20 janvier 2024
Quels ont été les grands temps forts en esthétique médicale tout au long de l’année 2023 ? C’est ce que je vous raconte ici !
Plutôt que de vous faire un sujet sur les tendance pressenties en médecine esthétique pour 2024 (que je n’ai pas encore réellement de toute façon), je préfère vous faire un petite résumé de ce qui a animé le milieu de l’esthétique tout au long de l’année passée. C’est toujours plus intéressant d’analyser les choses avec un petit peu de recul, non ?
Les inducteurs collagéniques
Cette classe d’injectables n’est pourtant pas nouvelle puisqu’il y a déjà des spécialités (Radiesse, Sculptra …) sur le marché depuis de nombreuses années déjà, mais l’arrivée de nouveaux produits a complètement reboosté la catégorie. « Ce qui est intéressant, c’est que l’on va pouvoir maintenant comparer les efficacités entre les différents injectables, et aussi toutes les technologies inductrices de collagène, comme le laser, fils tenseurs, les radiofréquences, les HIFU, etc » indique le Dr François Michel, dermatologue. On sait déjà qu’après une injection d’hydroxyaptite de calcium (Radiesse), l’expression de collagène augmente de 40 % et d’élastine de 73 %, soit une augmentation de l’épaisseur du derme de 30 %. A voir pour les autres, maintenant.
Les inducteurs collagéniques, pour rappel, ne regonflent pas la peau. Ils n’ont pas d’impact sur les volumes du visage comme l’acide hyaluronique, donc aucun risque de se retrouver avec une « pillow face » à la Madonna. Ils stimulent simplement la production naturelle de collagène, pour un effet « défroissage ». Prudence, toutefois : ces injections peuvent générer des réactions plus cognées qu’avec l’acide hyaluronique (en même temps, c’est un peu l’effet recherché puisque c’est à partir de la réaction inflammatoire engendrée que la peau va se régénérer). Malgré tout … « Mieux vaut ne pas se risquer d’emblée avec ces produits si on n’a jamais fait d’injections de produits de comblement de sa vie, ou si l’on ne supporte déjà pas très bien l’acide hyaluronique. Et toujours différer le traitement, si on suppute une inflammation sous-jacente, comme une Covid, une infection dentaire, une sinusite, etc. Bref, on évite de se rendre chez son médecin esthétique quand on est malade ! » met en garde notre spécialiste. A savoir aussi : le produit composé de particules de synthèse, ne se dégrade pas entièrement comme l’acide hyaluronique. « Que donnera cette accumulation de particules sous la peau, même infime, dans trente ans, on ne sait pas » admet le Dr François Michel.
La lumière intense pulsée « new generation »
La technologie étant aux mains des esthéticiennes depuis quelques années, les médecins s’en étaient détournés. Jusqu’à ce que, ta-da !, de nouvelles bécanes hyper-perfectionnées, comme la BBL, arrivent sur le marché, et relancent l’intérêt. En gros, c’est comme remplacer des Dacia par des Porsche. Petit rappel de ce que ça traite : les taches brunes, les rougeurs, les pores dilatés, les petits boutons d’acné, … C’est le traitement « belle peau » par excellence. Et dans sa version « updatée », il est donc plus rapide, plus performant, moins douloureux, mais … plus coûteux (ah bah …., la frime avec une Porche, ça se paie !).
La radiofréquence microneedling
Là aussi, la technologie n’est pas nouvelle (lire ici : Rajeunir avec la radiofréquence à micro-aiguilles), mais le bon marketing réalisé autour du Morpheus8 notamment a réussi à propulser les ventes de ces machines sur le devant de la scène, qui sont, par ailleurs cent fois plus sophistiquées que par le passé. Le point fort de la techno ? Son immense polyvalence puisqu’elle permet de traiter la peau dans toutes ses couches (jusqu’à la graisse pour certaines, sans rivaliser toutefois avec la cryolipolyse) et même aujourd’hui la cavité vaginale (je vous en reparlerai). Le principe n’est pas très éloigné du laser fractionné ablatif (celui qui fait des petits trous espacés dans la peau) mais aussi du non ablatif (celui qui agit sous la peau, sans la blesser). « Toutefois le traitement est moins douloureux et ses suites sont beaucoup plus simples que le laser fractionné non ablatif jusqu’ici très utilisé dans le rajeunissement sans éviction sociale. Par ailleurs, les aiguilles pénètrent plus profondément que le laser et offrent une cation sur le relâchement plus importante » résume le Dr Noël Schartz, dermatologue qui possède, lui, une Potenza. Voilà une technologie qui a donc encore de beaux jours devant elle !
