7 avril 2019
Ces derniers mois ont été émaillés par un certains nombres « d’affaires » : des décès suite à des lipofillings des fesses, des injections « sauvages » réalisées par des non-médecins et aujourd’hui les prothèses mammaires suspectées de donner le cancer … Ces incidents relèvent heureusement de cas très isolés qui ne doivent pas vous dissuader de passer à l’acte si vous en avez envie, mais obligent tout de même à ouvrir l’œil.
Comme dans tout acte médical, on ne va pas vous la faire à l’envers, il y a des risques. Et il ne faut surtout pas les minorer, comme je le vois trop souvent dans mon entourage. Certaines femmes, parce qu’il s’agit d’esthétique, se rendent chez leur médecin ou leur chirurgien, comme chez elles vont chez leur esthéticienne. Toutes ces polémiques sont donc une bonne occasion de recadrer les choses, sur un certain nombre de points. Sont-elles fondées, déjà ? Ensuite, comment être sûr(e) d’éviter au maximum les problèmes ?
Le point sur les récentes polémiques
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Les prothèses donnent-elle le cancer ?
J’ai déjà fait un post récemment sur les prothèses et le risque de lymphome anaplasique à grandes cellules, que je vous invite à consulter pour revenir sur l’historique de toute l’affaire, bien compliquée il faut le dire.
En bref, le « LAGC-AIM » est un cancer qui survient à la suite d’une pose de prothèses. Il ne s’agit pas d’un cancer du sein mais d’un cancer à l’intérieur du sein, ce qui n’est pas du tout la même chose. Dans le cas qui nous intéresse, la guérison est normalement assurée par le retrait de la prothèse et de la coque qui l’entoure.
Sa survenue serait liée à la texture même de l’implant. Plus sa surface est rugueuse et plus il serait risqué. Raison pour laquelle les implants macro-texturés Biocell de la marque Allergan avaient déjà été retirés du marché, le 18 décembre 2018.
Par mesure de précaution (parce que le LAGC est un cancer rare – 56 cas depuis 2011 – mais grave), l’ANSM encore traumatisée par l’affaire du sang contaminé et des prothèses PIP, a finalement pris la décision le 4 avril 2019 de retirer du marché toutes les autres prothèses « macro-texturées » ou recouvertes de mousse de polyuréthane.
Les autorités de santé indiquent cependant qu’il n’y a pas lieu de procéder à une explantation préventive. Mais une surveillance médicale s’impose (d’autant plus urgente si l’un des seins se met à gonfler). Un Numéro Vert a été mis en place pour répondre à toutes les interrogations des patientes : 0.800.71.02.35. « Nous restons à leurs côtés pour les surveiller et les rassurer » indique le Dr Richard Abs, chirurgien plasticien et Président du Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE).
Les patientes qui envisageaient une intervention dans les semaines/mois à venir ont donc aujourd’hui l’obligation de se tourner vers les autres catégories de prothèses, lisses ou micro-texturées.
Commentant cette décision de la police sanitaire, le Dr Richard Abs indique : « Il s’agit d’une décision politique. Elle n’est basée sur aucune preuve clinique scientifiquement valable. Cette volonté de supprimer un risque exceptionnel au titre du principe de précaution augmente par ailleurs des risques bien réels de survenue de coques, de malposition, de réintervention … C’est déshabiller Paul pour habiller Jacques« .
Voilà les informations que nous pouvons vous fournir à date, au sujet de l’interdiction de certaines prothèses mammaires. Mais l’affaire est sans doute loin d’être terminée car certaines sociétés savantes de chirurgie esthétique se disent clairement en désaccord avec la déclaration de l’ANSM.
Wait and see, donc comme on dit.
Pour plus d’informations :
SOFCEP (Société Française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens), https://www.chirurgiens-esthetiques-plasticiens.com
SNCPRE (Syndicat National de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et esthétique, https://www.chirurgiens-plasticiens.info/diplomes-associations/s-n-c-p-r-e/
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Le lipofilling des fesses est-il une technique casse-gueule ?
Le lipofilling des fesses, on le rappelle, est une technique qui consiste à prélever de la graisse sur le corps du patient pour la réinjecter dans les fesses, afin d’apporter du volume.
