28 mars 2020 – Mise à jour le 13 mai 2023
Le journal de Claire, Parisienne, 46 ans, qui a attrapé le Coronavirus il y a quelques jours …
Dimanche 8 mars – Je pars en train, pour une fête de famille, à Lille (aller-retour dans la journée). C’est sans doute à cette occasion que j’attrape le virus parce que deux jours après, je vais être malade et trois jours après, mes parents aussi.
Lundi 9 – Le soir, après mon cours de yoga, je me sens un peu fatiguée, j’ai mal un peu partout, mais je ne me pose pas trop de questions.
Mardi 10 – Je me réveille avec un syndrome grippal : courbatures, frissons, sans doute un peu de fièvre aussi … J’ai pas mal de boulot, je m’assois à mon ordinateur, mais j’ai du mal à me concentrer, je m’endors sur mes textes. Surtout, j’ai très mal au dos, comme si on m’enfonçait un couteau de chaque côté et qu’on me découpait en deux. L’horreur !
Mercredi 11 – Ces douleurs atroces dans le dos ne cessent d’augmenter. Je ne peux littéralement plus le porter. C’est comme si on m’avait tabassée pendant des heures. Je me traîne du lit au canapé, du canapé au lit.
Jeudi 12 – Toujours dans le même état, je décide en fin d’après-midi à prendre un Doliprane. Je n’avale jamais aucun médicament, du coup je n’ai pas vraiment le réflexe. Finalement, je réussis à m’endormir et je me réveille le lendemain, fatiguée mais quand même dans un meilleur état.
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Vendredi 13 – Je n’ai quasi rien mangé depuis mercredi. Pas faim. Une copine m’appelle. Je décide d’aller grignoter un bout avec elle dans un bar. Nous ne sommes pas encore en confinement. Elle me dit : « C’est super enfumé ici, tu ne trouves pas ? ». Moi qui suis asthmatique et super sensible à la fumée de cigarettes d’ordinaire, je lui réponds : « Ah non, je ne trouve pas ».
Lundi 16 – Je n’ai pas repris de Doliprane depuis vendredi. Je me dis que ça ne sert à rien puisque je n’ai pas de fièvre et que mes douleurs de dos s’apaisent. Mais mon Dieu, que je suis fatiguée ! Bam, je m’effondre à nouveau, comme terrassée.
Mardi 17 – Je me réveille à 10 h du matin, je n’ai pas faim. Je travaille un peu, mais je n’arrive pas du tout à me concentrer. J’ai la tête complètement vide. A 15 h, je me m’écroule à nouveau sur mon lit. Re-bam ! Toujours pas faim.
Le soir, on annonce le confinement aux infos. J’ai mes parents au téléphone qui m’apprennent qu’ils ont perdu l’odorat. Je me rue sur mes flacons de parfums. En fait, moi aussi !!! C’est curieux, je n’avais pas du tout fait attention à ce détail jusque-là. Maintenant, je comprends mieux pourquoi je ne sentais pas la fumée de cigarettes, dans le bar, l’autre jour.
De façon étrange, mon asthme ne s’est pas aggravé avec la maladie. Ça va même plutôt bien de ce côté-là. Je respire mieux, je ne tousse plus … En fait, je suis malade, mais ma rhinite allergique, elle, a disparu.
Vendredi 20 – Je ne sais toujours pas ce que j’ai, en fait. Mais je ne pense pas au Covid-19, plutôt à une petite grippe, car je ne tousse pas.
Je n’ai plus rien à bouffer. Et personne à qui m’adresser dans l’immeuble. Je décide de sortir pour faire quelques courses au supermarché du coin, bien calfeutrée dans mon écharpe. J’aperçois une copine, avec qui j’échange quelques mots, de loin. Le soir, elle m’appelle et me dit : « Excuse-moi, mais j’ai trouvé que t’avais vraiment une sale tête. Tout va bien, t’es sûre ?». Du coup, prise de doute, je me décide à appeler mon médecin traitant. Finalement, c’est peut-être le Covid …On organise une téléconsultation. Oui, je sais, j’aurais pu le faire avant… Mais je ne toussais pas et les spécialistes avaient l’air tellement débordé à la télé. Moi et mes petits frissons, comment dire … Mon médecin me confirme que j’ai bien les symptômes du Covid-19, même sans toux. Elle me fait un arrêt maladie de quinze jours et me dis de rester confinée chez moi.
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Mardi 27 – Aujourd’hui, trois semaines après, je vais mieux. C’est la première journée où je ne m’effondre pas et j’ai un peu plus d’appétit. L’asthme aussi, revient : je me suis remise à tousser comme avant ! Maintenant, j’aimerais faire un test pour savoir si j’ai développé des anticorps face au virus, savoir si je peux aller et venir normalement et dans combien de temps, je retrouverais l’odorat.
L’AVIS D’UN MÉDECIN DE L’AP-HP
Tous les patients ne présentent pas un tableau clinique classique, ce qui explique pourquoi Claire ne toussait pas.
Elle aurait pu prendre du Doliprane plus tôt pour apaiser ses fortes courbatures (max 3 g/jour, en l’absence de pathologie hépatique).
Il est recommandé aussi, quand on est malade, de checker sa température tous les jours, mais Claire n’en avait pas beaucoup apparemment. Il faut surveiller aussi sa fréquence respiratoire. Si tout d’un coup, on est essoufflé ou on éprouve des difficultés à respirer, il faut appeler le 15 selon les dernières recommandations de l’Agence Régionale de Santé du 26 mars 2020. C’est un signe d’aggravation de la maladie. Claire n’a pas eu une forme grave au niveau pulmonaire, semble t-il. Très bon réflexe la consultation médicale avec son médecin traitant. C’est ce qu’il fallait faire dans son cas.
Quant aux troubles de l’odorat, c’est un symptôme que l’on a identifié récemment. On ne sait pas encore combien de temps il peut durer.
Claire doit porter un masque, si elle en a, jusqu’à 7 jours après la fin des symptômes (soit dès que l’on commence à se sentir vraiment mieux). Mais sur ce point aussi, il y a des variations individuelles. Certains patients peuvent rester contagieux jusqu’à 20 jours après. Continuer à bien respecter les gestes barrières.
Le test sérologique pour dépister la présence d’anticorps dans le sang devrait être disponible très bientôt.
Ici, toutes les recommandations de l’ARS sur le Covid-19 pour le grand public. Document très bien fait ! www.iledefrance.ars.sante.fr
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