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Chirurgie esthétique : ces petites phrases qui horripilent

Chirurgie esthétique : ces petites phrases qui horripilent

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18 avril 2021 – Mise à jour le 12 avril 2022


De plus en plus de gens ont recours à la médecine ou à la chirurgie esthétique. Néanmoins pas de façon assez courante encore pour s’éviter les remarques lourdingues. Toujours les mêmes, en plus. Mais mince, on fait ce qu’on veut ! 

Régulièrement, quand je parle de chirurgie esthétique avec les gens, il y a un moment où on va me balancer : « Ah, non, mais moi, tu sais, je ne suis pas du tout pour… « , comme si je parlais de drogue ou quelque chose du genre. Et les femmes ne sont pas les plus tendres, loin s’en faut ! Ce sont les pires même, quand on se met à montrer un peu trop d’enthousiasme envers le sujet. A l’heure où tout le monde brandit la sororité comme un étendard, cela m’a toujours interpellée. Du coup, j’ai eu envie de demander à un éminent chirurgien esthétique, le Dr Jacques Ohana, auteur de « La Diagonale du corps (Ed. Cherche Midi), et à un non moins remarquable psychiatre, le Dr Jean-Christophe Seznec, de bien vouloir me donner leur ressenti sur ces petites phrases doucement assassines, si souvent entendues.

Tu n’en n’as pas besoin !

Sous-entendu « t’es pas moche » ou « t’es pas si vieille ». Alors, là, les amis, il faut quand même savoir un truc. On croise dans les cabinets esthétiques un paquet de nanas canons ! Et pour cause : elles ont à cœur d’entretenir leur capital. Ha !

« De fait, à la base, personne n’a besoin de chirurgie esthétique, comme personne n’a besoin de se maquiller, d’aller chez le coiffeur, de porter des talons de 12 cm, de rentrer dans un 36 ou de faire du sport … Pour moi, toute réaction excessive au sujet de l’esthétique est toujours un peu suspecte. Picasso disait : « Toute œuvre est un portrait de l’artiste lui-même ». Les gens n’existent qu’à travers leur propre prisme. Du coup, s’ils vous interpellent sur votre besoin de séduire, il y a de fortes chances qu’eux-mêmes, aient une interrogation par rapport à leur physique. La chirurgie n’est pas un besoin mais un choix, qui relève de l’image, de l’estime que l’on a de soi. Certaines patientes passent naturellement du statut de femmes à celui de grand-mères, sans même se poser la question de leur apparence, quand d’autres, ont évolué différemment, sont dans un rapport de séduction ou une dynamique de performance, qui va créer à un moment le besoin. Mais cela ne veut pas dire qu’elles ont une faille à combler. Au contraire, leur envie d’esthétique est une démarche de progression, d’amélioration. Une réconciliation narcissique » indique le Dr Jacques Ohana.

Chacun sa route, chacun son chemin, comme disait le chanteur Tonton David. Après, il y a pas mal d’ignorance aussi, sur les sujets de la médecine et de la chirurgie esthétique. Beaucoup de gens ne savent pas très bien, au fond, ce que recoupent ces disciplines. Ils n’ont en tête que les faux seins de Pamela Anderson ou les bouches de mérou des cagoles. Tous les traitements pour avoir une jolie peau par exemple, leur échappent complètement !

« En parlant des autres, on parle de soi, en effet. Le « tu n’en n’as pas besoin » est une réaction de défense qui signale que la personne, elle-même, est remise en cause. Les femmes étant davantage dans le relationnel que les hommes, elles ont tendance à se fourvoyer dans ces  problématiques d’image. Elles se mettent une pression énorme, redoutent de ne jamais en faire assez, ce qui peut les rendre parfois un peu agressives » commente le Dr Jean-Christophe Seznec. En même, temps, ça se comprend. Depuis plusieurs années maintenant, la terre entière est rivée H24 sur les réseaux sociaux. L’image de soi est devenue un sujet de questionnement permanent, une véritable obsession. C’est qu’il faut être très solide psychologiquement pour résister à tout cela !

 

LIRE AUSSI : En chirurgie esthétique, les idées reçues ont la vie dure ! 

 

Faut accepter de vieillir !  

