13 octobre 2019
La dermopigmentation (maquillage permanent), on la connait surtout pour le trait d’eye-liner ou le microblading (make-up semi-permanent des sourcils). Mais ce qu’on sait moins, c’est qu’elle réalise des merveilles aussi sur une foule de problèmes cutanés. On parle alors de « dermopigmentation réparatrice et corrective ». Une solution qui peut compléter utilement un acte médical, voire même parfois s’y substituer.
QUELLES CORRECTIONS SUR LE VISAGE ET LE CORPS, LA DERMOPIGMENTATION PEUT-ELLE REALISER ?
TATOUER LES AREOLES DE SEINS
La dermopigmentation peut rattraper les aréoles trop claires, élargir les trop petites, corriger une asymétrie, camoufler une cicatrice après une chirurgie mammaire, et bien sûr tatouer entièrement une aréole après une chirurgie de reconstruction post-cancer du sein, pour retrouver complètement sa féminité. « Après une chirurgie, les résultats sont vraiment bluffants. Je trouve cela même mieux qu’une greffe de peau car il est aussi possible de reproduire les tubercules de Montgomery, les petites bosses sur l’aréole même si on ne sent pas de relief sous les doigts » rapporte le Dr Jonathan Fernandez, chirurgien plasticien. Un conseil : si vous demandez à ce qu’on intervienne sur les deux seins, faites toujours toujours tatouer complètement les deux aréoles au cours de la même séance, pour un résultat identique.
Combien ça coûte : 250 € l’aréole, en moyenne.
TATOUER LES CICATRICES, LES VERGETURES
Avant toute chose, assurez-vous auprès de votre dermatologue que vous pouvez intervenir sur la cicatrice ou la vergeture en question. « Il faut que les cicatrices soient blanches et stabilisées, et bien sûr qu’elles soient sans hypertrophie ni inflammation. S’il persiste des rougeurs, il s’agit d’une indication de traitements par lasers (lire ici : Le traitement efficace sur les vergetures, on le cherche encore ou on l’a trouvé ?). Mais même sur des cicatrices blanches anciennes, il y a des possibilités d’amélioration. Donc, j’aurais tendance à dire qu’il faut peut-être avoir épuisé toutes les possibilités de traitement avant de recourir à la dermopigmentation. Néanmoins, elle peut rendre de précieux services » indique le Dr Thierry Michaud, dermatologue. Les meilleurs résultats s’obtiennent lorsqu’il y a un gros écart de ton entre la couleur de la cicatrice et la couleur de la peau. Si ces dernières sont trop proches, on court alors le risque d’hyperpigmenter la cicatrice, ce qui n’est pas franchement l’effet recherché.
Si la cicatrice est consécutive à une intervention (lifting, chirurgie mammaire…), il faut patienter un an avant d’envisager un tatouage. Sachez cependant que plus cette dernière est fibrosée, plus il sera difficile de faire pénétrer le pigment. Si après deux séances, vous n’obtenez pas satisfaction, abandonnez.
A noter que la dermopigmentation des cicatrices foncées n’est pas une bonne indication. Mieux vaut vous tourner vers des traitements dermato type peelings ou lasers.
Combien ça coûte : sur devis. Comptez en moyenne 150 € l’heure.
Post-lifting
Après chirurgie de reconstruction
TATOUER LES TACHES BLANCHES DEFINITIVES OU STABILISEES DE LA PEAU (VITILIGO, BRULURES, …)
Ces achromies ou hypopigmentations résultent d’une destruction des mélanocytes (cellules qui produisent la mélanine). « La dermographie est utile aux patients atteints de vitiligo mais ne donne de bons résultats que sur les lèvres et les mamelons. Et convient mieux aux peaux foncées qu’aux peaux claires », met en garde le Professeur Thierry Passeron, dermatologue. De fait, leur nuance varie peu entre l’hiver et l’été tandis, que sur les peaux blanches, le bronzage peut tout compromettre. « De même, il n’y a pas de contre-indication à tatouer les lésions d’hypomélanose en goutte idiopathique (comprenez, les taches blanches consécutives à l’overdose solaire). Toutefois, idem, avec les variations de couleurs de la peau au cours de l’année, le résultat risque de ne pas être très esthétique. Mieux vaut dans ce cas, proposer une dermabrasion superficielle et laisser de nouveaux mélanocytes repigmenter la zone », indique le spécialiste.
