Spécial collagène : tout pour l’empêcher de vieillir, et vous avec !

19 mars 2023 – Mise à jour le 8 février 2024

Vous croyez tout savoir sur le collagène et la peau ? Voyons cela … parce qu’on raconte toujours les mêmes sempiternelles choses, qui ne sont pas toujours justes en plus.

D’où ça vient le mot « collagène » ?

Du grec « kolla », qui signifie « colle ». A l’époque, cette dernière était obtenue à partir d’os bouillis qui donnaient de la gélatine.

Un composant majeur de l’organisme

Le collagène représente un tiers de toutes les protéines du corps, ce qui est colossal. D’ailleurs, saviez-vous que l’os est un collagène calcifié ?

Pas un collagène mais « des » collagènes

On dénombre 28 types de collagènes différents dans le corps humain. Ceux présents majoritairement dans la peau sont les I et III, qui sont toujours intimement mêlés (des collagènes dits « majeurs », parce qu’on les trouve en grande quantité dans la peau contrairement aux « mineurs » ( IV, V, VII, XIV) présents en faible quantité, mais occupant des fonctions majeures, au niveau de la jonction dermo-épidermique notamment. Le manque de collagène VII, par exemple, est à l’origine d’une maladie : l’épidermolyse bulleuse (formation de bulles cutanées).

Quel est le rôle du collagène dans la peau ?

Un rôle structurel. Les collagènes I et III donnent à la peau sa tenue, sa fermeté, sa résistance à l’étirement. Ses fibres forment un véritable échafaudage au sein du derme. D’autant qu’il y a des « pontages » entre les molécules de collagène mais aussi à l’intérieur même de ces molécules, qui renforcent sa structure. On évoque toujours, en cosmétique, le couple parfait que la protéine forme avec l’élastine. « En réalité, l’élastine est complémentaire du collagène dans le derme mais son rôle est loin d’être aussi essentiel qu’on le prétend » recadre le Pr Grimaud, ancien directeur de L’Institut Pasteur de Lyon.

Comment est fabriqué le collagène de la peau ?

Super-compliqué ! Il y a 5 étapes.

1/ La fabrication démarre à l’intérieur du fibroblaste, l’usine à collagène de la peau, à partir d’acides aminés qui circulent dans le sang ( glycine, lysine, proline …) et qui sont apportés par l’alimentation.Le boulot dudit fibroblaste consiste à fabriquer 3 chaînes alpha (soit 3 brins de procollagène, le précurseur du collagène), qui s’attachent ensuite en leur centre histoire de rester bien solidaires.

2/Une fois ce travail terminé, les 3 brins attachés sont éjectés de la cellule par l’intermédiaire d’un « exosome », une vésicule minuscule qui sert de véhicule. Ils se retrouvent alors dans la matrice extracellulaire où ils forment une jolie tresse (la « triple hélice » comme on l’appelle).

3/ Pour donner une fibrille de collagène, il faut ensuite que les extrémités de la tresse soit coupées par une enzyme (la télopeptidase). Ne me demandez pas pourquoi mais c’est comme cela que ça marche. Au final, le truc ressemble à une petite bobine de fil. Cette fibrille-là est composée de mille acides aminés et d’un sucre. Ce qui change d’un type de collagène (I, III, etc) à un autre, ce sont les proportions et l’ordre de ces différents acides aminés dans la chaîne.

4/Plusieurs bobines de fil vont ensuite s’assembler pour former une fibrille de «tropocollagène », l’unité fondamentale du collagène.

5/Enfin, des centaines de fibrilles de tropocollagène vont se lier entre-elles et donner la fibre de collagène mature. Ouf, on y est !…

Toute cette chaîne de fabrication prend environ 8 jours.

Chance pour nous, on produit du collagène tout au long de notre vie mais bien-sûr, en vieillissant, le fibroblaste n’est plus aussi frétillant que dans ses jeunes années.

Une fois fabriquée, la molécule persiste moins d’un an dans l’organisme. Elle est dégradée par des enzymes qui la reforme ensuite à partir des acides aminés existants et/ou apportés par le sang.

Qu’est-ce qui nuit au collagène de la peau ?

L’âge, bien-sûr ! Mais aussi l’environnement (UV, pollution, tabac …, accélèrent la dégradation des précieuses fibres), le défaut d’hydratation (veillez toujours à boire suffisamment et à conserver la peau confortable avec une petite crémouze quelconque), l’inflammation …

Le collagène diminue de 1 % par an dès l’âge de 25 ans, si bien qu’à 40 ans, on en a déjà perdu 20 % ! D’ailleurs, ça se sent bien sous les doigts, au fil des ans, que ça part en quenouille, non ?

