25 juin 2017 – Mise à jour le 29 juin 2024
En tous les cas, c’est une idée à laquelle beaucoup songent car le coût des interventions peut y être deux à trois fois moins cher. Mais le prix doit-il être le seul critère de choix ? Le Journal de Mon Corps fait le point sur cet épineux sujet.
Avant de vous envoler pour la Tunisie ou le Maroc (ou les pays de l’est pour les soins dentaires), pesez le pour et le contre. Quels sont les avantages et les inconvénients de se faire opérer en France ou à l’étranger ?
Pour rappel, en France …
Vous avez la possibilité de choisir votre médecin
De la voir en chair et en os, de vérifier facilement sa qualification (sur www.conseil-national.medecin.fr) de lui poser toutes les questions que vous voulez, de demander à voir des avant/après d’anciennes patientes. De son côté, lui vous délivrera une information complète sur l’intervention, ses risques, ses complications éventuelles. Par exemple, si vous fumez, il vous rappellera qu’il est préférable pour une meilleure cicatrisation d’arrêter le tabac au moins un mois avant l’intervention (mais deux c’est encore mieux). Et il aura tout loisir de vous examiner à la loupe, de toucher, de palper la future zone opérée, ce qui est important pour évaluer la qualité de la peau avant une liposuccion, notamment. Il nous paraît complètement dingo de réaliser un diagnostic uniquement sur photos ! Et si le médecin ne vous plaît pas, vous avez toute liberté d’en consulter un autre ! Lire ici : Chirurgie esthétique : tout ce que vous devez savoir avant de vous lancer. Comment trouver un bon médecin esthétique ?
Vous avez la possibilité de voir la clinique où vous serez opéré(e)
Voilà qui peut être bien utile si vous êtes du style « angoissée », bien qu’en France, il n’y ait pas réellement d’inquiétude à avoir concernant la sécurité sanitaire des établissements de santé. C’est même l’un des gros points forts du pays. « Toutes les structures ayant une activité en chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice ont reçu un agrément de l’HAS (Haute Autorité de Santé) pour pratiquer cette activité dans les conditions optimales de sécurité : qualification du personnel soignant, sécurité du patient au bloc opératoire, traçabilité des produits et matériels utilisés dans le cadre de l’intervention, etc. Et toutes doivent avoir signé une convention de partenariat avec des établissements hospitaliers de proximité pour le transfert dans des unités de soins adaptées en cas de complications graves », indique le Dr Michel Rouif, secrétaire général de la SOFCEP (Société Française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens, www.chirurgiens-esthetiques-plasticiens.com). A l’étranger, on ne peut pas vous l’assurer ! Il y a parfois une énorme disparité dans la qualité des infrastructures proposées.
Vous disposez d’un délai de réflexion de 15 jours minimum avant la remise du devis daté et signé par le praticien
« Tous les pays du monde ne proposent pas cette disposition, loin de là ! » précise le Dr Michel Rouif. Ceci pour vous permettre de vous poser les bonnes questions, peser une fois de plus le pour et le contre : êtes-vous réellement prête pour cette intervention ? Avez-vous choisi le bon médecin ? Etc, etc. On prend toujours de meilleures décisions lorsqu’on a du temps devant soi. Le délai de réflexion, c’est donc capital !
Votre médecin assure tout le suivi post-op
Et c’est sans doute cela le plus important dans l’histoire car une fois le geste technique assuré, il y a « l’après » : l’angoisse du gonflement, des bleus, de la douleur. Bref, quand on n’a pas son médecin sous la main, ça peut rapidement virer à la panique. « Si la plupart des complications surviennent dans les 48 heures suivant l’intervention (hématome, perforation digestive, embolie pulmonaire, etc), d’autres peuvent se déclarer jusqu’à une semaine après (infection, défaut de cicatrisation, etc) et nécessiter un suivi durant plusieurs semaines ! » explique Le Dr Michel Rouif. D’où l’intérêt d’être à proximité de son médecin ! Le contrôle à distance (2 à 3 mois après) est important également pour s’assurer que le résultat est bien atteint, que la cicatrice évolue favorablement, qu’il n’y a pas de complication particulière (par exemple l’apparition de « coques » après une pose de prothèses mammaires). S’il y a besoin d’une retouche (possible après une liposuccion) ou de reprendre une cicatrice, le médecin assurera l’acte le plus souvent sans demander d’honoraires supplémentaires. Enfin, en cas de raté (mais rassurez-vous, c’est très rare !), vous serez indemnisée via l’assurance de responsabilité civile professionnelle du médecin.