Combien ça coûte : sur devis, en moyenne 150 € l’heure
Camouflage d’un vitiligo
MASQUER LES ALOPECIES DU CRÂNE ET DES SOURCILS GRACE AU TATOUAGE
La « trichopigmentation » consiste à imiter l’aspect des cheveux par pigmentation du cuir chevelu. La technique point par point permet d’obtenir un effet « crâne rasé ». Elle est longue et fastidieuse (la spécialiste travaille couronne après couronne, de la nuque en remontant sur le vertex), mais le résultat est spectaculaire. Elle est proposée aux hommes chauves ou qui en sont à un stade avancé de la calvitie. « Sur les stades moins avancés, il est possible de réaliser un « ombrage » », indique Sandie Schaer-Tiziano. « Je ne suis pas contre, c’est une très bonne alternative pour ceux ou celles qui ne veulent pas d’un acte invasif. Mais je proposerais peut-être avant de stabiliser la calvitie avec un traitement spécifique », indique le Dr Jonathan Fernandez. Lire ici notre article : Quoi de neuf chez le médecin pour enrayer la chute de cheveux ? On peut utiliser également cette technique pour dissimuler les plaques de pelade, les séquelles d’une tricotillomanie, une cicatrice sur une barbe. L’alopécie des sourcils est également une bonne indication de maquillage permanent ou semi-permanent (une pigmentation plus superficielle, mais dont le résultat sera peut-être aussi plus naturel) après une maladie, une pelade ou une chimiothérapie. Attention, toutefois : le tatouage est une contre-indication absolue chez les patients immuno-déprimés, ce qui peut être le cas après une chimiothérapie. Il faut donc le pratiquer avant la chimiothérapie ou pendant la chimiothérapie d’entretien (dans les 3 jours qui précèdent la séance). A lire aussi : Que faire pour les sourcils abîmés par les épilations répétées ?
Combien ça coûte : Traitement du cuir chevelu : à partir de 200 € la zone. Le crâne complet : à partir de 800 €. Les sourcils : entre 250 € et 350 €.
Ombrage d’une zone d’alopécie
Maquillage permanent sur alopécie des sourcils
TATOUER LES CERNES
C’est une nouvelle indication, qui n’a pas réellement fait ses preuves. Donc, mieux vaut s’abstenir pour l’instant. « La paupière est une zone extrêmement touchy, qui peut réagir violemment à l’implantation d’un corps étranger. Par exemple, elle peut rester gonflée très, très longtemps. Sans parler du risque d’hyperpigmentation dans cette zone, qui est majeur » , indique le Dr Jonathan Fernandez. Lire ici notre article : Docteur, j’ai les yeux cernés !
GUIDE PRATIQUE DE LA DERMOPIGMENTATION REPARATRICE
Quel professionnel consulter pour une dermopigmentation réparatrice ?
Déjà, il faut savoir que l’appellation « dermopigmentation médicale » n’est autorisée qu’aux médecins. Les autres spécialistes qui s’adonnent à cet « art », sont esthéticiennes, maquilleurs, tatoueurs et pratiquent le maquillage permanent. La plupart font un peu de tout, c’est-à-dire des contours de lèvres, des sourcils, des traits d’eye-liner, et éventuellement des aréoles, cicatrices et autres. Seule une petite minorité est spécialisée en « dermopigmentation réparatrice et corrective ». La formation des ces professionnels ? A vrai dire, il n’existe pas de formation de dermographe sanctionnée par un diplôme d’état, mais des formations privées, de 3 à 5 jours, assurées par des centres agréés, lesquels délivrent également l’attestation de formation Hygiène et Salubrité Dermographe Tatoueur Perceur, obligatoire pour tout professionnel qui souhaite s’installer (demandez à la voir si elle n’est pas affichée dans son local).
Le site incontournable : Ink-Me-Up.com, première plateforme de réservation spécialisée en dermopigmentation (maquillage permanent et tatouage médical). Elle référence tous les professionnels formés en Hygiène et Salubrité, capables de garantir des prestations en toute sécurité et traçabilité.
Quels sont les pigments les plus sécurisants ?
