29 octobre 2017 – Mise à jour le 2 février 2019
Ce que font les autres femmes à l’étranger pour leur peau est toujours un peu intrigant. Surtout lorsqu’elles habitent une ville aussi palpitante que New-York. De passage à Big Apple récemment, je n’ai donc pas hésité à aller interviewer une dermatologue …
La doctoresse qui me reçoit s’appelle Elizabeth Hale, une jolie blonde d’une petite quarantaine d’années, installée Upper East Side (les quartiers chics de Manhattan), avec sa sœur également dermato. Très vite, je comprends deux choses : 1/ les New-Yorkaises aiment les peaux nickel. « Pour moi, il n’y a rien de pire qu’une personne qui ne prend pas soin de sa peau » avoue notre spécialiste en esquissant une petite moue dégoûtée. Je cache ma tache sur la joue droite « Il faut qu’elle soit parfaitement nette, sans aucun défaut » (je la re-cache, elle doit l’avoir repérée 🙁 …). En fait, notre spécialiste est juste en train d’évoquer la fameuse « flawless skin » si vantée par les magazines américains. Pourquoi les New-Yorkaises en sont-elles dingues ? Parce qu’elles peuvent ainsi sortir peau nue, sans aucun maquillage. Un véritable « must do » dans la mégalopole. Mais qui n’est pas partagé par tout le monde aux Etats-Unis. Dans certains états, qu’on image aisément, il FAUT être impeccablement maquillée, manucurée et brushée, autrement on n’est pas humaine ! 2/ Elles ont néanmoins une approche de l’esthétique assez voisine de la nôtre, étant plus adeptes du « less is more» que du «100 % refait», comme à Miami ou Los Angeles. Mais plus sensibilisées à la prévention anti-âge que nous, elles commencent plus tôt et font beaucoup plus de choses.
Dr Elizabeth Hale
Les marques cosmétiques et plus encore les dermatologues, insistent énormément sur la protection solaire, qui est appliquée toute l’année (même par temps de pluie et même les jours d’hiver !). « Je recommande un écran anti-UVA/UVB d’un indice 30 minimum. C’est particulièrement important si la peau est foncée, elle fait plus de taches que les autres. Dessous, je demande de glisser un sérum anti-oxydant, type CE Ferulic de SkinCeuticals, qui protège contre les dommages solaires et la pollution environnementale. Pour moi, c’est le minimum syndical pour conserver une belle peau » explique le Dr Elizabeth Hale. Le soir, pour stimuler la production de collagène et le turn-over cellulaire, c’est rétinol pour tout le monde, sous un soin hydratant comme celui de chez LifeLine à base de peptides extraits de cellules souches humaines (!!!!). Puis, lorsque la peau est habituée, la dermatologue troque le cosmétique contre de la vitamine A acide, pour booster l’efficacité anti-âge.
Et côté esthétique, c’est quoi les soins fétiches à NY ?
Les New-Yorkaises étant « habitées » par la notion de prévention, elles n’hésitent pas à démarrer les traitements jeunes, donc ils sont forcément très soft au début. Elles pratiquent par exemple le « microneedling » : un stylo ou un roller qui microperfore la peau pour stimuler la production de collagène et booster la pénétration des produits anti-âge (antioxydants, acide hyaluronique) qui sont appliqués ensuite. Sans risques, ces soins ne sont d’ailleurs pas pris en charge par les médecins mais par des infirmières ou des esthéticiennes formées à ces techniques. Des peelings superficiels comme le peeling au rétinol peuvent être également proposés pour offrir un coup d’éclat, de même que des lasers fractionnés non ablatifs (Clear and Brilliant, Fraxel Restaure), qui chauffent la peau en profondeur pour la stimuler, la tonifier, rafraîchir un peu le teint aussi. Les dermatologues les proposent notamment au retour des vacances d’été pour compenser de petits dégâts dus au soleil ou avant un mariage ou toute autre grande occasion, etc. L’effet est léger mais ces propositions permettent de se familiariser avec les traitements esthétiques en douceur. De fait, ils ne marquent pas du tout la peau (tout au plus laissent-ils de légères rougeurs et une peau sèche granuleuse sous les doigts pendant quelques jours). On peut reprendre ses activités immédiatement après la séance.