A l’étranger …
Ok, la chirurgie esthétique à l’étranger, c’est moins cher
Entre 40 et 60 % de moins environ dans les pays du Maghreb (pour la bonne et simple raison que les charges sont moins élevées qu’en France : le loyer, le personnel, tout ça, coûte beaucoup moins cher). On comprend que vous soyez tentées, tout le monde n’a pas les moyens de se payer une intervention à 4000 € ! Et puis dans le lot, il faut le dire : il y a tout de même des patientes qui sont très satisfaites (autrement le business aurait périclité depuis longtemps !). Malheureusement, on ne peut pas passer sous silence celles qui connu des galères ! « Tout le problème est là, c’est la loterie ! On se sait jamais à l’avance comment les choses vont se passer ! » déplore le Dr Michel Rouif. » Les gens se rendent à l’étranger pour les opérations les plus onéreuses (abdominoplastie, Body Lift…). Mais ce sont celles qui sont aussi les plus risquées !« . A notre avis, le prix ne doit pas être le seul argument qui entre en compte dans votre réflexion. Le plus important, c’est le résultat final. Et pour mettre toutes les chances de votre côté, il faut avoir un maximum la main sur les évènements. Or avec un Tour Operator, vous ne l’avez pas vraiment puisque c’est lui qui décide de tout.
Ok, il y a le soleil, les palmiers, la piscine au pied de l’hôtel 5 * et tout ça (= kiff total)
Mais à moins de faire bronzette le jour de votre arrivée, il y a peu de chances que vous ayez envie de vous prélasser au soleil sortir de votre intervention (d’autant qu’il est fortement recommandé de ne pas exposer ses cicatrices aux UV pour éviter les problèmes d’hyperpigmentation). Oubliez aussi le tour en chameau en sortant de la lipo. Avec tous les bleus que vous aurez sur les cuisses, vous n’arriverez même pas à grimper dessus !
MAIS ! …
Vous ne choisissez pas votre médecin
Et ne le rencontrez la plupart du temps que la veille de l’intervention, ce qui laisse un peu de temps pour faire connaissance. Si la plupart des praticiens qui exercent dans les pays du Maghreb ont été formés en France et sont donc à priori compétents et habitués aux exigences de nos compatriotes, une seule et unique consultation avant l’opération est peu court. Si vous avez des hésitations, des questions restées en suspens, il faudra vous contenter du minimum syndical. En France, une deuxième consultation est toujours possible avant de passer au bloc pour affiner les choses, ce qui est bien utile avant une pose de prothèses mammaires par exemple, pour choisir et essayer plusieurs modèles. Par ailleurs, on n’ose imaginer si vous aviez un mauvais contact avec le praticien. Aurez-vous seulement envie de poursuivre l’aventure ?
