20 février 2021 – Mise à jour le 13 mai 2023
Le Dr Zein Obagi est une pointure dans le monde de la dermatologie et cela fait 45 ans qu’il mène une véritable croisade contre certaines habitudes cosmétiques bien ancrées qui détruisent la peau selon lui, comme se tartiner de crème hydratante à longueur de temps. Rencontre avec un homme et un programme de soin qui sortent clairement du rang.
Dr Zein Obagi
En France, le nom de Zein Obagi est peu connu, mais c’est un immense dermatologue, bien identifié par ses pairs, et notamment de ceux qui pratiquent l’esthétique. Dans les années 90, il avait fait fureur avec son « Blue Peel », un peeling à base d’un colorant bleu qui permettait de mieux contrôler la profondeur d’action de l’acide trichloracétique, pour un traitement plus safe. Une armée de petits Schtroumps avaient alors envahi les cabinets huppés des grandes capitales. J’ai eu la chance de le rencontrer à Beverly Hills, juste avant le premier confinement. Je vous livre le résumé de cet entretien passionnant. Cet homme a une connaissance de la peau juste fascinante et il est capable de miraculer jusqu’aux épidermes les plus sérieusement endommagés. Attendez-vous à être surpris car sa conception des soins est à l’opposé de tout ce qui se lit, dit ou fait ! Mais les résultats sont là. Prenez en de la graine, votre peau vous dira merci. J’ai moi-même suivi certains de ses enseignements, arrêté d’inonder ma peau à tout va et elle s’est beaucoup améliorée depuis. It works.
La peau s’hydrate naturellement, on s’en rappelle ?
« D’où l’arbre tire t-il son eau et ses nutriments, à votre avis. Du ciel ou de la terre ? » m’interroge le maître. Moi : « Heu … ben … de la terre ». Lui : « Bonne réponse ! Tout est délivré par le sol et ensuite acheminé au tronc, aux branches, aux feuilles, aux fruits. Eh bien, la peau, c’est pareil. Tous les apports essentiels proviennent de l’intérieur. Des molécules spécifiques se chargent ensuite de fixer l’eauet la redistribuent de façon continue jusqu’aux couches superficielles, tout au long de la journée ». L’important est donc d’empêcher cette eau de s’évaporer.
Et ce qui permet cela, c’est la couche cornée, la couche la plus superficielle de la peau (celle que vous touchez avec vos doigts), qui fait office de couvercle. Elle assure ce qu’on appelle « la fonction barrière ». Plus cette dernière est solide, mieux le fonctionnement cellulaire est assuré, plus la peau est hydratée et armée aussi, pour lutter contre toutes les d’agressions. « La peau n’est pas sensible, elle a été conçue pour résister, mais comme le corps qui se détériore et s’affaiblit sans un minimum d’activité physique, elle demande à être entraînée » indique le spécialiste.
Sa clinique à Beverly Hills, California
(manque plus que les Beatles qui traversent sur le passage clouté, non ?)
Le premier pire ennemi de la peau ? La crème hydratante !
Puisque la peau s’hydrate toute seule, elle n’a donc pas besoin d’être assistée dans cette tâche. Une notion de physiologie toute bête mais qui a été complètement oubliée. L’horreur absolue pour la peau, selon Zein Obagi, est donc l’usage déraisonné que l’on fait des cosmétiques : toutes ces crèmes hydratantes et huiles dont on s’over-tartine à longueur de journée, pensant bien faire. « MAIS NON, CE N’EST PAS BIEN ! » bondit de sa chaise le dermatologue (du coup, je m’enfonce dans la mienne). Pourquoi ? Parce ce sont les mêmes composants (eau, lipides, protéines) que ceux de la peau qui sont apportés. La crème hydratante agit comme un leurre, faisant croire aux cellules des couches profondes qu’il y a déjà suffisament d’hydratation. La peau diminue alors sa production d’hydratants naturels et c’est tout le fonctionnement de la peau qui s’en retrouve affecté, notamment le cycle de différenciation et de renouvellement cellulaire. Conséquences : la couche cornée et sa fonction barrière se fragilisent, la peau se sensibilise, les cellules mortes s’accumulent en surface et le teint devient terne. Un comble, non ?
Le second ennemi de la peau ? Le sébum !
