30 mars 2024
Une peau en sucre a t-elle la possibilité de faire des traitements esthétiques. Et si oui, lesquels ?
C’est une question que mes lecteurs me posent souvent. « Et ce traitement, je peux le faire, tu crois ? J’ai une peau tellement fragile … ». Moi-même ayant une rosacée, je suis particulièrement sensibilisée (c’est le cas de le dire) au sujet. Du coup, je suis allée demander à un dermatologue, le Dr Hugues Cartier, directeur scientifique de l’IMCAS (big congrès anti-âge, à Paris) et Vice-Président de la Société Française de Médecine Esthétique, comment il traitait ces peaux souffreteuses.
Alors, pour commencer, en dermato, la peau sensible, n’existe pas ! C’est un concept cosmétique. Un joli story telling. Pour le médecin, soit la peau est saine, soit elle est malade. « La peau peut-être fragilisée par l’exposome mais je vois surtout beaucoup de peaux sensibilisées par un abus ou une utilisation inappropriée de cosmétiques. Les peaux sont rouges, irritables, alors on pense illico à une rosacée mais quand on les étudie au dermatoscope, les pores sont bouchés par une accumulation de crèmes – ah, le « layering » …, ndlr -, et le sébum ne parvient plus à s’écouler. Donc, avant d’envisager tout traitement esthétique, il faut déjà commencer par faire table rase, avec une lotion nettoyante appropriée et une cure d’AHA » explique le Dr Hugues Cartier. Ensuite, il y a toutes les peaux allergiques. Par exemple, aux antiseptiques (type chlorhexidine) ou au latex (dans ce cas, le médecin devra faire attention aux gants qu’il utilise). Enfin, bien-sûr aussi celles qui sont atteintes d’une affection cutanée, et Dieu sait si elles sont nombreuses : rosacée, dermatite atopique, psoriasis, etc. Mais ce n’est pas pour autant que les patientes n’ont pas d’envies esthétiques !
Du coup, c’est lors de la première consultation que le médecin ou le dermatologue esthétique, qu’il vous dira, après avoir soigneusement étudié votre peau, ce qu’il est possible (ou non) de faire comme traitement. Mais d’une façon générale, et voilà qui est plutôt une bonne nouvelle, il est possible de faire pas mal de choses ! Par exemple, des injections (Botox, acide hyaluronique, polynucléotides, inducteurs collagéniques, etc), des fils tenseurs, de la cryolipolyse, des HIFU, de la radiofréquence, etc., à condition toutefois d’être prêt à supporter quelques désagréments …
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« Le plus délicat sur une peau en souffrance, ce sont les traitements abrasifs, par exemple les peelings ou les lasers ablatifs, ou ceux qui utilisent la chaleur, type radiofréquence microneedling. Je dis toujours à mes patients : on ne s’interdit rien, mais je les préviens que leur leur épiderme mettra plus de temps à cicatriser, qu’elle restera irritable longtemps. Evidemment, je les accompagne durant cette phase délicate. Après à eux de décider si le jeu en vaut la chandelle. L’état de leur peau n’en sera cependant pas aggravé, c’est important de le préciser » explique le Dr Hugues Cartier.
Oui, le truc à bien comprendre avant de vous lancer, c’est que les suites peuvent être coton. Même après une application de cortisone, ça peut chauffer pendant des jours et il n’y a hélas pas grand chose à faire pour apaiser cette sensation de cuisson si ce n’est des séances de photobiomodulation quotidiennes chez le médecin (ou chez vous, si vous disposez d’un masque LED un peu performant) ou faire des pulvérisations d’eau thermale. J’ai testé beaucoup de cosmétiques pour peaux allergiques ou abîmées, et c’est assez bof. Du coup, le temps que la peau récupère, les super résultats des traitements peuvent passer complètement à l’as. Et certaines patientes peuvent en sortir complètement dégoûtées aussi, au point de ne plus jamais vouloir en faire, ce qui n’est tout de même pas le but recherché !