Vous n’êtes pas suffisamment prise en charge pour le post-op
Même si l’on vous garde plusieurs jours (jusqu’à neuf pour les plus grosses interventions) et que vous avez droit à deux consultations post-op, l’affaire est loin d’être réglée ! En cas de complication après votre départ du pays d’accueil, qui gèrera le suivi ? Pensez-vous qu’un coup de téléphone ou des mails seront suffisants si vous faites une nécrose cutanée par exemple ? Qui assurera et paiera les soins que vous devrez réaliser en France ? Par ailleurs, après une grosse intervention comme une plastie abdominale, un Body Lift ou une liposuccion, il y a toujours un risque de phlébite dans l’avion (à fortiori si vous êtes fumeuse, prenez la pilule, etc), voire d’embolie pulmonaire. Il faudra à minima prévoir le port de bas de contention et la prise d’aspirine pour fluidifier le sang (on espère que cela vous sera spécifié). Et quid des sutures après une pose de prothèses de fesses ? Les recommandations sont d’éviter les chaises basses pendant les deux premières semaines après l’intervention, sous peine de provoquer l’ouverture de la cicatrice. Vous comptez voyager debout ? Et s’il y a des retouches à faire, pensez-vous que le tour operator sera suffisamment complaisant pour vous repayer le voyage aller-retour s’il n’y a qu’une petite rectif’ ? D’ailleurs, comment réellement évaluer sur photo ce qui mérite ou non d’être retouché ?
Vous n’êtes pas assurée en cas de complication
N’étant pas assujetti à la loi française, le médecin n’a aucune obligation envers vous. En cas de pépin, il sera donc difficile pour ne pas dire impossible de vous faire indemniser. La reprise chirurgicale en France sera réalisée à vos frais. Et autant le dire, ce n’est jamais de gaité de cœur que les chirurgiens Français s’y collent car le travail est toujours plus complexe, et la satisfaction du patient rarement au rendez-vous.
Et pour les travaux dentaires, même topo …
De nombreuses personnes intéressées par des facettes pour sauver leurs dents abîmées se rendent dans les pays de l’est, et notamment en Hongrie, où les soins sont réputés deux fois moins chers. Mais là, même problème. On vous remet entre les mains d’un chirurgien-dentiste que vous ne connaissez pas, dont vous n’avez aucune idée des compétences et qui doit travailler dans un laps de temps très court (souvent une semaine). Ce qui implique qu’il ira forcément aux solutions les plus simples, lesquelles ne sont pas toujours les meilleures pour vos dents ! Par exemple, la pose de Lumineers (ou équivalent), des facettes qui se posent sans avoir à tailler la dent, de facettes préfabriquées ou de couronnes (plus rapides à poser et plus solides). On est loin de la belle ouvrage … « La pose de facettes est un soin global qui doit être exécuté après une étude précise du cas clinique, laquelle peut entraîner des étapes intermédiaires et donc prendre du temps. Par exemple, si toutes dents du patient sont usées, il en résulte un trouble de l’occlusion dentaire, qui nécessite des soins spécifiques avant d’aborder la pose de facettes » explique Isabelle Schwartz, docteur en chirurgie dentaire. La précipitation en matière de soins esthétiques est donc peu recommandée. Par ailleurs, quelle garantie vous offre t-on concernant la qualité des matériaux utilisés ? « On peut sortir du cabinet avec un résultat esthétiquement très joli, et un an après, les problèmes commencent. A minima, la casse mais un mauvais travail peut aussi occasionner une perte dentaire », commente Isabelle Schwartz. Et quid de l’habilité du prothésiste auquel le chirurgien confie la fabrication des facettes ? Sera t-il capable de réaliser le travail tout en finesse dont vous rêvez ? Quant au suivi du patient à distance, il n’est pas prévu. Or, l’usage veut que vous repreniez rendez-vous tous les trois mois avec votre dentiste pour une visite de contrôle …
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Bref, se faire opérer à l’étranger comporte des risques, vous l’avez compris, surtout en ce qui concerne les soins post-op. Donc, réfléchissez-bien avant de vous engager. Et surtout, fuyez les tour opérators qui font des offres promotionnelles du type – 25 % si vous vous faites opérer en duo avec une copine. Vous n’êtes pas des jambons !!! L’idéal, si vous tenez vraiment à vous faire opérer à l’étranger pour diminuer les coûts, est de trouver un chirurgien qui a son cabinet en France et opère quelques jours par mois de l’autre côté de la Méditérranée ou ailleurs. Il pourra ainsi assurer votre suivi en France (il y en a, cela existe. Mais ne nous appelez pas pour avoir les numéros, la loi nous interdit de vous les donner !!!).
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