2 mars 2024
Une nouveau dispositif très original pour l’augmentation mammaire vient d’être mis à disposition des chirurgiens esthétiques. Il permet de réaliser une chirurgie mini-invasive aux suites très simplifiées. Enquête, avec le témoignage d’une patiente récemment opérée.
Patricia, 42 ans, une envie des seins plus galbés
« Cela faisait deux ans que je mûrissais le projet de me faire refaire les seins, qui étaient jolis un peu petits à mon goût. Je faisais un petit 90 B. Je rêvais d’une taille de bonnet supplémentaire, pour me sentir mieux dans mon corps et aussi pouvoir m’habiller de façon plus glam’, avec de jolis décolletés. Donc, après avoir échangé avec mon mari sur la question, qui s’était tout de suite montré très « supportive », j’avais pris rendez-vous avec un chirurgien pour une pose de prothèses. Mais après ses explications, je n’étais plus très sûre … Passer par une anesthésie générale me refroidissait carrément. J’avais déjà fait une rhinoplastie jeune, mais à l’époque, je souffrais d’un véritable complexe, ce qui n’était pas le cas avec mes seins. Courir des risques pour une simple petit mieux, était-ce bien raisonnable ? D’autant qu’il me fallait être opérationnelle rapidement après l’opération car avec mon mari, nous tenons trois restaurants. Sans parler de la vie famille : nous avons deux jeunes enfants. C’est là que le chirurgien m’avait parlé de ces nouveaux implants qui se posent sous anesthésie locale, en ambulatoire (c’est à dire sans hospitalisation). L’idée m’avait tout de suite emballée même si l’intervention était beaucoup chère. Le prix de l’innovation, j’imagine … » explique t-elle.
Il s’agit du dispositif MIA, mis au point par le fabricant de prothèses costaricien Motiva. Les implants ont été lancés en Europe en juillet 2023. Seuls quelques chirurgiens pratiquent la méthode pour l’instant, dans l’hexagone. « Il y a une patientèle qui ne veut pas d’anesthésie générale, donc c’est une solution que l’on peut aujourd’hui proposer dès lors que l’augmentation demandée est modérée : pas plus d’un bonnet à un bonnet et demi, quel que soit le volume des seins au départ » indique le Dr Benjamin Sarfati.
Le jour J de la pose des implants mammaires
« Malgré une intervention plus légère, j’étais quand même assez stressée le matin même, reprend Patricia. J’avais demandé à une amie qui avait fait une augmentation mammaire aussi de m’accompagner à la clinique. Mais très vite, la présence et les paroles rassurantes du spécialiste avaient suffi à m’apaiser et j’étais finalement descendue assez détendue au bloc ».
Les suites de la pose de prothèses
« Après l’intervention, je m’étais sentie un peu vaseuse, sans doute à cause des calmants que l’on m’avait administrés, mais malgré tout suffisamment en forme, pour regagner seule, après une petite heure de surveillance, le chemin de la maison. J’étais arrivée à la clinique à 7 h 30 et à midi, je déjeunais chez moi avec mes enfants. C’était juste fou !
Mieux, à aucun moment, je n’avais ressenti la moindre douleur. J’avais juste pris un Doliprane, pour la forme. Ça tirait un peu au niveau de la cicatrice, mais c’est tout.
Le reste de la journée, j’étais restée au calme, chez moi. Mais dès je lendemain, après avoir pris ma première douche et enfilé mon soutien-gorge de contention (une brassière pas si moche), j’étais à 8 h 30 tapantes devant l’école pour déposer mes enfants et j’avais repris le boulot dans la foulée.
J’avais expliqué à mon personnel que je sortais d’une intervention et qu’il fallait à tout prix que j’évite les efforts physiques. Et puis, finalement, j’avais assuré le service comme d’habitude, levé les bras prudemment mais tout même un paquet de fois. Heureusement, cela n’avait eu aucune incidence.
