une zone plus safe. « Toutefois, les aiguilles peuvent propager plus largement une folliculite ou une mycose « indique le dermatologue.
Alors, j’entends déjà certaines d’entre-vous marmonner dans leur barbe : «Mais je fais du microneeling, moi, depuis des lustres et il ne m’est jamais rien arrivé ! ». Eh bien tant mieux pour toi ma chérie, mais d’autres n’auront peut-être pas ta chance.Tout dépend de la profondeur du geste, de la façon dont il est réalisé, de l’épaisseur et de la couleur de la peau … « Pour ce qui me concerne, le microneedling n’est pas un geste que je recommanderais à mes patients. C’est prendre des risques inutiles » indique le Dr Muriel Creusot.
Et l’asepsie, on en parle ?
L’hygiène du « beauty tool » est aussi un sujet. Interdiction formelle de le laisser traîner sur un rebord de lavabo ou à proximité d’une main d’enfant qui serait tentée de jouer avec. Si les aiguilles souillées franchissent la jonction dermo-épidermique, il y a un vrai risque d’infection. « De toute façon, dès qu’il y a effraction cutanée, mieux vaut prendre la précaution de désinfecter l’embout à picots avec de la Bétadine avant de l’utiliser » recommande le Dr Peyronnet.
Bref, tous les dermatos ne sont pas hyper-enthousiastes à l’idée que leurs patients fassent mumuse avec ces petits outils. Mais vous voilà maintenant prévenus des risques. Maintenant, à vous d’aviser si le jeu en vaut la chandelle (ou pas !).
La question qui tue : est-ce que je pratiquerais cette technique sur moi ?
Non, parce que j’ai la peau bien trop réactive pour cela, un phototype qui pigmente pour un rien, et que je préfère les vrais traitements encadrés plutôt que de faire mumuse. Mais il faut dire que je suis très bien entourée !



Les experts
Dr Diala Haykhal, Muriel Creusot, Bernard Peyronnet
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