Selon le Dr Obagi, la plupart des peaux sur la planète sont grasses. La vraie peaux sèche, constitutionnelle, est très rare. Quant à la peau sensible, on l’a dit, elle n’existe pas. « Mais qui connaît son type de peau, n’est-ce pas ? », questionne le dermatologue. J’ose un : « Moi, oui, je sais ! ». Lui : « La vôtre est grasse, comme toutes les autres. D’ailleurs, ça se voit, elle luit ! ». Bim ! J’aurais mieux fait de me taire … Et pourquoi Dieu, le sébum est-il si mauvais ? « Parce qu’il est responsable d’une inflammation chronique, qui endommage le collagène avant l’heure ainsi que toutes les fonctions cellulaires. Il faut donc le combattre par tous les moyens ! » m’indique Zein Obagi.
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Les recommandations du Dr Zein Obagi pour bien prendre soin de sa peau au quotidien
Compte tenu de tout ce que l’on vient de voir, pour retrouver une peau « saine », il faut donc :
- Consolider la fonction barrière de sa peau, en commençant par stopper toutes les crèmes hydratantes
Donc, là, j’entends déjà : « Hein ?! Mais la peau va tirer à mort ! ». Ah oui, il y a des chances qu’elle soit un peu inconfortable car elle est devenue complètement addict à tout ce que vous lui appliquez. Il y aura sans doute un petit passage difficile, d’environ 5 à 6 semaines, avant qu’elle retrouve pleinement son confort. Mais ça vaut la peine d’essayer. D’autant qu’il n’est pas non plus question de la priver de tout, puisqu’à après la toilette quotidienne, le Dr Zein Obagi recommande d’appliquer un antioxydant (à base de vitamine C, par exemple), mais le plus léger qui soit, et un écran solaire (de texture light, également). Mais tout surplus d’hydratation est inutile (sauf conditions climatiques spécifiques : vous partez dans le grand nord ou que sais-je).
- Rétablir le cycle naturel de maturation des cellules qui dure 40 jours, en assistant la peau dans ses fonctions de renouvellement, grâce à une stimulation quotidienne de l’épiderme et du derme
C’est le fameux « entraînement » dont parlait plus haut le spécialiste, qui est réalisé via des AHA, du rétinol ou l’acide rétinoïque prescrit par le dermatologue. Les rétinoïdes sont à la base même du programme de restauration de la peau d’Obagi puisque c’est eux qui permettent le remplacement continuel des cellules mortes par des cellules fraîches, actives, et bâtissent une couche cornée solide, garante d’une peau bien hydratée et résistante aux agressions. On dit toujours d’éviter de mettre le rétinol le matin mais Obagi, lui, dit le contraire puisqu’il renforce la barrière cutanée. Je vous avais bien prévenus, il dit toujours le contraire de tout.
- Lutter contre l’inflammation chronique, en épurant ni plus ni moins la peau du sébum
Ce dernier est non seulement présent dans toute peau grasse, mais aussi dans celles présentant des problèmes d’hyperpigmentation, de l’acné, de la rosacée, de la dermite séborrhéïque, etc. Donc, matin et soir, on fait une toilette en grand de son épiderme avec : lavage à l’eau (surtout pas d’eau micellaire qui laisse des résidus irritants sur la peau, le Dr Obagi la déteste) + gommage soft, sans particules abrasives (tous les jours si la peau est grasse, deux fois par semaine si la peau est sèche et fine) + tonique astringent (à base d’acide salicylique, notamment), histoire de bien déloger tout ce qui se trouve au fond des pores. Un masque à l’argile absorbant, de temps aussi, c’est bien. Pour les peaux sèches, un tonique qui rétablit le pH cutané après la toilette est suffisant.
A noter que le Dr Zein Obagi a mis au point tout un protocole de soin, The ZO Skin Health Restoration (dermatologique et cosmétique) à destination des médecins esthétique et des dermatologues, qui joue sur tous ces aspects. Donc, si vous souhaitez expérimenter le vrai soin Obagi, c’est chez eux que ça se passe. Grâce à sa méthode, le spécialiste promet le retour à une peau de bébé en cinq mois en moyenne (soit 2 à 3 cycles de maturation cellulaire), avec un épiderme plus épais, naturellement hydraté et confortable, sans signes d’irritation, une disparition des comédons, des pores dilatés et une grosse atténuation des taches, etc.
L’intérieur de la clinique, so chic
A quel moment programmer un peeling ou un laser ?
Pour le Dr Obagi, c’est une hérésie d’engager une procédure esthétique sur une peau fragilisée. « Il faut impérativement rétablir une barrière cutanée solide afin qu’elle puisse tolérer au mieux ces traitements agressifs. Autrement, c’est totalement contre-productif et vous risquez de fragiliser encore plus la peau », explique le dermatologue. Vous voilà donc renseignée. Maintenant, savoir si tous les dermatologues et médecins esthétiques respectent ce principe, ma foi …
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