Le plus pénible pour moi, dans toute cette aventure, c’était la position qu’il fallait adopter dans le lit : dormir sur le dos alors que j’ai l’habitude d’être sur le ventre. Résultat: pendant quinze jours, c’était un peu compliqué de fermer l’œil. Il fallait que je me cale avec de gros coussins. Pendant un à deux mois, je sentais les prothèses puis elles ont fini par se faire oublier. Il paraît que c’est normal. Mon amie, avait ressenti cela aussi après son augmentation ».
Emballée par le résultat
« Il était apparu un mois à un mois et demi après, le temps que l’œdème se résorbe entièrement. Donc, très vite, j’avais pu porter mon premier décolleté plongeant, ce que n’avait pas manqué de remarquer un bon copain, qui m’avait tout de suite dit : « Dis donc, tu ne te serais pas fait refaire quelque chose, toi ? » (rires). Bon, en même temps, ce n’était pas la peine de lui cacher. Si je m’étais fait faire les seins, c’était bien pour que cela se voie ! Et du coup, j’en avais aussi profité pour revoir l’intégralité de ma garde-robe, m’offrir une nouvelle lingerie, etc.
Au niveau du toucher, les sensations sont exactement les mêmes qu’avant. Le sein a la même consistance et je ne sens pas les contours de la prothèse. Franchement, c’est une intervention dont je suis très satisfaite et je n’hésite pas en parler à toutes mes copines. La façon dont ça s’est passé, c’était vraiment top ».
La pose des prothèses MIA, de À à Z
Des implants mammaires de dernière génération
Ils sont remplis d’un gel de silicone extrêmement souple et sont de forme biconvexe, contrairement aux prothèses mammaires classiques qui ont une face convexe et une face plane. Du coup, on peut les insérer dans n’importe quel sens. Et il est également possible de les retirer par aspiration, via la même incision, si d’aventure la patiente souhaitait un jour les ôter.
Un dispositif d’implantation innovant
C’est là la vraie révolution. La patiente est allongée sur le dos, les bras en croix. Un champs opératoire est mis en place puis sous anesthésie locale, la prothèse est introduite sous la peau, via une petite incision de 2 cm au creux de l’aisselle (contre 4 à 5 cm habituellement). Le chirurgien utilise pour ce faire un dispositif spécifique qui permet de créer un espace entre le muscle pectoral et la glande mammaire, pour y insérer la prothèse, sans avoir à réaliser de dissection. Puis à l’aide d’un injecteur, la prothèse est ensuite propulsée directement de l’aisselle dans sa loge. Fabriquée dans un gel très souple, elle est en effet capable de se faufiler à travers un très fin tuyau. Il ne reste plus ensuite qu’à suturer l’incision sous l’aisselle et l’intervention est terminée ! Cette mise en place dure moins de 15 mn. Au total, anesthésie comprise, l’intervention prend une trentaine de minutes.
Des suites opératoires allégées
Elles sont plus confortables qu’après une chirurgie traditionnelle dans laquelle les prothèses sont très souvent positionnées, en vue d’un résultat plus naturel, derrière le muscle pectoral (et non derrière la glande mammaire comme c’est le cas des prothèses MIA), mais le geste est plus douloureux. Par ailleurs, les tissus étant simplement écartés et non disséqués, il est aussi plus conservateur et la reprise de l’activité plus rapide (dès le lendemain de l’intervention, si le travail n’est pas trop physique, contre 2 à 5 jours après une opération classique). Il n’y a pas de fils à retirer ni de drains. Un œdème post-opératoire persiste pendant 1 semaine. Des bleus sont possibles mais c’est rare. Le résultat final s’apprécie au bout d’un mois. Le port d’un soutien-gorge de contention est requis jour et nuit, pendant 3 semaines. Il aussi recommandé d’éviter le port de charges lourdes et sport pendant 15 jours. De la part la douceur du geste chirurgical, les troubles de la sensibilité, toujours possibles après une intervention mammaire, sont très minorés.
