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Augmentation des fesses : et 10 ans après, ça donne quoi ?

Augmentation des fesses : et après 10 ans, ça donne quoi ?

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12 mars 2022 – Mise à jour le 26 mai 2023


Que deviennent les chirurgies esthétiques après quelques années, et notamment les augmentations fessières, vous y avez déjà pensé ? 

Comment le corps vieillit-il après une pose de prothèses de fesses puisque c’est l’un des grandes chirurgies du moment ? C’est ce qu’osent mettre sur le tapis certains chirurgiens esthétiques, qui se disent peu favorables à ces augmentations, lesquelles sont non seulement risquées mais hypothèquent, selon eux, beaucoup trop l’avenir de leurs jeunes porteuses.

De fait, les conséquences d’une pose de prothèses ou d’un lipofilling à long terme, peuvent, se révéler parfois désastreuses. Allez voir sur insta@bootyimplantsgonebad, cette vidéo ahurissante d’une fille qui s’amuse à faire tourner ses implants à fond plat qui se balladent dans son postérieur ? Ou ces photos de culs totalement « vidés », après le retrait de prothèses ?

On rétorquera que ces sont de malheureuses  exceptions. Toujours est-il que les études sur les résultats à 10 ans ou plus de ces chirurgies sur PubMed, « the » site de référence pour les médecins, sont quasi inexistantes. Ce qui pose question. Car si la chirurgie d’augmentation est récente en France, elle date d’une bonne vingtaine d’années au Brésil …

Le Dr Taliah Schmitt est spécialiste de la chirurgie du corps. Elle pratique beaucoup le Bodylift, donc aussi le lifting de fesses dont elle trouve les résultats très satisfaisants sur des patients qui ont un postérieur lourd et relâché. Elle, en l’occurrence, préfère se tenir éloignée des gestes d’augmentation. Et ce, quelle que soit la méthode. Alors, on pourra toujours dire de ces chirurgiens : « Ils ne maîtrisent pas les techniques, c’est pour ça qu’ils ne font pas d’augmentation des fesses ». Mais on a aussi le droit, en tant que spécialiste, de faire des choix. Surtout lorsqu’on a prêté serment en endossant la blouse et prononcé cette phrase :« Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux ».

Pour ceux qui parlent anglais, voici l’avis d’un autre chirurgien américain, pas très favorable non plus à l’augmentation des fesses  : Doctors Reacts to BOTCHED ! WTF ?!?! Butt implant Disaster ! – Dr Anthony Youn 

L’AUGMENTATION DES FESSES VUES PAR CEUX QUI ONT CHOISI DE NE PAS LA FAIRE

Les prothèses de fesses

C’est une intervention qui génère beaucoup de complications. Le taux moyen est d’environ 22 %, ce qui est énorme pour une chirurgie dite « de confort » : infection, exposition des prothèses, déplacement, hématome, sérome, lymphome anaplasique à grandes cellules … la liste est longue. Par ailleurs, il faut savoir que le fessier est une zone extrêmement mobile. Les contraintes appliquées au niveau du muscle grand fessier ne sont pas du tout les mêmes que celles générées au niveau de la poitrine, qui est peu sollicitée dans la vie quotidienne. Ecrasé en permanence lors du mouvement par la prothèse, le muscle va donc, au fur et à mesure des années, s’affiner, se distendre et perdre de sa fonctionnalité. Ce qui veut dire qu’à moyen terme, autour de 5 ans environ, l’implant va être de moins en moins recouvert, par le muscle, la graisse et la peau. Or, il faut savoir que les implants sont la solution le plus souvent retenue pour les femmes très minces (autrement, on propose plutôt le « lipofilling » ou une greffe de graisse), donc qui ont une épaisseur de tégument très fine. Il est donc fort probable, au fil des années, que les contours des prothèses se distinguent. Scénario du pire : le muscle s’est tellement distendu que les prothèses « tombent » dans les fesses (quand elles ne s’y baladent pas carrément, si la loge qui conçue pour les emprisonner est trop grande !). Ensuite, il y a tous les problèmes inhérent aux prothèses, qui peuvent se fissurer notamment. Il faut alors les changer. Mais comme la peau s’est relâchée, il faut nécessairement troquer les prothèses en place par des plus grosses. Et si l’on ne veut pas de prothèses plus volumineuses, dans ce cas, c’est le lifting des fesses, autrement, on risque de se retrouver avec deux grandes poches, vides et flasques à la place ! Aïe.

Le problème est cependant strictement le même avec les prothèses mammaires … « A la différence près que le jour où l’on souhaite retirer ses prothèses mammaires, il existe une technique de lifting qui permet de redonner une esthétique correcte aux seins. La peau excédentaire est retirée, à la fois sur un axe vertical et sur un axe horizontal, puis on remodèle le volume en 3 D. Les nouveaux seins sont plus petits mais conservent une rondeur. En revanche, cette technique-là n’existe pas pour les fesses. La seule solution acceptable est de proposer un lifting de fesses, mais qui ne retend la peau que sur un axe vertical, donc aplatit nécessairement le postérieur, tout en laissant une cicatrice qui court d’une hanche à l’autre » explique le Dr Taliah Schmitt. Les candidates à l’augmentation des fesses ont-elles bien anticipé tout ça ?

La fameuse vidéo avec les prothèses qui se baladent dans les fesses … 

Le lipofilling des fesses ou « Brazilian Butt Lift » 

Il donne de fort jolis résultats. Mais c’est une technique risquée. Il faut vraiment être sûr de l’habilité du praticien avant de se lancer. Lire ici : Prothèses, lipofilling, injections, lifting : tous les traitements esthétiques des fesses galbées.