Elle est bête cette phrase, non ? Comme si on avait le choix ! C’est surtout « vieillir mieux » que les gens cherchent à travers la chirurgie. « Je voudrais mourir jeune et le plus tard possible, disait le romancier Marcel Prévost », cite le Dr Ohana. Soit réconcilier apparence et bonne santé. Pour certaines femmes, c’est aussi une question de politesse de prendre soin d’elles, envers soi et envers les autres. Mais chercher à optimiser son physique n’est pas toujours bien perçu, même si les choses évoluent avec la nouvelle génération qui est beaucoup ouverte sur ces sujets. Recourir à l’orthodontie pour redresser des dents mal alignées (qui est assimilé à un acte de soin) par exemple, passe toujours mieux encore que de s’offrir des facettes. « Derrière le « il faut accepter de vieillir », se cache une fois de plus, une angoisse de performance. C’est un effort de prendre soin de soi. Il est toujours plus facile de dire, « c’est la faute du temps qui passe » que d’être responsable de sa dégradation » explique le Dr Seznec. Mais avec le développement de la médecine régénérative, les choses devraient évoluer plus favorablement. L’agressivité du bistouri laissera alors place à un processus d’auto-régénération beaucoup plus valorisant !

Tu feras pas naturelle !

Sous-entendu, tous ceux qui ont recours à la médecine ou à la chirurgie esthétique font donc trafiqués.

« C’est vrai que ce mot  revient tout le temps lors des consultations. Le plus drôle, c’est quand des patientes viennent me consulter pour des prothèses mammaires et me disent qu’elles veulent une poitrine naturelle ! Ce à quoi, je réponds : « Vous savez, je connais peu de femmes qui me disent, docteur, je veux des seins en plastique ! » plaisante le Dr Ohana. « Pour beaucoup, c’est une blessure narcissique de recourir au bistouri. Cela signifie qu’elles ne sont pas nées belles. Pourtant, tout n’est qu’artifice dans le monde que l’homme a créé ! », poursuit le médecin. « Une plante qui croît avec l’aide d’un tuteur a t-elle perdu sa naturalité ? On construit des croyances pour faire face à une angoisse existentielle, mais prendre soin de soi ne signifie pas se transformer ni perdre son identité. Il faut sortir de cette guerre stérile entre le naturel et l’artificiel, d’autant plus que ce dernier participe à rendre la vie plus belle  » enchaîne le Dr Seznec.

Tu veux plaire à qui ?

Un grand classique qui sort lui, très souvent de la bouche des conjoints. A l’évidence, l’expression d’un sentiment d’insécurité … « Mais plaire ou séduire fait partie de toute relation sociale ! C’est évident qu’une femme qui vient consulter cherche à être plus séduisante. On sait très bien, dans la vie, qu’il y a des tournants où l’on va chercher à tester son attractivité. Mais il y a aussi des femmes qui ont un besoin constant de séduire. C’est leur mode de fonctionnement. Cependant, pour moi, ce n’est pas une faiblesse. Au contraire, c’est une force incroyable dans la vie, surtout dans une société très patriarcale. C’est un contre-pouvoir absolu ! » rétorque Jacques Ohana.  « Après, c’est très années 70 de voir de la sexualité partout. Heureusement que les gens ont quand même d’autres motivations dans l’existence ! » conclut le Dr Seznec.

Si tu commences, tu ne pourras plus t’arrêter !

« Identifier ce qui est juste pour soi n’est pas toujours aisé. Du coup, on préfère dénigrer plutôt que de se poser les bonnes questions. Toujours le  fameux processus défensif … » indique Le Dr Seznek. Pourtant, il est tout à fait possible, en esthétique, de faire les choses avec douceur et bienveillance. Mais pour cela, il faut se faire accompagner par les bons spécialistes.

Lire ici : Peut-on devenir accro à la médecine esthétique ?

 

Les experts 

 

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Linh Pham, journal et medi-aesthetics influencer, créateur du premier magazine digital indépendant sur la médecine et la chirurgie esthétique

Journaliste spécialisée en médecine et chirurgie esthétiques, j’ai créé Le Journal De Mon Corps pour vous donner la meilleure info qui soit sur le sujet. Ma différence : des enquêtes fouillées, rédigées de façon libre, indépendante et sur un ton impertinent qui, je l’espère, vous fera passer un bon moment.