Qu’est-ce qui stimule la fabrication du collagène dans la peau ?

Tout commence avec des choses très simples comme les crèmes anti-âge (lorsqu’elles sont bien faites) mais un produit qui stimule la synthèse de collagène n’a pas besoin d’être à base de collagène. Les crèmes contenant du collagène marin (issu d’arêtes de poissons, « Collagen » dans la liste INCI des ingrédients), en l’occurrence, ne font pas grand-chose. Elles hydratent simplement la peau car la molécule est trop volumineuse pour pénétrer la peau.

Plus intéressantes sont les formules à base de peptides de collagène (petite séquence d’acides aminés), si toutefois ces derniers sont suffisamment petits pour se faufiler entre les couches de l’épiderme. On les trouve dans la liste des ingrédients sous leurs noms d’acides aminés : proline, lysine, glycine, hydroxyproline …

Le collagène végétal vanté actuellement par certaines marques pour séduire les consommatrices vegans n’existe pas dans la nature. Il s’agit en fait d’extraits végétaux (hélichryse, verveine …) contenant des acides aminés proches de ceux que l’on trouve dans le collagène de la peau. Ça ne veut pas dire que ça ne marche pas. Simplement que ce n’est pas du collagène.

Enfin, il existe maintenant un collagène de synthèse. « Il reproduit exactement les mêmes séquences d’acides aminés que le collagène biologique. Mais l’ingrédient, encore récent en cosmétique est peu utilisé, d’autant qu’il coûte très cher » explique Lionel de Benetti, cosmétologue.

Sinon, pas de mal de molécules sont réputées activer la synthèse de collagène. Par exemple, la vitamine C ou la Centella Asiatica ou les extraits de plantes dont on a parlé plus haut. On prête aussi cette vertu au Niacinamide. « Toutefois cela n’a pas été sérieusement objectivé » indique Lionel De Benetti.

En revanche, il est impossible (contrairement aux arguments avancés par certaines marques cosmétiques) de stimuler de façon spécifique une variété de collagène. « Le fibroblaste est activé mais ensuite, il produit ce qu’il veut ! » rectifie notre expert ès-cosmétique.

Les rétinoïdes (rétinol, rétinaldéhyde ou vitamine A acide sur prescription), eux, font mieux que tous les autres ingrédients : « Ils multiplient le nombre de fibroblastes » explique le Pr Jean-Alexis Grimaud. Wow ! Plus d’usines à collagène, c’est donc encore plus de collagène dans la peau ? « Non, pas forcément, car le nombre de réplication des fibroblastes est limité à 16 fois , soit environ une vingtaine d’années. On épuise donc plus rapidement les capacités de régénération de sa peau », explique notre expert. Ce qui signifie en substance qu’avec les rétinoïdes, le coup de jeune arrive rapidement mais que la peau se ride aussi plus tôt. Et bim ! Comme en bien des choses, l’excès est donc à bannir. Même si les rétinoïdes rendent de précieux services puisqu’ils blindent aussi l’effet barrière de la peau pour la garder toujours bien hydratée, les utiliser à longueur d’année ne serait peut-être pas une si bonne idée … C’est du moins l’avis du Pr Grimaud.

Il y a évidemment bien d’autres moyens que les crèmes pour stimuler la formation de collagène. Par exemple, le massage et de nombreuses techniques de médecine esthétique que je vous détaille ici. Beaucoup utilisent la chaleur ou l’effet stimulant d’aiguilles ou les deux.  17 façons de stimuler la jeunesse de sa peau.

Lire aussi : Les inducteurs collagéniques chez le médecin esthétique, c’est tendance ! et L’induction collagénique par laser pour une peau plus ferme

Et les compléments alimentaires à base de collagène, ça marche  ?

Ah, the BIG question !… Eh bien, disons le carrément, ces compléments alimentaires, c’est comme le « régime collagène » vanté par certains, ça ne sert à rien du tout, sauf à amener (les fameux acides aminés (glycine, lysine, proline …) qui vont permettre aux fibroblastes de fabriquer, in fine, le collagène. Toutefois une alimentation équilibrée les apporte déjà ! En aucun cas, ces petites pilules n’offrent un collagène qui va profiter directement à votre peau. Voilà, c’est dit !

 

Les experts

Pr Jean-Alexis Grimaud et Lionel de Benetti