« On a tendance à oublier mais le pigment, c’est un implant ! » , indique Sandie Schaer-Tiziano, Directrice des Laboratoires Biotic Phocea, le leader français de la dermopigmentation esthétique et médicale. On devrait donc logiquement veiller à ce que le professionnel utilise des produits qui offrent la même sécurité, en termes de toxicologie, que l’on exige d’un produit injectable ou de prothèses mammaires. Soit l’emploi de pigments stériles (classés dispositifs médicaux CEIIb), d’origine naturelle ou synthétique, trente fois plus coûteux que les pigments des tatoueurs, mais tellement plus sécurisants ! De fait, si ces derniers perdent leur force colorante au fil du temps, ils demeurent toute la vie sous la peau. « Il est donc primordial de vérifier, qu’en se dégradant, ils ne libèrent pas des métaux lourds ou des amines aromatiques qui pourraient être cancérigènes » détaille notre spécialiste. Par ailleurs, comme avec tout implant injectable, on n’est jamais à l’abri de réactions inflammatoires de type « granulomes » (boules dures sous la peau qui peuvent nécessiter une chirurgie pour être retirés), même si elles sont rares. « Aujourd’hui, le grand public est très sensibilisé sur le sujet de l’aiguille stérile, mais beaucoup moins sur l’usage du pigment stérile. Si ce dernier ne l’est pas, il doit a minima être conditionné dans un flacon airless et non un simple flacon compte-gouttes », indique notre Sandie Schaer-Tiziano. Enfin, comme pour tout implant, le professionnel a l’obligation de vous communiquer les numéros de lots de l’aiguille et du pigment utilisés.
Comment se déroule une séance de dermopigmentation réparatrice ?
Le maquillage permanent n’est possible que sur une peau saine. N’hésitez pas prendre l’avis d’un dermatologue en cas de doute, avant de vous lancer. Le dermographe vous fera signer un consentement éclairé, qui indique que vous avez été informée des risques de la technique et des précautions à respecter à l’issue de sa réalisation.
Le professionnel réalise le dessin et choisit les pigments correspondants à la couleur désirée, dans une palette comprenant une centaine de teintes, puis les injecte à l’aide de l’aiguille d’un dermographe, selon le dessin prétracé, millimètre après millimètre. Une fois le maquillage terminé, un pansement occlusif est appliqué. La séance dure entre 1 h et 2 h 30 (au-delà, ça devient franchement inconfortable).
Ça fait mal la dermopigmentation ?
Le travail est le plus souvent réalisée sans anesthésie. Mais pour plus de confort, vous pouvez demander à votre médecin de vous prescrire une crème anesthésiante, que vous appliquerez une à deux heures avant la séance, sous film occlusif. Certaines zones comme les lèvres ou le crâne peuvent, de fait, s’avérer sensibles.
Quelles sont les suites de la dermopigmentation ?
Le pansement est conservé pendant 24 h à 48 h. Il ne faut surtout pas mouiller la zone tatouée. Ensuite, un baume cicatrisant prend le relais, pour éviter la formation de croûtes, lesquelles seraient susceptibles d’emprisonner le pigment et donc, de compromettre sa bonne prise. Plus ce dernier est injecté en profondeur dans le derme, et plus le rendu couleur est froid. Plus il est superficiel, plus la couleur apparaît chaude. C’est pour cela, que d’une personne à l’autre, le résultat d’une dermopigmentation n’est jamais le même !
Jusqu’à la fin de la cicatrisation, il est recommandé de nettoyer la peau avec des produits doux, d’éviter toute exposition directe au soleil et de protéger sa peau sous un écran solaire IP 50. Ce dernier va d’ailleurs devenir votre meilleur compagnon, puisqu’il vous suivra toute votre vie pour préserver toute l’intégrité et l’intensité de votre tatouage.
Deux séances, réalisées à un intervalle d’un mois et demi, sont nécessaires car la prise du pigment n’est jamais uniforme. « Il est préférable de réaliser un tatouage un peu clair à la première séance, pour le foncer ensuite à la seconde », indique Sandie Schaer-Tiziano.
Le maquillage est toujours plus foncé les premiers temps, puis après un mois, il se stabilise. Côté tenue, il persiste entre 3 et 5 ans selon la couleur du pigment (plus la couleur est foncée, plus elle est tenace), sa zone d’implantation (la « pleine peau » retient mieux le pigment qu’une semi-muqueuse, comme les lèvres) et la qualité de la peau (le pigment tient moins bien sur un tissu cicatriciel qu’un tissu sain).
Le résultat de la dermopigmentation est raté ?
Aïe ! Il est, comme son nom l’indique, permanent (ou tout au moins, longue durée). Il est possible de l’estomper grâce à un détatouage réalisé grâce à l’injection d’acides de fruits (cependant, le résultat est certainement plus probant sur un maquillage semi-permanent que sur un vrai maquillage permanent). Comptez en moyenne 3 séances espacées d’un mois et entre 150 € et 180 € la séance. Autrement, il y a le détatouage laser (efficace mais ruineux).
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