Les exosomes
C’était « the » grand sujet lors de l’IMCAS 2023 (grand raout annuel parisien du monde l’esthétique médicale). Et c’est dans la suite de ce congrès que j’avais donc posté mon article (Lire ici : Médecine régénérative : l’extraordinaire pouvoir rajeunissant des exosomes). Un an plus tard, l’hystérie autour de ces nanovésicules s’est un peu tassé. « Les exosomes de cellules souches restent cependant un énorme sujet d’intérêt pour la médecine régénérative anti-âge mais l’administration de ces produits posent tout de même un certains nombre de questions. Est-ce qu’on ne risque pas de transférer des maladies des donneurs aux receveurs ? De développer d’éventuelles tumeurs débutantes qui seraient présentes sur la peau, comme des carninomes ? Enfin, jusqu’où diffusent ces nanoparticules ? Est-ce qu’elles ne risquent pas d’atteindre d’autres organes et de générer des effets délétères après quelques années ? » s’interroge le Dr Noël Schartz. Reste que l’administration des produits d’origine humaine est interdite en France, et même dans la plupart des pays du monde, en dehors des travaux menés en recherche. Quant aux exosomes d’origine végétale commercialisés par les Coréens, on n’a pas encore d’études fiables qui démontrent leur efficacité poursuit l’expert. Toutefois, en jetant un œil au programme de l’IMCAS 2024, les exosomes occuperont toujours une bonne partie des communications en février prochain, donc un nouvel emballement d’ici quelques semaines n’est pas exclu ! A suivre, donc.
La médecine du bien-être sexuel
Mes premiers écrits sur le sujet remontent à 2017 (Lire ici : Mesdames, votre sexe a t-il besoin d’un coup de jeune ?). Mais ce n’est que depuis l’an dernier que cette médecine de l’intime a commencé à toucher plus massivement le grand public. Il était temps de briser les tabous ! Car oui, les différents changements hormonaux qui jalonnent la vie d’une femme (grossesse, ménopause, etc) ont un impact dans la zone du bas, laquelle peut devenir soudain très inconfortable (irritations, sécheresse, douleurs lors des rapports, relâchement, et j’en passe). Toutefois, de plus en plus, les patientes osent confier leur désarroi et demander assistance. Laser, radiofréquence, injections, etc., restaurent la fonctionnalité de la paroi vaginale, pour diminuer tous ces symptômes désagréables et retrouver une sexualité épanouie.
Les fake injectors
On a encore beaucoup parlé de ce sujet tout au long de l’année et c’est une excellente chose vu le nombre de moutons noirs qui sévissent encore sur les réseaux. Deux sœurs ont été condamnées dans le Nord à plusieurs années de prison l’été dernier et les affaires se multiplient. « On attend maintenant la mise en application d’un décret qui interdit la délivrance de l’acide hyaluronique sur internet et dans les pharmacies sans ordonnance » indique le Dr Isabelle Rousseaux, dermatologue. Hélas, rien n’empêche une société étrangère de commercialiser les produits sur internet, donc le problème n’est pas entièrement réglé non plus. «C’est déjà un premier pas ! Et ce que nous souhaitons aussi maintenant, c’est que l’acide hyaluronique échange son statut de dispositif médical contre celui de médicament, comme c’est le cas de la toxine botulique, ce qui participera aussi grandement à limiter les dérives » poursuit le Dr Rousseaux. Reste que ce ne sont pas uniquement les injections que les fake injectors s’approprient mais, hélas, aussi, toutes les technologies de la médecine esthétique, comme les fils tenseurs, le détatouage, et j’en passe … Ya du boulot mais les médecins sont déterminés à les éradiquer.
Les experts
Drs François Michel, Isabelle Rousseaux, Noël Schartz
Laisser un commentaire