S’il n’est pas pratiqué selon les dernières recommandations des sociétés savantes, il peut être dangereux, en effet. Une complication majeure peut survenir : l’embolie graisseuse (1 cas sur 4000), qui entraîne le décès du patient. « Cette embolie survient lorsque la graisse est injectée dans le muscle. Des veines profondes peuvent être lésées lors de l’opération. La graisse injectée est « aspirée » par ces veines. Elle se retrouve alors dans la circulation veineuse et crée une embolie pulmonaire, a fortiori lorsque le volume injecté est massif », indique le Dr Richard Abs. La recommandation est donc d’injecter la graisse, uniquement sous la peau, de choisir des points d’entrée spécifiques pour ne pas blesser les veines profondes avec la canule et d’injecter la graisse en plusieurs fois si l’on souhaite un beau volume.
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Que penser des injections d’acide hyaluronique réalisées par des non-médecins ?
Apparemment, il serait assez aisé de se procurer de l’acide hyaluronique sur internet ou dans certaines pharmacies, ce qui a donné l’idée à certaines esthéticiennes peu scrupuleuses de se lancer dans un business très lucratif, lequel relève ni plus ni moins de l’exercice illégal de la médecine. Une injection d’un produit de comblement est pourtant loin d’être anodine. Il faut maîtriser parfaitement son anatomie pour savoir précisément où l’on pique. Autrement, on court un gros risque de provoquer une nécrose cutanée (= pourrissement du tissu) en regard de la zone injectée, voire une perte définitive de la vision ou un AVC, consécutif à une embolie graisseuse. Les régions les plus délicates sont celles entre les sourcils, les ailes du nez, et pire encore le cerne. « Injecter sans être médecin, c’est comme conduire sans permis. C’est de la folie ! », résume le Dr Richard Abs. Les signes qui ne trompent pas : une douleur inhabituelle ou un blanchiment soudain de la peau. « Là, il faut stopper net l’injection et apporter très vite un antidote : une injection d’une enzyme, la hyaluronidase, qui va dégrader le produit de comblement. Ensuite envoyer sous les plus brefs délais le patient aux urgences, pour vérifier que tout est bien rentré dans l’ordre » indique le spécialiste. Bref, on vous déconseille fortement de prendre part à ces pratiques sauvages qui sont vraiment très, très périlleuses !
Quelles sont les chirurgies les plus risquées de toutes ?
Une bonne question, non ? Avant de se lancer, autant savoir où l’on va !
L’intervention la plus dangereuse est la plastie abdominale (= lifting du ventre), en raison des risques de phlébite et d’embolie pulmonaire qu’elle entraîne (50 décès lors des dix dernières années), d’où l’importance de réaliser ce type de chirurgie en France, pour être sûre de bénéficier d’une prise en charge et d’un suivi de qualité.
N°2 : la liposuccion, en raison du risque de perforation d’un organe creux (intestin, foie, rate).
N°3 : les gestes chirurgicaux associés au cours d’une même opération (type chirurgie des seins + abdominoplastie), qui augmentent le nombre de complications.
Le guide de bonne conduite à adopter côté patient pour éviter tout problème
- Ne consultez jamais le premier médecin venu, mais faites-vous conseiller par votre médecin traitant, les amis, etc.
LIRE ICI NOTRE SUJET: Comment trouver un bon médecin esthétique ?
- Vérifiez sa qualification auprès du Conseil de l’Ordre et éventuellement aussi auprès des sociétés savantes, comme la SOFCEP ou la SOCPRE pour les chirurgiens plasticiens.
- Renseignez-vous au préalable sur l’intervention, pour être capable de poser au spécialiste toutes les questions qui vous inquiètent. Il faut se responsabiliser a minima avant un acte médical ou chirurgical, pour éviter au maximum toute mauvaise surprise.
- N’acceptez jamais de prise en charge par une assistante médicale sans avoir été reçue en consultation au préalable par le médecin, et sans que ce dernier soit présent sur les lieux de l’intervention.
- Assurez-vous que les produits et machines utilisés dans le cadre des actes portent bien le marquage CE. C’est un minimum.
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