Acné : ne sous-estimez pas le contenu de votre assiette !

4 septembre 2024

L’acné, on en parle beaucoup mais toujours un peu de la même façon. Voici une approche intéressante dont je souhaitais vous faire profiter. De fait, la bactérie de l’acné n’est pas seulement présente sur la peau mais dans tout l’organisme, et ça change pas mal de choses.

Pour rappel, l’acné, dépend de deux grands facteurs : la graisse contenue dans la peau (le sébum) et une bactérie, le Cutibacterium Acnes, vilaine bestiole qui sécrète des acides gras à chaînes courtes, en particulier l’acide propionique, qui est surtout synthétisé dans le tube digestif (d’où l’ancien nom de la bébête : Propionibacterium Acnes). Il y a aussi bien sûr dans la maladie une prédisposition génétique. « Certains microbiotes intestinaux prédisposent au développement de l’acné » indique le Dr Bruno Donatini, gastro-entérologue, hépatologue et médecin anti-âge.

Ce que l’on sait moins, c’est que la bactérie est vraiment très inquiétante car elle est présente dans tout le corps. « C’est le germe qui circule le plus abondamment dans le sang. Il n’est pas seulement impliqué dans l’acné mais aussi une foule de pathologies, comme les douleurs articulaires, notamment les atteintes du ménisque, le psoriasis, l’eczéma, la spondylarthrite ankylosante, les abcès dentaires, et même l’Alzheimer, … ! » explique le Dr Donatini. Donc, clairement, moins le C.Acnes nous colonise, mieux on se porte. 

Mais comment faire pour faire régresser la bactérie de l’acné ? 

Puisqu’elle colonise tout le corps, il faut une approche globale. Mais alors, attention. « Il y a de plus en plus de résistances aux antibiotiques (cyclines) qui, par ailleurs, ruinent la flore digestive. Ce n’est donc pas pour moi la meilleure des stratégies » indique le spécialiste qui propose, en premier lieu si l’acné n’est pas trop méchante de :  

Revoir son alimentation pour diminuer la présence de la bactérie de l’acné dans tout l’organisme

L’impact de l’alimentation sur l’acné est très net. La recadrer est donc une première façon d’agir qui ne vous coûtera pas grand-chose, tout en satisfaisant ceux (de plus en plus nombreux) que la prise de médicaments rebute. Son but : modifier la graisse présente dans le tube digestif et dans la peau, en réduisant les sucres, les boissons fermentées (sodas, jus de fruits, Kombucha, etc) et les produits laitiers pasteurisés (fromages, à l’exception du chèvre et du brebis), très inflammatoires.« Pour certains, une simple réduction de cette consommation suffit. Pour d’autres, la privation demandera à être plus drastique. Mais, en deux à trois mois, avec ce régime-là, l’acide propionique devrait chuter et la peau s’assécher » assure le spécialiste. Et quid du chocolat au sujet duquel on entend tout et son contraire ? « Le sujet ne fait toujours pas consensus. Toutefois, le chocolat est un produit gras et sucré. Il n’y a donc toutes les raisons de penser qu’il joue un rôle. Je conseille de ne pas dépasser deux carrés par jour et de choisir un chocolat avec 85 % de cacao, pour dissuader tout excès de gourmandise » explique le Dr Donatini. Parmi les compléments alimentaires utiles on retiendra le zinc, la vitamine A et l’ortie. Attention, la vitamine B12 (que prennent souvent les végétariens) augmente l’acné ! 

Utiliser des LED bleues pour éradiquer la bactérie C.Acnes sur la peau 

Comment ça marche exactement ces lampes ? La bactérie de l’acné synthétise des porphyrines, des molécules fluorescentes de couleur rouge orangé. En diffusant la couleur complémentaire, les LED bleues détruisent C.Acnes. L’idéal est de réaliser 8 à 10 séances chez le médecin, qui dispose d’un équipement performant. Mais à défaut, un masque LED à la maison peut aider. « Il faut simplement s’assurer qu’il comprenne au moins une vingtaine de LED et que chaque ampoule ait une puissance minimale de 2 W. Je préconise une application de 10 minutes par jour pendant 6 semaines » indique le spécialiste. Evidemment, ce traitement seul ne suffit pas à guérir l’acné. L’approche doit être globale. 

Et les méthodes « coup de poing » dans le traitement de l’acné, comme Le Roaccutane ? 

Vous savez comment ça marche le Roaccutane ? « Le médicament bloque le récepteur mTHOR. Toutes les cellules de l’organisme qui se divisent rapidement, comme les cellules souches, sont détruites » explique Bruno Donatini. C’est pour cela que le médicament est contre-indiqué dans les grossesses car il provoque des malformations fœtales. Les glandes sébacées sont ainsi privées des cellules qui produisent la graisse, et la peau s’assèche. « Les muqueuses aussi, ce qui a certains avantages : cela diminue le risque de survenue de polypes colorectaux ou de papillomavirus. On fait aussi moins d’infections à cytomégalovirus (herpès), et presque plus de maladies parodontales. Néanmoins, la prise d’isotrétinoïne par voie orale entraîne de sérieux inconvénients puisque la muqueuse digestive, aussi, est amincie, entraînant un syndrome de malabsorption ». Autrement dit, on ne digère plus très bien. Et, privée de ses cellules souches, la peau vieillit aussi plus vite ! Il existe aujourd’hui des lasers qui possèdent la même efficacité que le Roaccutane sur les glandes sébacées (voir « Lire aussi »). L’action étant localisée au visage, elle entraîne moins d’effets secondaires. « Toutefois, j’émets les plus grandes réserves quant à ses effets à long terme sur la peau. Tout ceci demande encore validation » conclut le spécialiste. 

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L’expert

Dr Bruno Donatini