« On sait aujourd’hui qu’il faut réinjecter la graisse dans l’espace entre la peau et le muscle et surtout pas, en profondeur, dans le muscle, pour ne pas risquer une embolie graisseuse, qui engagerait la vie du patient. Toutefois, comme l’intervention est réalisée à l’aveugle, qui peut garantir qu’il est 100 % strictement en sous-cutané ? Ce n’est sans doute pas sans raison que certains réfléchissent à des canules qui  bipent quand on touche le grand fessier … » questionne Taliah Schmitt. Par ailleurs, quand on  avance en âge et que le corps s’épaissit après une ou deux grossesses, que devient le lipofilling ? Est-ce qu’on ne se risque pas de se retrouver avec un gros popotin tout mou ?

L’injection d’acide hyaluronique

Là, il y a apparemment tout pour rassurer les candidates sur « l’après », puisqu’il s’agit d’injecter un produit résorbable (donc qui disparaît de l’organisme, après 1 à 2 ans) dans les fesses.  Sauf que vous avez probablement eu vent de la terrible mésaventure de l’influenceuse Luna Skye, qui a fait une infection suite à une injection d’acide hyaluronique corporel dans ses fesses. Si cette complication fait malheureusement partie des risques inhérents à toute intervention, il n’en demeure pas moins qu’avec ce type de produit, c’est le cauchemar assuré quand elle survient. Pourquoi ? Parce qu’autant, il est facile de retirer une prothèse, qui est formée d’un seul bloc, autant il est impossible de retirer un produit injecté dans la masse, partout dans les fesses ! Le résultat : de multiples abcès ici et là, qu’il faut crever pour en extraire le pus et qui laissent les fesses comme un champ de mines. Heureusement, ce genre de problème est rarissime. Mais une fois de plus, cela pose question …

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LA RÉPONSE DE CEUX QUI PRATIQUENT LA CHIRURGIE D’AUGMENTATION DES FESSES

Le Dr Richards Abs, est un des grands spécialistes de la chirurgie des fesses en France. J’ai donc aussi souhaité recueillir son avis sur la façon dont la chirurgie d’augmentation vieillissait, au fil des années. Sa réponse : « Pas moins bien que les implants mammaires. Lorsqu’une patiente décide de retirer complètement ses prothèses, on peut être amené à lui proposer un lifting des seins mais dont le résultat est loin d’être toujours très esthétique, surtout si les seins sont gros. On peut se retrouver avec deux œufs sur le plat. Par ailleurs, cela fait vingt ans que je pose des prothèses de fesses et je n’en ai retiré qu’une dizaine. Beaucoup de femmes souhaitent conserver leurs prothèses, même après plusieurs années. Si la peau est très distendue au retrait, on pratique un lifting des fesses. La patiente ne retrouve certes pas le volume qu’elle avait avant les prothèses mais le résultat est acceptable. La cicatrice est longue mais cachée dans le slip comme une cicatrice d’abdominoplastie, après une grossesse. Cela dit toutes les patientes, au retrait des prothèses, n’ont pas non plus la peau et le muscle complètement distendus. Là, aussi c’est comme après une grossesse. Certaines femmes peuvent récupérer une tonicité musculaire suffisante en rééduquant leur muscle.

Après, je n’encourage pas spécialement la pose de prothèses. L’indication reine pour moi de l’augmentation des fesses, c’est le lipofilling. On pratique d’abord une liposuccion pour retirer toutes les graisses parasites autour des fesses. Rien qu’avec cela, la fesse est déjà mise en valeur. Ensuite, on repulpe certaines zones clefs avec une réinjection de graisse. Les résultats sont magnifiques, on utilise un produit issu de son propre corps et la technique de réinjection de graisse en sous-cutanée est safe, lorsqu’on y est bien formé. Aucun cas d’embolie graisseuse n’a encore été décrit avec cette méthode.

Enfin, l’acide hyaluronique corporel ne doit être réservé qu’à de petites retouches, pour un simple effet « bonne mine ». Si l’on veut une réelle transformation de son anatomie dans ce cas, c’est le lipofilling ou les prothèses de fesses ».

Ma conclusion : réfléchissez toujours bien aux conséquences de ce type de chirurgie, quand même très dicté par la mode. Celles qui n’ont pas de fesses du tout, c’est comme pas de seins, on comprend très bien la motivation. Après celles qui ont des fesses mais rêvent de les avoir plus balancées, pour une allure plus sex, attention… Une autre esthétique que celle des Kardashian peut s’imposer d’ici quelques années et le faux-cul sera deviendra peut-être complètement ringard. En plus le corps vieillit. Après plusieurs grossesses, la silhouette aura nécessairement changé et ce gros derrière peut l’alourdir. Après, si vous êtes vraiment TRÈS désireuse de cette intervention et que vous avez sérieusement pesé le pour et le contre, alors go ahead ! Je suis de tout cœur avec vous. Mais, please, choisissez bien le spécialiste qui vous opèrera. Ce doit être le top du top, ou rien du tout.

Les experts

Drs Taliah Schmitt & Dr Richard Abs

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Linh Pham, journal et medi-aesthetics influencer, créateur du premier magazine digital indépendant sur la médecine et la chirurgie esthétique

Journaliste spécialisée en médecine et chirurgie esthétiques, j’ai créé Le Journal De Mon Corps pour vous donner la meilleure info qui soit sur le sujet. Ma différence : des enquêtes fouillées, rédigées de façon libre, indépendante et sur un ton impertinent qui, je l’espère, vous feront passer un bon moment.