Les risque des « coques » (phénomène de durcissement de la prothèse) reste toujours possible, comme après toute intervention. En revanche, l’implant n’entrant jamais en contact avec les mains du chirurgien, le risque d’infection est très limité.
Une cicatrice dans le creux de l’aisselle
Tout le monde n’en veut pas car il suffit de lever les bras pour la distinguer, même si elle blanchit après un an. « Si la patiente refuse cette cicatrice, dans ce cas on lui propose une pose de prothèses mammaires classique, avec une incision sous-mammaire. Cette intervention peut aussi être pratiquée sous anesthésie locale mais pas avec le même dispositif » indique le chirurgien.
C’est pour qui les implants mammaires MIA ?
- Les femmes qui souhaitent une augmentation mammaire modérée ou repulper leur décolleté, le volume des prothèses étant seulement de 200 cc, à condition que la glande soit suffisamment généreuse pour recouvrir la prothèse, autrement celle-ci risque de se distinguer (le chirurgien validera ce point avec vous lors de la première consultation). Il faut également avoir une poitrine qui se tient. L’intervention n’est pas indiquée dans le cas d’une ptôse importante (relâchement) ni d’une asymétrie mammaire car le geste n’a pas la précision d’une chirurgie plastique. Elle n’est pas non plus possible chez des patientes qui ont déjà eu une augmentation mammaire ni chez celles dont la grossesse ou l’allaitement remonte à moins de 6 mois. En revanche, elle reste possible après un lipofilling pour regalber davantage ses seins. Il existe aussi les mêmes possibilités de personnalisation de la prothèse, qu’avec les modèles classiques. On choisit par exemple son degré de projection comme on veut.
- Les femmes qui ne veulent pas de l’anesthésie générale.
- Celles qui ont besoin de reprendre leur activité professionnelle rapidement.
Combien ça coûte ce nouveau système d’implants mammaires ?
9500 € (ah oui, oui, c’est très cher …). C’est le prix des prothèses de dernière génération et de l’équipement dernier cri utilisé pour les implanter. A titre comparatif, une augmentation mammaire classique est facturée autour de 6000 €. Il faudra attendre un peu pour que la technique se démocratise.
Et qu’en pensent les chirurgiens qui ne pratiquent pas encore la technique ?
« Ce dispositif constitue une avancée technologique intéressante et l’intervention sous locale promet en effet des suites allégées. Néanmoins, il est réservé à des cas très précis : une augmentation mammaire modérée ou des patientes souhaitant redonner un peu de volume à la partie haute de leurs seins qui s’est un peu vidée, à la suite d’une grossesse par exemple, ce qui représente à mon sens, à peine 15 % des demandes. Les complications avec ce type de prothèses restent cependant identiques à celles de tous les autres implants, notamment le risque de coques qui n’a pas encore du se présenter puisque l’innovation est encore récente. Reste à voir comment le problème sera traité ». Dr Robin Mookherjee
« Cette procédure d’augmentation mammaire simplifiée pour des cas peu complexes, parfaitement protocolisée, est intéressante. Toutefois, elle ne s’applique qu’à un faible nombre de patientes. Actuellement, c’est la patiente qui doit s’adapter au dispositif et non le dispositif qui s’adapte à la patiente. Il y a aura donc nécessairement beaucoup de femmes déçues de ne pouvoir y recourir. Certains chirurgiens, pour en satisfaire un plus grand nombre, seront peut-être alors tentés de repousser les limites de l’intervention et c’est sans là qu’apparaîtront les complications. Par ailleurs, c’est la première fois que des prothèses biconvexes sont utilisées en augmentation mammaire. Jusqu’ici, ces modèles étaient réservés aux fesses. Il y a un risque que les bords soient visibles si la glande mammaire ne les recouvre pas parfaitement. Enfin, la solution « prête à l’emploi » qui est vendue aux chirurgiens avec ces prothèses est discutable d’un point de vue déontologique. Du moins, elle es assez éloignée des codes français ». Docteur Richard Abs
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