23 janvier 2021 – Mise à jour le 1 février 2022
Le Botox ne fonctionne pas que sur les rides. Les résultats sont aussi spectaculaires sur les maux de tête chroniques, la transpiration abondante et les urgences « pipi » (quand elles sont récurrentes).
BOTOX ET MIGRAINE
Cette maladie cérébrale se caractérise par une hyperexcitabilité de certains neurones. La faute à pas de chance. On naît comme ça. Et même le plus souvent, on en hérite. 15 à 20 % de la population sont touchés et 1 % à 2 sont des migraineux chroniques, c’est-à-dire qu’ils endurent des céphalées plus de 15 jours par mois, dont 8 jours au moins de migraine. Une maladie qui prive de vie sociale tous ceux qui en sont atteints. Heureusement, la plupart du temps, elle s’estompe avec l’âge, après 50 ans. Mais certains malchanceux la subissent jusqu’à leur dernier souffle. « Ça commence par une migraine standard. Puis, au fil des années le mal se chronicise et il est aggravé par le stress, la prise de certains médicaments, etc» explique le Dr Danièle Ranoux, neurologue spécialiste du traitement des céphalées, attachée au Centre d’Evaluation et du Traitement de la Douleur de la Fondation Rothschild à Paris et au CHU Dupuytren à Limoges. La toxine botulique est généralement proposée aux patients après l’échec d’au moins deux traitements de fond (bêtabloquants, antiépileptiques, etc) permettant de limiter l’excitabilité cérébrale. « Je n’hésite pas à la prescrire en première intention aux patients jeunes ou âgés qui ne supportent pas ou plus les traitements de crise qui leur sont donnés » indique le Dr Ranoux. Approuvée depuis plusieurs années dans la plupart des pays Occidentaux, avec un niveau élevé de preuve et une bonne tolérance, elle vient enfin d’obtenir (juin 2021) une extension d’indication en France dans l’indication de la migraine chronique ce qui va permettre à un nombre plus important de médecins de l’utiliser désormais.
Comment ça marche le Botox sur les migraines ?
Les crises de migraine s’accompagnent souvent de contractures musculaires douloureuses, au niveau des trapèzes, des muscles du cou, des tempes, entre les sourcils, etc. A la longue, elles ont tendance à devenir chroniques et à entretenir le cycle des migraines. « C’est ce que nous appelons dans notre jargon les syndromes myofasciaux. C’est sur cette composante de la migraine que la toxine botulique agit, en relaxant les muscles contractés, avec un taux de satisfaction d’environ 65 %, après 2 séances d’injection. Ainsi, la migraine n’est plus chronique mais redevient épisodique. Cependant toutes les formes de migraines ne s’accompagnent pas d’un syndrome myofascial, ce qui explique très probablement les 35 % restants de non-répondeurs » détaille le Dr Ranoux.
Comment se déroule le traitement ?
Chaque médecin a son propre schéma de traitement, qui comprend entre 2 et 31 points d’injection et 50 à 200 unités de Botox par séance. « Les sites les plus importants sont les tempes, l’espace inter-sourcilier, les trapèzes, auxquels s’ajoutent certains points sur le crâne que m’indiquent les patients » rapporte le Dr Ranoux. Le traitement est efficace 2 à 3 semaines après l’injection et se renouvelle tous les 4 à 6 mois.
Des effets indésirables ?
Il est possible d’avoir des crampes ou de ressentir une sensation de brûlure au niveau des trapèzes pendant quelques jours. Mais ces douleurs se tassent généralement après les deux premières injections.
Quel spécialiste consulter ?
De préférence un neurologue, spécialiste du traitement des céphalées. Mais ils sont très peu en France. Autrement, d’autres praticiens qui manipulent quotidiennement la toxine botulique dans le cadre de leur exercice, comme les chirurgiens plasticiens, proposent aussi ces injections mais ils n’ont pas forcément l’expertise des neurologues pour déterminer les sites d’injection en dehors de la face.
Quel est le prix de l’injection de Botox pour traiter la migraine ?
Autour de 400 € l’injection.
BOTOX ET INCONTINENCE
Ce sont les envies pressantes ou ce qu’on appelle en termes savants, le « syndrome d’hyperactivité vésicale » : des contractions involontaires de la vessie conduisant à des envies soudaines et pressantes d’uriner (impossibilité de se retenir plus de 2 mn). Un tiers des patients va même jusqu’à évoquer des fuites urinaires. Est-ce fréquent ? Plutôt oui, puisque 15 % de la population (hommes comme femmes) est concernée par ces « urgenteries » dont on ne connaît pas trop l’origine. Elles se font évidemment plus fréquentes en avançant en âge (à partir de 50/60 ans), mais un sujet jeune, particulièrement anxieux, peut aussi en être la victime. Le traitement de première intention repose sur la rééducation, des mesures hygiéno-diététiques (comme éviter certains irritants de la vessie tels que les sodas, le café, le piment …) et la prise de médicaments (anticholinergiques ou beta 3 agonistes). Mais en cas d’échec, l’urologue peut proposer, la neuromodulation (stimulation électrique) ou des injections de toxine botulique. Cette dernière a reçu une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) dans l’indication d’hyperactivité vésicale réfractaire en 2014.
Comment ça marche le Botox sur la vessie hyperactive ?
Le mode de fonctionnement est un peu différent de celui des injections dans les rides visant, elles, à relâcher les muscles sous-jacents. « Là, on agit plutôt sur l’information qui est transmise, via les fibres nerveuses au cerveau, du besoin d’uriner » explique le Pr Xavier Gamé, chirurgien urologue à l’Hôpital Rangueil, CHU de Toulouse.
Comment se déroule le traitement ?
Les injections (50 unités de Botox) sont réalisées sous anesthésie locale et sous cytoscopie (endoscope vésical), au bloc : une vingtaine de points est réalisée dans la paroi de la vessie. Les effets apparaissent entre 5 et 10 jours après.
Combien de temps le traitement reste-il efficace ?
Les injections sont renouvelées tous les 6 mois. « Si les résultats sont insuffisants, il est possible d’augmenter la dose injectée jusqu’à 100 unités à la seconde injection » indique le Pr Gamé.
Des effets indésirables ?
Des petits saignements, une infection du conduit urinaire, sont possibles. Et dans moins de 7 % des cas, il peut y avoir, une difficulté à uriner, pouvant conduire à la rétention complète avec nécessité de se sonder soi-même pendant quelques semaines. « C’est pour cela qu’on revoit toujours le patient 2 à 3 semaines après l’intervention, pour vérifier qu’il urine correctement », indique le spécialiste.
Quel spécialiste consulter ?
Un urologue.
Quel est le prix d’une injection de Botox pour traiter la vessie hyperactive ?
L’hospitalisation est prise en charge par la sécurité sociale mais l’acte reste à la charge du patient. Le coût est généralement en deçà d’une injection de Botox chez le médecin esthétique, soit moins de 400 €.
BOTOX ET TRANSPIRATION EXCESSIVE
Cela fait vingt ans que le médicament est utilisé dans cette indication avec d’excellents résultats. Lire ici : Botox, Miradry, tout ce qui marche sur la transpiration excessive
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