Autre point : on ne peut pas, quand on a la peau sensible, s’attendre à des résultats de ouf. « La solution choisie est toujours un pis aller pour réduire le risque de complications. Mais la patiente de l’esthétique vient avant nous consulter pour se faire plaisir, pas pour souffrir » ajoute le Dr Cartier. Voilà, voilà. Maintenant si vous êtes raccord avec tout ça, voici ce qu’il est possible de faire sur certaines de ces peaux les plus rencontrées en consultation :
Les traitements esthétiques de la peau irritable
C’est la peau qui s’enflamme pour un rien, après avoir trop abusé des AHA ou des rétinoïdes, par exemple. « Je me méfie surtout particulièrement des peaux épaisses, séborrhéïques, pour lesquelles je réduis même au maximum les cosmétiques. Elle les tolèrent aussi assez mal les peelings. Mieux vaut pratiquer sur elles des lasers, vasculaires ou pigmentaires. Néanmoins, il peut aussi y avoir aussi des réactions et le médecin doit y préparer son patient en post-opératoire immédiat avec la prescription d’un corticoïde topique pendant 48 h pour juguler l’inflammation, et parfois par voie générale pendant quelques jours ». Les HIFU, le microneedling, la radiofréquence (classique ou endo-RF sous dermique), la cryolipolyse, font aussi partie des traitements possibles.
Les traitements esthétiques de la peau à rosacée
Avant d’entamer tout traitement esthétique, le Dr Cartier commence par apaiser la peau avec une crème médicamenteuse à base de métronidazole ou d’ivermectine, pendant un minimum de 6 semaines, et de façon progressive car elle n’est pas toujours bien tolérée (si tel est le cas, le médecin peut proposer une alternative avec une préparation magistrale contenant les mêmes ingrédients actifs mais dans une base plus adaptée à la peau de la patiente). Ensuite, tout est envisageable : un laser vasculaire ou une lumière pulsée pour traiter l’érythrose (rougeurs diffuses), des peelings doux pour améliorer la qualité de peau, des HIFU pour traiter les relâchements légers, de la radiofréquence microneedling, etc. Même un laser fractionné non ablatif pour stimuler le collagène peut être envisagé. Un peeling au phénol ? Non, là, ne rêvez pas trop quand même !
Les traitements esthétiques de la peau atopique
Cette peau qui est intolérante et surtout allergique à beaucoup de choses, peut aussi facilement s’infecter, nettement plus que les autres peaux. Il est cependant tout à fait possible de la traiter mais elle doit être surveillée comme le lait sur le feu. « Par exemple, j’ai pris en charge un patient qui était atteint d’un eczéma chronique des paupières. Il se plaignait d’une ride sous la paupière qui lui donnait un air fatigué. Je l’ai estompée avec un peeling, mais il est clair que la cicatrisation a pris du temps ! Toujours le même problème … » rapporte le Dr Hugues Cartier. Mêmes des lasers ablatifs sont possibles, mais là le médecin enfilera sans doute ceinture et bretelles et vous mettra sous traitement préventif anti-herpétique et antibiotique, pour éviter tout problème.
Les traitements esthétiques des peaux mates et foncées
Après, il y a des peaux qui ne sont pas spécialement sensibles mais avec lesquelles les dermatologues prennent beaucoup de gants, ce sont les peaux asiatiques et métissées.
« Sous l’effet d’un traitement par la chaleur, en particulier si l’effet thermique est prolongé, un mélasma peut se réveiller. Ou pire, une pigmentation post-inflammatoire peut apparaître, qui sera encore plus difficile à traiter. Sur ces peaux, il est clair que je privilégie plutôt les peelings doux, voire des peelings moyens, mais bien gérés dans les suites avec une protection solaire durant 1 mois à 2 mois, ou alors des lasers fractionnés non ablatifs comme le laser Nd-YAG 1340 nm que je trouve très rassurant ou les pico fractionnés, qui permettent d’estomper rides et cicatrices » indique le Dr Cartier. Mieux vaut en revanche éviter la radiofréquence microneedling qui risque de déclencher une hyper pigmentation aux points d’entrée des aiguilles. Un microneedling simple, au stylo ou au roller est préférable.
Les traitements esthétiques de la peau fine
« Et bien, bonne nouvelle car mis à part les atrophies fibrosantes cicatricielles du front, dans lesquelles la peau est aussi transparente que du papier à cigarette, il n’y a aucune raison de priver cette peau, à tort considérée comme fragile, de traitements. L’ une des meilleures indications du phénol, le plus agressif des peelings est précisément la peau fine et parcheminée. C’est dire …» rapporte le spécialiste.
Dr Hugues Cartier
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