Les soins les plus pratiqués restent cependant les injections : Botox (ou plus exactement Vistabel, le véritable nom du produit utilisé dans le traitement des rides). Les femmes démarrent en général vers 35 ans (« en France aussi, depuis 2 ou 3 ans, on s’y met assez tôt » commente le Dr Thierry Michaud, dermatologue), pour traiter la patte d’oie, les rides du lion entre les sourcils ou de fines rides sur le front. « Ici, tout le monde fait des injections de toxine botulique, mais ça ne doit pas se voir. Et personne ne parle de ce qu’il fait même si personne n’est dupe. C’est plutôt : « Oh, que tu as bonne mine, ma chérie, tu reviens de vacances ? » rapporte le Dr Hale. Mais depuis environ deux ans, de plus en plus de très jeunes (25 ans) viennent aussi consulter, influencées par leurs mères. En France, l’idée d’intervenir sur quelque chose qui ne se voit pas a du mal à passer. Mais aux Etats-Unis, on vous l’a dit : les réflexes sont différents ! On agit à titre préventif, une fois encore. De fait, si on détend les muscles, les rides ne se forment pas (à méditer). « Dans ce cas précis, j’injecte très peu de produit et de façon plus espacée. Une piqûre deux fois par an au lieu trois. Il est important que ces jeunes femmes conservent toutes les expressions de leur visage » rassure le Dr Hale.
Les patientes arrivent aux injections d’acide hyaluronique, plus tardivement, vers 40 ans. « Là, le travail est plus délicat. Il faut avoir la main légère pour être sûre d’obtenir un joli résultat. Malheureusement, je dois avouer qu’on croise à New York pas mal de pommettes surgonflées. Et chez les jeunes, qui sont très influencées par les People, c’est la même chose au niveau de la bouche ! Mais on ne leur dit pas que les lèvres à la Kardashian, ça ne va à personne ?? » s’interroge notre dermato. Les hommes consultent aussi fréquemment, à la cinquantaine, pour des injections des pommettes. « L’idée n’est pas de les gonfler mais de compenser la fonte graisseuse qui survient avec le temps et qui a tendance à creuser les visages » rassure notre spécialiste. Ouf ! On pense à notre Marcel … Serait-il en phase avec cette idée ? On en doute !
Lorsque les signes de vieillissement deviennent plus importants (rides, peau atone, taches brunes, etc), le laser C02 fractionné ablatif (une abrasion en pointillé de la peau qui permet une récupération plus rapide qu’avec un laser traditionnel) est proposé. « Je préconise une séance par an à partir de 40 ans» indique notre dermatologue.
Et pour le relâchement de la peau, kéfonfé aux pays de l’Oncle Sam ?
Le Thermage (une radiofréquence monopolaire, peu utilisée en France car ruineuse. « On lui préfère la radiofréquence multipolaire » nous indique le Dr Thierry Michaud, dermatologue) et l’Ulthera (ultrasons microfocalisés) sont les deux traitements les plus courants aux Etats-Unis. Les deux appareils utilisent la chaleur pour stimuler profondément les tissus, booster la production de collagène et permettre une remise en tension de la peau. « Personnellement, j’utilise le Thermage, pour la ligne mandibulaire, le cou, les paupières. Les fils tenseurs sont aussi très populaires mais je ne les pratique pas » indique notre médecin.
Et comme traitements amincissants, what’s hip ?
Le Bodycontouring fait un moins recette qu’à Miami, où l’on vit plus dénudé. Néanmoins, la cryolipolyse (traitement des cellules graisseuses par le froid) et le SculpSure (laser qui détruit les cellules graisseuses par la chaleur) sont deux traitements courants. Le Dr Hale est plus familière de ce dernier (encore peu répandu en France car l’équipement est très onéreux). « Je trouve que cela fonctionne très bien, notamment sur le ventre et les cuisses, avec un bel effet de remise en tension des tissus relâchés » rapporte t-elle. « J’utilise aussi le Kybella, une série d’injections d’acide desoxycholique qui permettent de dissoudre les graisses au niveau du double menton. Le traitement est safe, les résultats satisfaisantss, mais les suites sont importantes : un bon gonflement de la zone traitée pendant plusieurs jours ». En France, le produit (qui s’appellera Belkyra) attend toujours son AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pour être utilisé par les médecins.
En résumé, les traitements esthétiques à New York sont assez conformes à ceux que l’on pratique en France, mais le pouvoir d’achat des Américaines étant supérieur au nôtre (bah oui, faut bien l’avouer …), les femmes n’hésitent pas à s’offrir plus de choses. Elles démarrent également plus jeunes, avec toute une panoplie de soins, légers et sans suites mais qu’elles doivent renouveler souvent. « Leur approche des soins est plus progressive » conclut le Dr Jean-Michel Mazer, dermatologue. «Nous, en France, on est plutôt adepte du traitement efficace immédiatement ». So, ready to start ?
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